Emmanuel Macron veut « ouvrir le débat stratégique » sur la protection de l’Europe par le parapluie nucléaire français, a-t-il déclaré mercredi sur fonds de rapprochement entre Moscou et Washington, précisant toutefois que la décision d’appuyer sur le bouton resterait « entre les mains » du président.
« Répondant à l’appel historique du futur chancelier allemand (Friedrich Merz), j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », a déclaré le chef de l’État lors d’une allocution télévisée.
Toutefois, « quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées », a-t-il indiqué, en réponse à des critiques de certains acteurs politiques français d’opposition.
Il répondait à M. Merz, qui a jugé nécessaire que le Vieux continent se prépare « au pire scénario » d’une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine.
M. Macron, à la tête d’une des deux puissances nucléaires en Europe avec le Royaume-uni, intervenait alors que la nouvelle administration Trump fait craindre un désengagement des États-Unis en Ukraine et une rupture historique de leur alliance avec les Européens.
Les différentes facettes de la « menace russe »
« La menace russe est là et touche les pays d’Europe, nous touche », a souligné le chef de l’Etat, rappelant que la Russie avait « déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial », « viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie » et « tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux ».
Pour Emmanuel Macron, « cette agressivité ne semble pas connaître de frontières » et face à cette situation, « rester spectateur serait une folie ».
Selon lui, « nous restons attachés à l’Otan et à notre partenariat avec les États-Unis (…) mais il nous faut faire plus (…). L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou ».
Toutes ces questions promettent d’être au cœur d’un sommet extraordinaire de l’Union européenne, jeudi à Bruxelles, qui vise selon la présidence française à démontrer que les Vingt-Sept « accélèrent » dans ce secteur.
Des obstacles à la dissuasion européenne
Le scénario d’une dissuasion européenne se heurte à de nombreux obstacles, dont l’autonomie de décision revendiquée par Paris. Depuis son origine, la dissuasion française repose en effet sur l’appréciation par un seul homme, le président de la République, d’une menace contre les intérêts vitaux du pays.
En février 2020, Emmanuel Macron avait mis en avant « la dimension authentiquement européenne » des intérêts vitaux français, non sans susciter des débats dans l’Hexagone.
Et en avril 2024, il s’était dit prêt à « ouvrir le débat » d’une défense européenne qui pourrait « inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine ».
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