Les rétributions karmiques ont un goût amer pour ceux qui en passent par là, mais pas pour ceux qui en sont témoins. Nous connaissons tous des histoires ou des films qui mettent en scène une personne égoïste – un tyran, un voleur, une brute – qui profite injustement des autres et qui finit par devoir en payer le prix.
Si les intrigues karmiques font chaud au cœur dans les mélodrames, on les observe hélas rarement dans les relations internationales. Raison pour laquelle les récents dénouements dans les relations sino-australiennes sont si encourageantes.
L’histoire commence dix ans avant la pandémie de 2020. À l’époque, les relations commerciales entre la Chine et l’Australie étaient très bonnes, et la relation commerciale était considérée comme coulant de source. L’Australie possède de forts secteurs agricole et minier, et la Chine a besoin de ce que l’Australie a à vendre. Le charbon et le minerai de fer australiens étaient parfaits pour l’industrie sidérurgique chinoise en plein essor; le coton australien alimentait une industrie textile chinoise en plein essor; le vin australien plaisait à des ménages chinois de plus en plus riches. En retour, les Australiens appréciaient les produits de fabrication chinoise, les jouets, les smartphones, et les ordinateurs notamment.
En 2020, ces relations avaient une importance considérable pour l’Australie. Le marché chinois représentait près de la moitié des exportations australiennes. On pouvait donc dire à l’époque que l’économie australienne dépendait de la Chine.
En 2020, les relations se sont effondrées de façon brutale : le Premier ministre australien de l’époque, Scott Morrison, a demandé qu’une enquête internationale sur les origines du Covid-19 soit mise sur pied. Vexé et acculé, Pékin a demandé à ce que Canberra reviennent sur ses déclarations. Suivant le protocole habituel de commandement et de contrôle utilisé par Pékin, quand il s’agit de réguler son économie et gouverner son peuple, des ordres ont été donnés pour remettre Canberra à sa place, et des droits de douane exorbitants sur les importations australiennes, d’au moins 100 ou 200%, ont été mis en place. Les entreprises australiennes se sont soudain retrouvées dans une situation difficile, et ont rapidement dû se tourner vers de nouveaux marchés.
L’agriculture, le minerai de fer et le vin australiens, ont tous connu une reprise douloureuse et coûteuse. Selon Lee McLean, directeur général d’Australian Grape and Wine, l’association nationale du secteur vinicole, les gens « faisaient du porte à porte » pour trouver de nouveaux marchés et de nouveaux contrats.
Certes, dans les mois qui ont suivi, les entreprises australiennes ont subi des pertes, mais elles ont fini par trouver des alternatives aux acheteurs chinois. Le charbon et le minerai de fer australiens ont été livrés à l’Inde dont l’industrie sidérurgique est en plein essor; le coton australien a alimenté l’impressionnante industrie manufacturière du Vietnam, les producteurs de céréales ont exporté leurs récoltes dans d’autres régions du globe et ont même conclu des contrats lucratifs en Arabie saoudite, et les viticulteurs ont trouvé de nouveaux clients en Amérique du Nord et au Japon, si bien qu’aux dernières nouvelles, les exportations de vin vers la Chine sont tombées à 4,55 millions d’euros l’année dernière, bien loin du record de 700 millions d’euros atteint en 2020.
L’économie chinoise n’est en réalité pas aussi puissante que Pékin le pensait il y a trois ans. Avec la baisse de ses exportations vers l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon, la Chine souhaite nouer de nouvelles relations commerciales et raviver les autres.
Ainsi, en prévision d’une visite du Premier ministre australien Anthony Albanese, Pékin envisage d’assouplir ses droits de douane. Malheureusement, Albanese s’en réjouit, au grand dam de toutes les parties gouvernementales impliquées, et les entreprises australiennes n’en veulent pas. Les gens n’ont pas oublié les temps difficiles et n’ont pas digéré que la Chine leur coupe les vivres, et ils n’ont guère envie de revenir sur les nouvelles relations commerciales qu’ils ont signées, ni de retourner dans un pays aussi autoritaire.
Il ne fait aucun doute que le commerce entre l’Australie et la Chine continuera de se développer, surtout si Pékin assouplit effectivement ses droits de douane, car la Chine est un marché lucratif, et même le plus amer des hommes d’affaires australiens aura du mal à y résister. Toutefois, à moins que tous les dirigeants australiens ne souffrent de grave amnésie, ils ne retourneront pas en Chine de sitôt, et le niveau de dépendance relative de l’Australie à l’égard de la Chine appartient au passé.
Ce n’est pas la première fois que les tactiques d’intimidation de Pékin se retournent contre la Chine. Par exemple, en bloquant les Philippines de certaines zones de la mer de Chine méridionale, Pékin a poussé le gouvernement de Manille dans les bras des États-Unis.
Il est évident que les droits de douane chinois de 2020 ont contribué à ce que l’Australie décide de davantage coopérer avec les États-Unis et le Royaume-Uni en matière de défense. La réticence de Pékin à faire des compromis sur les questions commerciales a poussé les gouvernements américains et européens à ne plus être de simples spectateurs. Certains pourraient ainsi s’imaginer que Xi Jinping et ses acolytes du Parti communiste chinois vont mettre de l’eau dans leur vin, mais il n’en sera probablement rien.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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