Selon le dernier bilan de la Croix-rouge libanaise, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4 000 autres blessées. Le Premier ministre a décrété ce mercredi jour de deuil national.
Mardi 4 août, une première explosion a été entendue à Beyrouth, agglomération de quelque deux millions d’habitants, suivie d’une autre, très puissante, qui a provoqué un gigantesque champignon dans le ciel. Les immeubles ont tremblé et les vitres ont été soufflées à des kilomètres à la ronde.
Dans les rues, des soldats évacuaient des habitants abasourdis, certains couverts de sang, T-shirt autour du crâne pour panser leurs blessures, tandis que des habitants cherchaient désespérément leurs proches manquant à l’appel. « C’était comme une bombe atomique. J’ai tout vu (dans ma vie), mais rien de tel », a témoigné Makrouhie Yerganian, professeur à la retraite qui vit depuis plus de 60 ans en face du port.
Selon le dernier bilan de la Croix-rouge libanaise, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4 000 autres blessées.
2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockés dans le port
Le gouvernement a affirmé que 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, un engrais chimique et composant d’explosifs, étaient stockées « sans mesures de précaution » dans le port. Ce stockage est à l’origine de l’incident. « Il est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2 750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire sur cette question », a déclaré le Premier ministre Hassan Diab.
Le Premier ministre a décrété ce mercredi jour de deuil national et a promis que les responsables devraient « rendre des comptes ».
Le souffle ressenti à plus de 200 kilomètres
La capitale libanaise, déclarée ville « sinistrée », s’est réveillée sous le choc, après ces explosions d’une telle puissance qu’elles ont été enregistrées par les capteurs de l’institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3.
Dans l’épicentre de l’explosion, dont le souffle a été ressenti jusque sur l’île de Chypre, à plus de 200 kilomètres, le paysage est apocalyptique : les conteneurs ressemblent à des boîtes de conserve tordues, les voitures sont calcinées, le sol jonché de valises et de papiers provenant des bureaux avoisinants, soufflés par l’explosion.
Les hôpitaux saturés
Dans les ruines fumantes du port de Beyrouth, au milieu d’immeubles éventrés, les secouristes tentent ce mercredi de retrouver des victimes. Épaulés par des agents de sécurité, ils ont cherché toute la nuit des survivants ou des morts coincés sous les décombres. Les opérations continuent, selon la Croix-Rouge. Des Casques bleus ont été grièvement blessés à bord d’un navire amarré dans le port, selon la mission de l’ONU au Liban.
Les hôpitaux de la capitale sont saturés. « C’est une catastrophe dans tous les sens du terme », a déclaré le ministre de la Santé, Hamad Hassan, alors qu’il visitait un hôpital de Beyrouth mardi soir. « Les hôpitaux de la capitale sont tous pleins de blessés », a-t-il souligné.
Plusieurs pays dont la France apportent leur soutien
De nombreux pays ont proposé de l’aide au Liban, notamment la France qui a envoyé ce mercredi plusieurs tonnes de matériel sanitaire et un détachement de la sécurité civile.
Les États-Unis ont également proposé leur aide, ainsi que l’Allemagne, qui compte des membres du personnel de son ambassade à Beyrouth parmi les blessés.
Israël a également proposé « une aide humanitaire et médicale » à son voisin libanais, avec lequel il est techniquement toujours en guerre.
Un numéro d’assistance pour les ressortissants français
L’ambassade de France au Liban a mis en place un numéro téléphonique pour les ressortissants français qui auraient besoin d’assistance (+ 961 1 420 292).
Ce drame survient alors que le Liban connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.
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