OPINIONS

375.000 dollars versés à une experte de l’ONU: une corruption légalisée

La Chine a versé la majeure partie de cet argent
mai 27, 2022 17:04, Last Updated: mai 27, 2022 22:40
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Les principes des Nations unies ont été inspirants en 1941, lorsque le président américain et le Premier ministre britannique se sont rencontrés sur des navires de guerre dans l’Atlantique Nord pour les mettre sur papier. L’ONU, qui en est issue, est devenue aujourd’hui une organisation corrompue jusqu’au fond.

Non pas à cause des principes originaux de la Charte de l’Atlantique, signée par Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill. Mais parce que les Nations unies et les États membres ne les respectent pas.

Les pires violeurs de ces principes, tous les pays autoritaires, font tout ce qui est en leur pouvoir pour subvertir les idées contenues dans la Charte de l’Atlantique, notamment en profitant de la cupidité humaine par le biais de la corruption.

La preuve en est les 375.000 dollars versés par la Chine, la Russie et le Qatar pour qu’une soi disant « experte indépendante » de l’ONU s’oppose aux sanctions des pays occidentaux imposées aux auteurs des pires violations des droits de l’homme. Ces pays corrompus et corrupteurs, dont l’un commet un génocide et l’autre envahit une démocratie voisine, sont manifestement partiaux sur la question des droits de l’homme et de l’intégrité territoriale, tout comme leur experte rémunérée, la Biélorusse Alena Douhan.

Pourtant, cette experte représente les Nations unies auprès du monde entier sur la question des sanctions – elle influence ainsi l’opinion publique mondiale afin qu’elle se montre indulgente à l’égard des violations des droits de l’homme et des agressions territoriales. Sous le couvert des Nations unies, cette experte agit précisément à l’encontre des principes fondamentaux de l’ONU. À l’ombre de l’Allemagne nazie, ceux-ci étaient destinés à garantir que les atrocités de la Seconde Guerre mondiale ne se reproduisent jamais.

Selon les dossiers étudiés par UN Watch et le Hong Kong Free Press, les honoraires de Mme Douhan se composent de 200.000 dollars versés par la Chine, 150.000 dollars par la Russie et 25.000 dollars par le Qatar.

Plus encore. Alena Douhan est professeur en Biélorussie, un pays totalitaire si peu libre et si étroitement allié à la Russie – ce « partenaire stratégique » de la Chine – que Vladimir Poutine a même lancé une partie de son attaque contre l’Ukraine depuis le territoire biélorusse.

Bien que Mme Douhan n’ait pas répondu à une demande de commentaires, il y a beaucoup de critiques sur la corruption légalisée de cette experte « indépendante » de l’ONU.

Le Dr Hillel Neuer, un militant canadien des droits de l’homme qui dirige UN Watch, a écrit dans un communiqué : « Il est hallucinant qu’une experte des droits de l’homme, prétendument indépendante, puisse accepter de l’argent de régimes et, en même temps, avaliser leurs présentations destinées à dissimuler les atrocités. »

Le Dr Teng Biao, avocat spécialiste des droits de l’homme, a réagi sur Twitter : « Honte à Alena Douhan. Cette rapporteuse spéciale de l’ONU a reçu 200.000 dollars de la Chine et a aidé le Parti communiste chinois à blanchir le génocide des Ouïghours et à diffuser sa propagande. »

Des Ouïghours et des Tibétains manifestent contre leur répression par le régime chinois devant les bureaux des Nations unies à Genève, le 6 novembre 2018. (Fabrice Coffrini/AFP/Getty Images)

Au cours de son travail à l’ONU, Mme Douhan a également contribué, avec un tampon d’approbation de l’ONU, à la victoire de la propagande d’autres régimes dictatoriaux – ceux de l’Iran, de la Syrie, du Venezuela et de Cuba.

Tous ces pays veulent pouvoir violer à volonté les principes de l’ONU, sans craindre de répercussions économiques dans leurs échanges avec les pays démocratiques.

Si la Chine, en particulier, peut faire en sorte que les sanctions unilatérales occidentales soient considérées comme illégales en vertu du droit international, cela faciliterait la réalisation de la stratégie de l’hégémonie mondiale de Pékin.

Les lois internationales contre les sanctions unilatérales affaibliraient notamment les deux démocraties les plus puissantes du monde – les États-Unis et l’Union européenne qui sont toujours les deux plus grandes économies mondiales pour ce qui est du PIB. Leur capacité à dissuader les violations des droits de l’homme et à protéger l’intégrité territoriale de manière pacifique et économique serait compromise, ce qui augmenterait non seulement le risque de violations de l’intégrité territoriale de différents pays, mais aussi la probabilité qu’elles dégénèrent plus rapidement en conflit militaire.

La conception originale des Nations unies par Roosevelt et Churchill, qui consistait à familiariser les pays autoritaires avec la gouvernance démocratique, notamment par le biais de leur signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies de 1948, a formalisé le droit des citoyens du monde entier à des élections libres et équitables. C’était un pari audacieux et noble à l’époque.

Toutefois, la Russie soviétique et la Chine communiste ont rapidement et clairement montré qu’elles n’avaient aucune intention de se démocratiser et qu’elles ne respectaient pas les principes des Nations unies auxquels elles avaient solennellement souscrit. La Russie et la Chine ont rejoint l’ONU non pas en raison d’un accord sincère avec ses principes, mais pour gagner du temps dans leurs confrontations avec les pays démocratiques. Ces deux dictatures tentent de faire passer les Nations unies d’un outil de démocratie et de paix internationale à un outil de leur pouvoir non libéral.

La corruption d’Alena Douhan est donc un symptôme du problème plutôt que le problème lui-même. Le problème plus profond est le fait que nous continuons à permettre à des dictatures qui violent les principes fondamentaux des Nations unies de rester au sein de cette organisation. Au contraire, elles devraient être éjectées, et on devrait commencer par leur représentant le plus puissant : la Chine communiste. Cela serait un exemple pour les autres qui, on peut encore l’espérer, s’amélioreraient en conséquence.

Dr Anders Corr est directeur de Corr Analytics Inc., éditeur du Journal of Political Risk. Il a effectué des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie et il est l’auteur de The Concentration of Power (2021), de No Trespassing et a édité Great Powers, Grand Strategies.

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