Attendue depuis un an, la liste des dizaines de métiers en tension en France, base de référence pour accorder des titres de séjour aux travailleurs immigrés sans papiers, a été transmise vendredi par le gouvernement aux partenaires sociaux.
Ce registre, qui regroupe quelque 80 professions, déclinées selon les différentes régions de métropole, était censé incarner le volet social de la loi immigration de janvier 2024 portée par l’ex-ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
« L’instabilité gouvernementale n’a pas permis d’avancer comme nous l’aurions voulu », avait commenté la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, auditionnée le 12 février par des députés. De fait, ce relevé très attendu aura mis plus d’un an à être élaboré. La dernière version date de 2021, sur la base de données de 2008.
« Concertations avec les différentes fédérations professionnelles par région »
La nouvelle mouture a été adressée vendredi par le gouvernement aux partenaires sociaux, avant « une dernière consultation nationale », a expliqué Mme Panosyan-Bouvet sur France Info.
Organisations syndicales et patronales doivent en débattre la semaine prochaine avant publication au Journal officiel.
Ce registre, issu « des concertations avec les différentes fédérations professionnelles par région », montre que les métiers concernés par des tensions de recrutement « peuvent aussi être différents en fonction des régions et des départements », a souligné Mme Panosyan-Bouvet.
Ainsi, seule la région Normandie manque de géomètres, tandis que sept régions sur treize recherchent des bouchers. Les « agriculteurs salariés », « aides à domicile et aides ménagères », « aides de cuisine », « cuisiniers », « employés de maison et personnels de ménage », « maraîchers/horticulteurs salariés », ainsi que les employés de l’hôtellerie et du secteur du bâtiment sont eux recherchés partout.
Les trois régions qui présentent le plus de professions en tension sont les régions Île-de-France (41 métiers), Provence-Alpes-Côte-d’Azur (39) et Auvergne-Rhône-Alpes (37 métiers).
Régularisations par le travail recentrées sur les métiers en tension
En janvier, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait adressé une nouvelle circulaire aux préfets prévoyant notamment que les régularisations exceptionnelles par le travail soient désormais recentrées sur les métiers en tension.
Syndicats, patronat et associations attendent aussi depuis plusieurs mois cette liste, espérant qu’elle permette de simplifier les régularisations. Mais pour Gérard Ré, secrétaire confédéral chargé des migrants à la CGT, cette liste « ne répond pas aux attentes ». Elle « laisse assez peu de capacités de régulariser les travailleurs immigrés quand on y inscrit des métiers comme ‘ingénieurs’ ou ‘géomètres’ », raille-t-il auprès de l’AFP.
Pour Michel Beaugas, cadre de Force ouvrière, « cette liste n’est qu’une liste de métiers pénibles à part ‘géomètres’ ». Il plaide pour que « les conditions de salaire et de travail » soient également abordées.
En janvier, la principale organisation professionnelle dans l’hôtellerie et la restauration, l’Umih, avait rappelé les difficultés du secteur à recruter. Elle avait « souhaité que la nouvelle circulaire (Retailleau, ndlr) ne durcisse pas les conditions de régularisation et d’accès à l’emploi pour les ressortissants étrangers déjà présents » en France « et désireux de travailler dans (ses) métiers ».
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