Le gouvernement fédéral canadien envisage la modification du statut des papillons monarques, pour les classer parmi les espèces « en voie de disparition », ce qui pourrait limiter les activités humaines dans leur habitat.
Le ministère de l’Environnement a publié le 13 mai une analyse d’impact de la réglementation, qui tient compte des réactions des gouvernements régionaux, de l’industrie et d’autres acteurs.
Certains se sont inquiétés de la nécessité d’obtenir des permis pour éliminer les asclépiades, plantes sur lesquelles les monarques pondent leurs œufs. Le ministère n’a pas précisé quelles entreprises avaient exprimé cette inquiétude, se contentant d’indiquer que l’une d’entre elles était une « société d’État » et l’autre une « organisation industrielle ».
La plupart des 12 réponses reçues par le ministère étaient favorables à l’inscription du papillon sur la liste des espèces en voie de disparition, mais ces deux organisations « se sont inquiétées du fait que la reclassification du monarque pourrait restreindre leur capacité à mener à bien leurs activités ».
La proposition est soumise aux commentaires du public jusqu’au 12 juin. Le gouverneur en conseil – c’est-à-dire le gouverneur général agissant sur l’avis du cabinet – pourra alors décider soit d’inscrire le monarque sur la liste des espèces en danger, soit de demander une évaluation plus approfondie, a déclaré un porte-parole du ministère de l’Environnement à Epoch Times.
Herbicides
L’ « organisation industrielle » qui a exprimé son inquiétude est probablement une entreprise forestière, car elle a demandé que l’utilisation d’herbicides par l’industrie forestière soit considérée séparément de l’utilisation agricole en raison des différences d’échelle et de quantité. L’industrie forestière utilise des herbicides pour empêcher la croissance de la végétation concurrente là où elle a planté des semis en vue d’une future récolte.
L’étude d’impact du ministère indique que les agriculteurs pourraient subir un préjudice si l’utilisation d’herbicides était restreinte pour protéger l’asclépiade.
« Les producteurs agricoles de maïs, de soja, de canola et de blé sur les terres fédérales pourraient subir des pertes de profits si certaines activités d’application d’herbicides ne sont pas admissibles à un permis », indique l’étude d’impact.
Le ministère s’attend à ce que les effets soient limités aux terres fédérales, et le gouvernement estime que la perte de production agricole sur ces terres pourrait atteindre 3 millions de dollars sur une période de 10 ans.
« L’utilisation accrue d’herbicides et le déclin subséquent des asclépiades constituent une menace importante pour les monarques dans l’ensemble de leur aire de répartition en Amérique du Nord », indique une évaluation du papillon monarque réalisée en 2016 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).
Le COSEPAC est un comité consultatif indépendant du ministère de l’Environnement et son évaluation de 2016 est à l’origine de la démarche actuelle visant à inscrire l’espèce sur la liste des espèces en voie de disparition.
Appels à la protection
Il a fallu sept ans au gouvernement pour donner suite officiellement à l’évaluation du COSEPAC, bien que le ministère ait travaillé en arrière-plan pour étudier le problème.
Hannah Boonstra, porte-parole du ministère, a déclaré par courrier électronique que le gouvernement avait « accusé réception des évaluations du COSEPAC » le 10 mai, ce qui a donné lieu à la consultation publique actuelle et à la proposition de modifier officiellement le statut du papillon.
Le papillon monarque est un pollinisateur qui a été qualifié de « canari dans la mine de charbon » pour d’autres pollinisateurs essentiels.
Ces créatures délicates migrent sur des milliers de kilomètres et passent l’hiver au Mexique. Le COSEPAC note qu’il est difficile de quantifier la population de papillons monarques au Canada.
« Il n’existe pas d’estimation de la taille des populations de monarques au Canada. Chaque automne, des centaines de milliers de monarques migrent par Long Point, dans le sud de l’Ontario, mais on ne sait pas quelle proportion de la population canadienne ces individus représentent », indique l’évaluation.
La population hivernante au Mexique a diminué de plus de 80 % entre 1994 et 2015. Les perturbations de l’habitat à l’extérieur du Canada, notamment la déforestation au Mexique, ont également contribué au déclin du papillon.
Toutefois, une étude récente du Fonds mondial pour la nature a révélé que 35 % de papillons supplémentaires sont arrivés sur leurs sites d’hivernage au Mexique en 2021 par rapport à 2020.
Au Canada, les papillons se trouvent souvent le long des rives nord des Grands Lacs, selon le COSEPAC, bien qu’ils soient présents dans tout le pays (à l’exception de Terre-Neuve-et-Labrador).
Les asclépiades sont la seule nourriture des chenilles du monarque et les plantes ont tendance à pousser dans des habitats périodiquement perturbés tels que les bords de route, les champs, les zones humides, les prairies et les forêts claires.
Une initiative annoncée en mars en Ontario vise à donner un coup de pouce à leur habitat le long de l’autoroute 407. L’ETR 407 s’associe à la Fédération canadienne de la faune pour restaurer l’équivalent de 22 terrains de football en tant qu’habitat pour les papillons monarques et d’autres pollinisateurs.
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