Dans le froid intense de l’Arctique, le Canada prépare sa défense

Par Epoch Times avec AFP
12 avril 2025 14:05 Mis à jour: 12 avril 2025 14:14

Poser son hélicoptère sur un lac gelé du Grand Nord canadien demande au capitaine Jonathan Vokey une concentration maximale. Autour, tout est aveuglément blanc, et en s’approchant du sol, l’appareil soulève une grande quantité de neige rendant la visibilité encore plus ardue.

Un hélicoptère Chinook de l’armée canadienne effectue un largage de matériel aux Rangers canadiens qui participent à la construction d’une piste d’atterrissage pour avions à skis sur le lac Parsons lors de l’opération Nanook, l’opération annuelle d’entraînement et de souveraineté des Forces armées canadiennes dans l’Arctique, près d’Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, le 1er mars 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

Piloter dans l’hiver arctique n’a rien de simple

Ce capitaine de la Force aérienne, qui participe à un exercice visant à préparer les troupes canadiennes à opérer dans l’extrême nord du pays, n’est pourtant pas un novice. Mais piloter dans l’hiver arctique pour la première fois n’a rien de simple.

« Ailleurs, grâce aux arbres, vous avez une idée de la hauteur, de la distance à laquelle vous êtes du sol. Mais quand il n’y a pas d’arbres ou de végétation, c’est impossible donc c’est un défi », raconte le pilote aux yeux bleus perçants.

L’autoroute Dempster est vue depuis la fenêtre d’un hélicoptère CH-147F Chinook alors que l’équipage effectue un largage de matériel aux Rangers canadiens qui construisent une piste d’atterrissage pour les avions à skis sur le lac Parsons pendant l’opération Nanook, le 1er mars 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

« Et opérer dans le froid, c’est dur pour le corps, mais cela peut aussi être difficile pour l’avion », ajoute Jonathan Vokey.

Le capitaine Jonathan Vokey marche sur le tarmac après l’atterrissage de son hélicoptère Chinook, le 1er mars 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

Ici, chaque déplacement doit être longuement préparé: l’Arctique est devenu un enjeu militaire, économique, géostratégique et donc, une zone qui attire. Mais même avec le réchauffement climatique, évoluer dans cet environnement reste un défi.

L’instructeur Jimmy Davison aide les Rangers canadiens, le père et le fils Gerard et Aaron Maktar de Whale Cove, à éloigner leur matériel d’un hélicoptère Chinook, près de l’aéroport d’Inuvik pendant l’opération Nanook, 1er mars 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

Affirmer la présence canadienne

Ce déploiement – appelé opération Nanook, qui signifie « ours polaire » en langue inuite et que l’AFP a pu suivre fin février, permet donc à l’armée canadienne de tester les équipements mais aussi la résistance humaine dans des conditions extrêmes.

Un ours polaire empaillé se trouve à l’aéroport alors que des soldats canadiens sont informés de leur arrivée pour l’opération Nanook, l’opération annuelle d’entraînement et de souveraineté des Forces armées canadiennes dans l’Arctique, à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, le 1er mars 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

L’objectif est aussi d’affirmer la présence canadienne : devant la montée des tensions dans une zone qui représente 40% de son territoire, le pays a en effet décidé de renforcer sa présence militaire et diplomatique.

Le brigadier-général canadien Daniel Rivière, commandant de la Force opérationnelle interarmées (Nord), montre la proximité entre l’Arctique canadien et les autres nations nordiques à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, le 23 janvier 2025. SEBASTIEN ST-JEAN/AFP via Getty Images)

C’est le premier déploiement dans la zone pour Cassidy Lambert, caporale réserviste d’infanterie qui a été formée pour affronter des conditions extrêmes.

C’est « l’environnement le plus imprévisible que nous ayons »

« La toundra arctique est probablement l’environnement le plus imprévisible que nous ayons », raconte la jeune soldate originaire de Terre-Neuve, dans l’est du pays.

Des soldats canadiens de la 5e division canadienne établissent un camp pendant l’opération Nanook, l’opération annuelle d’entraînement et de souveraineté des Forces armées canadiennes dans l’Arctique, à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, le 2 mars 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

« Il faut tout le temps être prudent » et se poser les bonnes questions avant tout mouvement. « S’agit-il de terre ou de glace recouverte de neige? Quelle est l’épaisseur réelle de cette glace? »…

Il est difficile d’imaginer que cette toundra inhospitalière, à 200 km au nord du cercle polaire arctique, puisse devenir une nouvelle ligne de front.

Le Groenland trop convoité

Mais l’accessibilité accrue liée au changement climatique, la présence russe renforcée et la nouvelle rhétorique expansionniste du président américain Donald Trump, qui convoite notamment le Groenland, placent cette région autrefois délaissée plus haut dans les priorités militaires.

Des soldats canadiens sécurisent les pales du rotor d’un hélicoptère CH-147F Chinook pendant l’opération Nanook, l’opération annuelle d’entraînement et de souveraineté des Forces armées canadiennes dans l’Arctique, à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, le 1er mars 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

« Il est plus facile aujourd’hui que jamais d’accéder au Nord »

« L’Arctique, vous savez, c’est une partie du Canada et de la défense nord-américaine », explique le colonel Darren Turner, à la tête de l’opération Nanook.

Or « il est plus facile aujourd’hui que jamais d’accéder au Nord. Et je dirais que cela va changer encore plus radicalement au cours des 10 ou 20 prochaines années. »

Sur le terrain, les troupes doivent aussi tester les équipements de plongée sous la glace ou les drones. Parmi les exercices: repérer des ennemis cachés dans ce paysage plat et blanc.

Des équipes de l’armée et de la marine canadiennes regardent une équipe de plongeurs belges plonger dans des eaux glaciales lors de l’opération Nanook, l’opération annuelle d’entraînement et de souveraineté des forces armées canadiennes dans l’Arctique, à Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, le 28 février 2025. (COLE BURSTON/AFP via Getty Images)

« Les signatures thermiques sont beaucoup plus difficiles à lire, car tout est si froid », explique un matelot de première classe, dont l’identité est gardée secrète, tandis qu’il pilote un drone.

« La neige est un très bon isolant, et nous avons constaté que si vous vous couvrez de neige, il est assez difficile de vous détecter à l’aide de l’imagerie infrarouge. »

« La sécurisation du Canada était une priorité stratégique absolue »

Peu après ces manœuvres, depuis Iqaluit dans le grand Nord, le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a expliqué mi-mars que « la sécurisation du Canada était une priorité stratégique absolue » pour le pays qui doit « en faire davantage ».

Le Premier ministre canadien Mark Carney s’exprime lors d’une conférence de presse après la réunion des premiers ministres à Ottawa, Canada, le 21 mars 2025. (DAVE CHAN/AFP via Getty Images)

Lors de la première présidence de Trump, les États-Unis ont explicitement défié la souveraineté du Canada sur le passage du Nord-Ouest, faisant valoir que cette voie maritime s’agissait d’un détroit international, qui doit donc rester ouvert à tout navire, sans restriction.

Mark Carney a redit en mars que le passage faisait partie des « eaux souveraines » canadiennes.

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