Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH) est une coalition internationale de médecins luttant contre les prélèvements d’organes forcés dans le monde. Son directeur, le docteur Torsten Trey, a sorti l’année dernière avec Davis Matas, avocat international, le livre Organes de l’État dans lequel sont exposés les crimes de prélèvements d’organes organisés effectués à l’échelle nationale en Chine. Contacté par Epoch Times, le docteur Harold King, représentant de DAFOH en France, s’exprime sur les avancements actuels et sur la progression de la prise de conscience sur ce sujet dans notre société.
Epoch Times: Bonjour Dr. King, vous êtes le représentant de l’Association DAFOH en France. Pourriez-vous nous décrire les dernières avancées de DAFOH à ce jour?
Dr. Harold King: Aujourd’hui il y a de plus en plus de parlementaires et de médecins qui manifestent contre les prélèvements d’organe en Chine. L’évènement le plus marquant était en décembre de l’année dernière, quand le Parlement Européen a écrit une résolution contre le prélèvement d’organe, en citant pour la première fois les pratiquants de Falun Gong. Depuis cette date, nous avons aussi remis au Haut-Commissaire des Droits de l’Homme, au Bureau des Nations Unies, une pétition rassemblant 1,5 million de signatures. Nous avons longuement parlé avec l’équipe de ce bureau, mais malheureusement, il n’y a pas eu d’avancées à ce niveau-là. Donc au niveau politique, c’est vrai que c’est très calme. Cependant, les gouvernements aussi bien que les grandes institutions comme l’ONU, l’Organisation Mondiale de la Santé, l’Association Médicale Mondiale réfléchissent profondément à ce sujet, et celui-ci est de plus en plus discuté dans le monde entier.
Quelles sont les différentes mesures ou propositions de loi adoptées par les gouvernements sur ce sujet?
Les pays sont dans des situations différentes. Israël, le premier, a carrément modifié ses lois de bioéthiques pour limiter les possibilités que les Israéliens avaient pour se rendre à l’étranger afin d’y recevoir des transplantations, et en même temps, ils ont interdit la vente et les achats d’organes pour éliminer le commerce et les intermédiaires. Plus récemment, il y a la Malaisie, qui a interdit le mouvement de ces patients en besoin de greffe vers la Chine, en arrêtant la prise en charge par la sécurité sociale malaisienne du remboursement des médicaments anti-rejets. Cela a fortement réduit le nombre de patients partant se faire greffer, car ce traitement est très onéreux (environ 5.000 euros par mois), et devient vite problématique. A Taïwan, ils ont interdit le fait que les médecins chinois puissent se rendre à la recherche de patients. Auparavant, ces médecins se plantaient dans les hôpitaux, devant les centres de dialyses, et proposaient directement au patient de se rendre en Chine pour se faire greffer, au lieu d’attendre des mois et des années dans un centre de dialyse – moyennant argent, bien sûr.
Les USA ont aussi manifesté d’une façon très importante : dans leur dossier de demande de visa pour aller aux États Unis en tant que touriste, le DS-160, ils ont rajouté la question «Avez-vous participé aux prélèvements d’organes forcés?», qui figure à côté des questions habituelles «Est-ce que vous voulez tuer le président des Etats Unis?», «Êtes- vous un terroriste?». Dès que l’administration s’aperçoit qu’une personne a menti au formulaire, celle-ci va directement en prison. Cette question vise essentiellement les nombreux hauts fonctionnaires chinois qui se rendent aux États Unis. Cela a eu beaucoup d’impact. Le Congrès Américain a également déposé une proposition, la H281, qui est toujours actuellement en relecture au sein du congrès; celle-ci faisait suite à un grand nombre de personne qui ont signé une pétition destinée au président américain.
Le Canada, en 2007, a fait une proposition similaire, la c500, qui n’avait pas été acceptée à l’époque. Récemment, un député, monsieur Irwin Cotler, veut représenter une nouvelle loi, et a demandé à ce que le gouvernement chinois soit exclu de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies. Car si un pays viole la loi, il doit quitter cette institution. Par définition, le gouvernement chinois ne peut donc y siéger.
L’Australie a beaucoup bougé, un parlementaire, monsieur David Shoebridge, de la Nouvelle Galles du Sud, a fait voter une loi pour interdire le tourisme de transplantation en Chine, car il n’existait pas de loi extraterritoriale. Le Sénat australien l’a également voté de façon unanime.
En 2010, l’Espagne a changé sa loi pour arrêter le tourisme de transplantation. C’est le pays qui a le plus grand nombre de donateurs d’organe (mais non de transplantation), et le directeur de l’Agence de Biomédecine espagnole lutte vigoureusement contre toutes formes d’abus. Et c’est aussi le seul pays à avoir attaqué un patient étant allé se faire greffer en Chine. L’Italie également a déposé une proposition similaire, qui a été adoptée à l’unanimité.
En France, depuis 2010, dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, Mme Boyer (députée UMP des Bouches du Rhône) a proposé un amendement pour combler le vide technique existant dans la loi française, permettant aux patients de se faire greffer dans d’autres pays du monde. Pourtant, la loi française interdit la vente et l’achat d’organes et de parties du corps, et ce même à l’étranger.
On voit qu’ici, en France la loi intramuros est très bien protégée, mais il y a une faille éthique dès que l’on va à l’extérieur. Il y a notamment des chirurgiens français allant enseigner les techniques de transplantations aux hôpitaux chinois. M. Kilgour disait «Cela ressemble à l’Allemagne nazie», citant l’époque où des médecins français étaient partis dans les camps de concentration pour apprendre aux médecins comment faire des expériences, etc…
Il y a effectivement une participation. En même temps, il faut comprendre que la médecine a pu se développer grâce aux échanges, notamment lors des congrès autour du monde, et a pu faire avancer la médecine au niveau mondial, et au niveau des pays les moins développés. La médecine est pour le bien de tous, et on ne peut pas empêcher les médecins de se parler.
Le chemin naturel qui s’est développé dans le monde entier, pour DAFOH, c’est d’avoir pu développer une coalition internationale de parlementaires qui sont eux aussi dégouté par ce crime contre l’humanité, et qui veulent arrêter cela le plus rapidement possible. En étant informés sur ce qui se passe actuellement en Chine, les parlementaires du monde entier ont décidés de se mettre ensemble pour continuer à expliquer à leur propre gouvernement et aux autres pays que ces prélèvements, au 21ème siècle, sont inacceptables, et que la communauté internationale doit tout faire pour arrêter ce commerce.
Mm Boyer a acceptée de faire partie de PAFOH (Parlementaires contre les prélèvements forcés d’organes), et a également exprimé son souhait de créer un groupe d’étude au sein de l’Assemblée.
La création d’un groupe d’étude, c’est aussi pour que le gouvernement français se penche et traite ces questions: «qu’est-ce que le prélèvement forcé d’organes?», «quelles sont les implications au niveau éthique pour la France et pour le monde entier?». Cela pourrait également, plus tard, être recopié dans d’autres pays. Car actuellement, l’existence d’un réseau chinois souterrain implique le monde entier. Non seulement les médecins du monde peuvent envoyer des patients en Chine, mais les dégâts de ces transplantations effectuées quelques fois à la va-vite font que les pays d’origine des patients doivent s’occuper de patients qui ont parfois été mal soignés, abusés, qui ont perdu beaucoup d’argent et qui ne sont pas forcément au courant des risques physiques, médicaux, aussi bien que des risques juridiques. Parce qu’en France, un français est quand même condamnable à 7 ans de prison et à 150.000 euros d’amende pour s’être fait greffer dans un autre pays de façon non éthique.
En France, Mme Boyer, dans la continuité de sa proposition de loi, a décidé de créer un groupe d’étude pour que la France prenne en compte et réfléchisse sur ce sujet. Cela va être un groupe se concentrant pas seulement sur la Chine, mais toutes les formes de prélèvements d’organes abusifs, car malheureusement, dès qu’il y a commercialisation d’organe, il y a automatiquement quelqu’un qui va en abuser une autre, que ce soit consciemment – comme les mafieux qui volent des organes ou des ovocytes à des femmes, mais cela peut aussi être inconsciemment une famille qui va pousser quelqu’un à vendre un de ses organes, parce qu’ils ont besoin d’argent où sont dans une sale situation, ou qu’ils pensent que c’est une bonne idée… C’est tout de suite ouvert aux abus; ces derniers ont toujours été discuté au sein du Comité Consultatif National d’Ethique, mais aujourd’hui, il faut prendre conscience que ces abus se font, qu’ils existent. Est-ce qu’on peut garder les yeux fermés sur ce qui se passe autour de nous, dans les autres pays, simplement en se disant «chez nous, tout va bien». On ne peut pas passer à côté de certaines choses, ce n’est plus dans l’idée de la globalisation de fermer les yeux sur ce qui se passe ailleurs, et d’être tout à fait interventionnistes dans d’autres sujets.
Est-ce un problème de loi?
Non, le problème réside dans l’application de la loi. Parce que personne ne surveille les patients allant à l’étranger pour se faire greffer.
Celle-ci concerne patients et médecins, mais il peut exister des failles sur d’autres niveaux, par exemple dans les partenariats entre hôpitaux français et chinois…
Effectivement, et il y a aussi les agences de voyages, les sites internet qui promulguent le trafic d’organe… tout cela est la globalisation de la marchandisation du corps humain. Pour les français, en tout cas, cela n’est pas acceptable, car le corps est indivisible et ne doit pas être pris comme une marchandise.Il faut comprendre que c’est très différents des situations où une personne de la famille fait don d’un de ses organes, sans que cela entraîne sa mort. Quand un gouvernement organise un mécanisme, un système impliquant les médecins, les militaires, la police, les centres de détentions, les hôpitaux militaires et publics, c’est une grosse organisation qui demande une véritable volonté, un financement très important – parce qu’en chirurgie, le maintien en vie de la personne est très coûteux – , cela montre bien qu’il y a un but, un objectif à atteindre, et que tous les moyens sont mis à disposition à cet effet. Le gouvernement chinois est encore le seul gouvernement au monde qui dépend totalement des organes de prisonniers condamnés et exécutés, dont une très grande partie des prisonniers de conscience (tibétains, ouïgours, pratiquants de Falun Gong).
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