Des annonces pour La Réunion, et quelques manifestants munis de casseroles tenus à distance par un imposant dispositif de sécurité : Élisabeth Borne a entamé jeudi sa première visite outre-mer, trois jours à La Réunion visant encore et toujours à tourner la page de la réforme des retraites.
Pour cette première incursion ultramarine près d’un an après son arrivée à Matignon, l’objectif est limpide : aborder des sujets de « vie quotidienne », y apporter des solutions « concrètes », et démontrer que l’exécutif sait travailler avec les élus locaux, toutes tendances confondues, « dans l’intérêt général », loin des négociations insolubles à l’Assemblée nationale.
Près d’un milliard pour La Réunion
La Première ministre a annoncé un soutien de l’État à hauteur de 30 millions d’euros, s’attirant les « sincères remerciements » du président du département, Cyrille Melchior. Rebelote une heure plus tard au Conseil régional, avec les « belles annonces » saluées par la présidente Huguette Bello, une proche de Jean-Luc Mélenchon : poursuite en 2024 du plan d’investissement dans les compétences pour les demandeurs d’emploi, et 60 millions d’euros pour soutenir un lycée des métiers de la mer, et un projet sur le tourisme vert.
À Salazie, une des communes les plus pauvres de La Réunion, Mme Borne a également inauguré une maison France Service. Elle s’est ensuite entretenue avec des élus et des habitants. De nombreux sujets – désenclavement, logement, agriculture, transports publics scolaires – ont été évoqués au cours d’une heure d’échanges polis.
La Première ministre prête à entendre ?
Les opposants et leurs casseroles sont maintenus à bonne distance. Un dispositif de sécurité digne d’un siège entourait le Conseil départemental, pour une trentaine de manifestants. Devant la préfecture, où Mme Borne s’est rendue en début de soirée, une vingtaine de personnes munies de casseroles et de cornes de brume ont été repoussées sans heurts par les forces de l’ordre.
« On a combattu pendant trois mois cette réforme des retraites non seulement pare qu’elle est injuste, mais aussi parce qu’ici à La Réunion, la pauvreté, la misère, les bas salaires, le mal-logement sont légion. Et ne pas entendre la parole de la population est injuste et indigne », a déclaré, parmi eux, Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU.
« Je suis à la disposition de l’intersyndicale si elle souhaite qu’on puisse parler. S’il s’agit de taper sur des casseroles, ce n’est pas très constructif », a déclaré la Première ministre, balayant les critiques d’un déplacement sous cloche.
Élisabeth Borne flanquée de quatre ministres
Entre cérémonies et entretiens officiels, séquences dédiées à l’écologie, au logement, à l’emploi ou à l’agriculture, un intense programme continuera de rythmer la visite de Mme Borne, accompagnée de quatre ministres : Christophe Béchu (Transition écologique), Marc Fesneau (Agriculture), Olivier Klein (Logement) et Jean-François Carenco (Outre-mer).
Vendredi, elle rencontrera notamment le groupe de dialogue interreligieux de La Réunion. Une partie de la journée sera ensuite consacrée au RSA et au projet « France Travail », bientôt à l’Assemblée, dont La Réunion est un des départements expérimentateurs. Quelque 230.000 des 860.000 habitants de La Réunion perçoivent le RSA.
Une feuille de route imposante et mouvante
Sans majorité absolue à l’Assemblée, fragilisée par l’utilisation du 49.3 sur les retraites, Élisabeth Borne affronte une équation politique des plus incertaines, nantie d’une nouvelle feuille de route gouvernementale imposante et mouvante –l’exécutif a une nouvelle fois changé de calendrier sur le volet immigration – et d’une clause de revoyure présidentielle fixée au 14 juillet.
C’est cette feuille de route, qui s’étend au delà des « cent jours » décrétés par le chef de l’État, que Mme Borne exposera à La Réunion. En amont d’un Comité interministériel sur l’outre-mer prévu « dans les prochaines semaines », selon Matignon.
En revanche, selon Matignon, pas d’incursion prévue à Mayotte où se poursuit l’opération « Wuambushu » menée par les autorités françaises pour déloger des bidonvilles des sans-papiers, en grande majorité venus des îles voisines des Comores.
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