ENVIRONNEMENT

Centrale nucléaire de Penly : le démarrage du premier réacteur EPR2 décalé de 2035 à 2038

mars 18, 2025 14:40, Last Updated: mars 18, 2025 15:01
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L’Élysée vise désormais l’horizon 2038 au lieu de 2035 pour la mise en service du premier des six futurs réacteurs EPR2 voulus par Emmanuel Macron, une relance nucléaire qui devrait s’appuyer sur un prêt de l’État à taux préférentiel et un renforcement de la souveraineté en uranium.

Le président de la République avait annoncé en février 2022 un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres avec une mise en service vers 2035 pour le premier d’entre eux, à Penly. Mais un audit gouvernemental de février 2022 mentionnait déjà l’horizon 2037.

L’Élysée évoque désormais d’« ici 2038″ pour la « première mise en service », selon le communiqué de la Présidence diffusé à l’issue d’un conseil de politique nucléaire (CPN) autour d’Emmanuel Macron, le 4e depuis 2022.

Aux conditions de 2020, le coût du programme estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 s’élève désormais à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF fin 2023.

« Un prêt de l’État bonifié »

Sans attendre le devis définitif de l’électricien EDF, le CPN a esquissé « les grands principes du schéma de financement » du programme qui doit permettre à la France, avec les énergies renouvelables, de réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées. Il serait notamment « basé sur un prêt de l’État bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction », selon le scenario du modèle de financement de la centrale tchèque de Dukovany essentiellement par un prêt de l’État à taux zéro, validé par l’Union européenne.

En France, il serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’État de 100 euros maximum du mégawattheure. Concrètement, si l’électricité d’EDF est vendue sur les marchés au-delà, EDF doit verser des recettes à l’État ; en-dessous, c’est l’État qui compense EDF.

L’idée est de « finaliser dans les prochaines semaines les discussions entre l’État et EDF et d’initier rapidement les échanges avec la Commission européenne, dans la perspective d’une décision finale d’investissement d’EDF en 2026 », au lieu de fin 2025, pour cette étape clé préalable au lancement du chantier.

« Moins d’urgence »

Pourquoi ce décalage ? « Il y a moins d’urgence alors autant prendre du temps pour réussir le programme », souligne une source proche d’EDF. Le temps des menaces des pénuries d’électricité en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine semble bien loin: « depuis, la production d’EDF est revenue au niveau d’avant crise énergétique, les efforts de sobriété ont porté leurs fruits, et comme la demande d’électricité n’augmente pas au niveau envisagé, il n’y a pas d’urgence », ajoute cette source.

Pour Greenpeace, « l’Élysée persiste dans sa fuite en avant » concernant son programme nucléaire « en dépit de tout bon sens économique, industriel et environnemental ».

EDF l’a indiqué fin février, elle préfère se donner encore « plusieurs mois » pour présenter un devis optimisé. L’objectif pour l’électricien et son unique actionnaire, l’État, est d’éviter le scénario de Flamanville, le chantier de l’EPR normand émaillé de retards et de surcoûts.

Un ouvrier marche près du tablier de la turbine et de l’alternateur du réacteur nucléaire de troisième génération EPR de Flamanville. (SAMEER AL-DOUMY/AFP via Getty Images)

Sécurisation de l’approvisionnement en uranium

Dans un contexte de regain d’intérêt pour l’atome dans le monde, le CPN s’est penché sur l’approvisionnement en uranium. Il valide ainsi « le plan d’action visant à sécuriser l’amont du cycle (extraction et transformation de l’uranium, ndlr) et le soutien que l’État apportera à Orano (ex-Areva, ndlr) sur l’approvisionnement » de la France « à moyen et long terme ». Des annonces qui « s’inscrivent dans la continuité des investissements lancés dans l’amont ces derniers mois », a salué Orano.

Le CPN a aussi « lancé des travaux préparatoires » en vue de « relancer la recherche sur la fermeture du cycle, qui permettra à terme de se passer des importations d’uranium naturel » en réutilisant le combustible usé, dans la deuxième moitié du siècle.

Sur la question des mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), le CPN a appelé le CEA « à engager des discussions » avec les start-up qui développent les projets les plus avancés en vue d’implantation sur ses sites nucléaires à Marcoule et Cadarache.

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