La prise de Taïwan par le Parti communiste chinois (PCC) est une promesse que Xi Jinping a faite aux dirigeants du Parti en échange de son maintien à la tête du pays. Mais il semble de moins en moins probable qu’une telle invasion se produise.
Comme me l’ont rapporté des proches du Parti, en 2018, Xi Jinping a proposé de prendre Taïwan dans un délai de dix ans et d’utiliser la décennie suivante pour stabiliser son pouvoir. Il a demandé pour cela une modification de la constitution chinoise et la suppression de la limite des deux mandats. Il aurait donc techniquement besoin d’un troisième, voire d’un quatrième mandat pour atteindre un objectif que même le fondateur de la Chine communiste, Mao Zedong, n’a pu réaliser.
Mais l’année 2027 approche à grands pas, et la seconde présidence de Donald Trump complique les choses.
L’ancien professeur de droit de l’université de Pékin, Yuan Hongbing, m’a raconté que deux mois avant l’élection présidentielle américaine de novembre, les six membres de la Commission militaire chinoise, présidée par M. Xi, ont mis en place un groupe de réflexion ad hoc chargé de faire des prévisions sur le futur climat géopolitique. M. Yuan, qui vit aujourd’hui en Australie, buvait régulièrement des verres avec M. Xi dans les années 1980 et a gardé des relations de haut niveau au sein du Parti.
Selon lui, l’équipe prédisait une victoire de Donald Trump et savait que le président-élu agirait rapidement afin de négocier des cessez-le-feu au Moyen-Orient et en Ukraine. En réorientant les ressources militaires du pays, ils allaient se concentrer sur la région indo-pacifique.
Le groupe de réflexion a conclu que la « fenêtre d’opportunité » pour envahir Taïwan avant 2027 ne pouvait être que maintenant, et que le PCC devait « se préparer à une bataille décisive avec les États-Unis dans le détroit de Taïwan, une opportunité qui n’arrive qu’une fois par siècle », a-t-il ajouté.
Les spécialistes chinois ont peut-être donné à Xi Jinping la réponse qu’il attendait tant. Mais une fenêtre d’opportunité de deux ans sur Taïwan nécessite des circonstances favorables au PCC afin de détourner l’attention de l’administration Trump de l’Indo-Pacifique : par exemple une transition chaotique, des problèmes économiques pour les Américains ou de graves conflits entre les États-Unis et leurs alliés.
Or, jusqu’à présent, rien de tout cela ne s’est produit ni ne semble sur le point de se produire.
Jusqu’à présent, la période de transition a été pacifique. La Réserve fédérale américaine a géré l’inflation sans déclencher de récession, un scénario qui aurait été jugé comme préoccupant par M. Trump.
En outre, le président américain a déjà annoncé la teneur de sa politique étrangère. Le mois dernier, sous la médiation des États-Unis et de la France, Israël et le Hezbollah libanais soutenu par l’Iran ont conclu un accord de cessez-le-feu de 60 jours, atténuant ainsi un des fronts de la guerre au Moyen-Orient. M. Trump n’était pas directement impliqué, mais il s’en est attribué le mérite sur Truth Social en citant un article de presse selon lequel l’accord de trêve était un « résultat direct » de sa nouvelle administration. Il a également exigé le retour des otages israéliens avant le jour de son investiture, le 20 janvier, menaçant d’une action militaire historique si rien n’était fait.
En Europe, le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy ont indiqué qu’ils étaient prêts à travailler avec le président américain pour mettre fin à la guerre entre leurs pays.
Ainsi, la « fenêtre d’opportunité » de Xi Jinping se referme déjà, et il ne peut pas faire grand-chose pour la garder ouverte à moins de changer son approche sur Taïwan.
Peut-il changer d’approche ? C’est peu probable, son autorité au-delà de ses deux mandats reposant justement sur sa promesse de prendre Taïwan. Il peut difficilement se permettre de changer de projet et espérer rester au pouvoir.
Les dirigeants communistes précédents bénéficiaient d’une plus grande influence personnelle, et ont pu changer de cap sans perdre leur crédibilité ou leur pouvoir. Après avoir répété pendant des années que les États-Unis étaient un ennemi impérialiste, Mao a rencontré le président américain Richard Nixon. Deng Xiaoping, quant à lui, a ouvert ses portes aux capitaux occidentaux, que Mao qualifiait pourtant de « maléfiques ».
Xi Jinping ne dispose pas d’une telle marge de manœuvre, d’autant plus qu’il est actuellement confronté à une crise du pouvoir provoquée par la chute d’un proche, Miao Hua, membre de la Commission militaire centrale (CMC). Parmi les cadres communistes, le cas de M. Miao n’est plus isolé mais fait partie d’un schéma dans lequel M. Xi ne détient plus le contrôle absolu sur l’armée chinoise.
Le mois dernier, en marge du forum de coopération économique Asie-Pacifique au Pérou, Xi Jinping a partagé ses « lignes rouges » et ses interdits absolus avec Joe Biden, y compris sur la question de Taïwan.
Toutefois, selon Sun Tzu, le grand stratège militaire de la Chine ancienne, plus on énonce de « lignes rouges », plus on révèle ses faiblesses, car l’ennemi connaît les points sensibles de l’adversaire et les exploitera lors des négociations.
Dans le cas de Taïwan, les États-Unis connaissent déjà les paramètres géographiques de la guerre potentielle et le calendrier approximatif de M. Xi. Cela limite la capacité du PCC à s’emparer de Taïwan par surprise, et repousse à plus tard la question de savoir comment gérer l’occupation de l’île.
Ainsi, Xi Jinping ne dispose pas de marge de manœuvre pour modifier sa stratégie, et le temps ne joue pas en sa faveur.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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