On pense généralement que les bactéries intestinales sont étroitement liées à notre alimentation. Mais des recherches ont montré qu’une grande diversité de bactéries intestinales et la présence d’un grand nombre de bactéries bénéfiques sont également liées à l’exercice. Selon les experts en bactéries intestinales, faire correctement des exercices d’aérobie peut améliorer le microbiome intestinal.
Lorsqu’on sort de chez soi pour faire du jogging dans un parc, les bactéries intestinales peuvent déjà commencer à changer pour le mieux, même si on ne prend pas de probiotiques supplémentaires.
Des recherches menées par Jeffrey Woods, professeur de kinésiologie et de santé communautaire à l’université de l’Illinois, ont révélé que des habitudes d’exercice régulières, indépendamment du régime alimentaire ou d’autres facteurs, permettent d’avoir une flore intestinale plus diversifiée.
À la demande de chercheurs, un groupe de personnes habituellement sédentaires ont fait 30 à 60 minutes d’exercice aérobie trois fois par semaine pendant six semaines (séances de sport axées sur l’effort cardio‑vasculaire). L’intensité de l’exercice allait de modérée à élevée. Puis elles ont été autorisées à reprendre leur mode de vie sédentaire initial, également pendant six semaines.
Il s’est avéré qu’après six semaines d’exercice régulier, des changements étaient survenus dans la composition et la fonction du microbiome intestinal des participants. Le microbiome intestinal de nombreux participants contribuait à produire davantage d’acides gras à chaîne courte.
Ces acides gras fournissent des nutriments aux cellules intestinales, régulent la fonction de certaines cellules immunitaires et ont des propriétés anti‑inflammatoires, anti‑tumorales et antibactériennes. Ils jouent également un rôle physiologique important dans de nombreux organes, dont le cerveau.
Cependant, lorsque les participants ont repris un mode de vie sédentaire, leur microbiote intestinal actif est revenu à son état antérieur.
Pourquoi l’exercice physique affecte‑t‑il les bactéries intestinales ?
Le Dr Ting Chief Tsai, professeur titulaire à l’université nationale Yang Ming Chiao Tung, explique que les cellules épithéliales à la surface des intestins sont étroitement liées aux systèmes endocrinien et immunitaire, et que ces deux systèmes sécrètent des substances différentes.
Sous les cellules épithéliales se trouve le système circulatoire. Lorsque les gens font des exercices favorisant la circulation sanguine, le flux sanguin est accéléré et l’apport en oxygène est suffisant, ce qui va activer les systèmes endocrinien et immunitaire dans les intestins, ainsi que les sécrétions de ces systèmes.
Le Dr Ting Chief Tsai précise également que les bactéries intestinales sont sensibles aux changements de l’environnement intestinal. Les bactéries intestinales peuvent également détecter la série de changements susmentionnés et se modifier en conséquence.
Cependant, la communauté scientifique ne sait toujours pas comment ces changements environnementaux affectent spécifiquement les bactéries intestinales.
L’exercice renforce l’intestin et combat le cancer du côlon
Concernant les effets de l’exercice sur les bactéries intestinales, un article de synthèse de 2021 publiée dans Frontiers in Nutrition a montré que l’exercice d’aérobie modéré réduit l’inflammation et affecte positivement la diversité microbienne intestinale et le métabolisme.
Une étude italienne menée en 2017 a constaté plusieurs effets bénéfiques de l’exercice sur les bactéries intestinales.
L’exercice augmente le nombre de Bacteroïdètes par rapport aux Firmicutes, ce qui peut aider à la perte de poids et améliorer les maladies liées à l’obésité et les troubles gastro‑intestinaux.
Les Bacteroides peuvent décomposer les amidons et les fibres des plantes en acides gras à chaîne courte, tandis que les Firmicutes préfèrent un régime riche en huile et en sucre et sont également connues sous le nom de « bactéries de l’obésité ».
Parallèlement, l’exercice physique peut stimuler la prolifération de bactéries intestinales capables de réguler l’immunité de la muqueuse et d’améliorer la fonction de barrière, réduisant ainsi l’incidence de l’obésité et des maladies métaboliques.
L’exercice peut également stimuler les bactéries intestinales à sécréter des substances (comme les acides gras à chaîne courte) qui préviennent les maladies gastro‑intestinales et le cancer colorectal.
Deux conseils sur l’exercice d’aérobie pour améliorer la santé intestinale
Tous les exercices n’entraînent pas forcément des changements positifs dans les bactéries intestinales.
Les exercices les plus courants sont les exercices d’aérobie, qui renforcent le cœur et les poumons, et les exercices de résistance, qui entraînent la force musculaire. Des études ont montré que les exercices d’aérobie sont plus efficaces pour améliorer les bactéries intestinales.
La Northern Arizona University a mené une étude dans laquelle les sujets effectuaient des exercices d’aérobie et de résistance pendant huit semaines, et les chercheurs ont observé les effets de ces exercices sur leurs bactéries intestinales.
Il s’est avéré que les sujets suivant un entraînement en résistance n’avaient pas subi de modifications de leurs bactéries intestinales. Cependant, chez les sujets faisant des exercices d’aérobie, le microbiote intestinal montrait de nets changements au cours de la deuxième semaine d’exercice.
Le Dr Tsai fait remarquer que les exercices de résistance ont peu d’effet sur la circulation sanguine et peu d’effet systémique sur l’ensemble du corps.
« Cela signifie qu’il n’y a ni essoufflement ni manque d’oxygène », ajoute‑t‑il.
Cependant, si les exercices de résistance sont de longue durée, ce qui augmente la masse musculaire et accroît le métabolisme de base, il aura un effet positif sur les bactéries intestinales.
En revanche, même si on court ou saute à la corde pendant 5 à 10 minutes seulement, cette courte période d’exercice aérobie favorisera la circulation sanguine dans tout le corps et augmentera l’apport d’oxygène dans l’organisme.
Pour améliorer la santé intestinale, nous avons deux autres conseils :
– Choisir des exercices d’une intensité appropriée et éviter les exercices de haute intensité.
Il faut savoir que les exercices de haute intensité ont un effet négatif sur les bactéries intestinales. Un exemple d’exercice de haute intensité est le triathlon, qui comprend la natation, le cyclisme et la course de fond.
Bien que la natation, le vélo et la course de fond soient tous des exercices d’aérobie, le Dr Tsai affirme que des exercices prolongés à haute intensité peuvent réduire le flux sanguin vers les intestins, provoquant une inflammation systémique et nuisant ainsi aux bactéries intestinales. Il affirme que « l’exercice d’aérobie modéré peut permettre aux bactéries intestinales de s’adapter rapidement et de commencer à s’améliorer dans la bonne direction ».
– S’exercer dans la bonne humeur
« Nous avons réalisé une étude et constaté que les athlètes de triathlon sont très stressés avant une compétition, de sorte que leur système immunitaire est affaibli, et que l’ensemble de leur microbiote intestinal se détériore », indique le Dr Tsai.
Il précise que les facteurs mentaux et de stress ont un grand impact sur les bactéries intestinales, car ce sont les capteurs les plus sensibles de l’organisme. Selon lui, « si on boit un verre de bière, elles changeront, et si vous prononcez ne serait‑ce qu’une phrase négative, elles changeront également ».
Par conséquent, il est nécessaire de faire de l’exercice dans la bonne humeur, et un exercice approprié peut également aider à soulager le stress. Ce n’est que lorsqu’une personne se détend et que le stress est évacué que l’équilibre des bactéries intestinales peut être amélioré.
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