Au tribunal correctionnel de Foix ce mardi, une cinquantaine de personnes se sont rendues au procès tant attendu du conducteur ayant causé la mort d’une éleveuse de 36 ans et de sa fille de 12 ans, en janvier 2024. Les deux victimes avaient été percutées par son véhicule sur un barrage d’agriculteurs en Ariège. Le tribunal a condamné le chauffard à cinq ans de prison ferme.
Ce mardi 18 février au tribunal de Foix, l’émotion et l’indignation étaient palpables. Le conducteur impliqué dans l’accident mortel d’Alexandra Sonac et de sa fille Camille a été condamné à 5 ans de prison ferme. Il était jugé pour avoir fauché les deux victimes le 23 janvier 2024, alors qu’elle se trouvaient en pleine mobilisation nationale des agriculteurs, sur un barrage dressé sur une route nationale en direction de Foix, à proximité de Pamiers (Ariège). Jean-Michel Sonac, le mari d’Alexandra, a quant à lui survécu à de graves blessures. Il assistait à l’ouverture du procès ce mardi.
« Il roulait à 130 km/h sur une voie rapide à la chaussée mouillée »
Incarcéré depuis l’accident, Vasili Aghayan, un Arménien âgé de 44 ans, a été jugé par le tribunal correctionnel de Foix pour homicides involontaires aggravés. Arrivé en France en septembre 2021, il se trouvait sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Au volant d’une BMW X1 et accompagné de deux amis le jour du drame, le mis en cause « n’a pas pu se méprendre sur le fait que la RN 20 était manifestement fermée à la circulation », a pointé le procureur Olivier Mouysset ce mardi. « Il roulait à 130 km/h sur une voie rapide à la chaussée mouillée et le téléphone en cours d’utilisation était une source de distraction évidente, même s’il ne le tenait pas lui-même en main. Il est venu s’empaler dans la bâche sans la voir parce qu’il ne regardait pas la route », a-t-il ajouté, comme le relate l’AFP.
Outre sa conduite en vitesse excessive sur une voie fermée, Vasili Aghayan n’était pas en possession d’un permis de conduire français et n’avait pas non plus d’assurance pour son véhicule. Il a été reconnu coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés.
« S’il n’y avait pas eu ce mouvement social… »
« Ce sont des infractions involontaires, mais il y a des violations délibérées du code de la route, des violations que beaucoup d’entre nous peuvent commettre pour de nombreuses raisons dérisoires, et l’accident ne se produit pas à chaque fois », a affirmé l’avocate de la défense, Stella Bisseuil, sans pour autant nier la responsabilité pénale du prévenu.
« Mon client reconnaît le contournement de l’interdiction et l’excès de vitesse, mais il n’avait aucune conscience de la présence du barrage ni du risque qu’il prenait pour autrui », a-t-elle encore noté.
« Il y a toujours une disproportion entre le risque pris et l’immensité des conséquences possibles. Bien sûr, il faut les fautes au départ, on ne les nie pas », a poursuivi Me Bisseuil avant d’énumérer la suite d’événements ayant conduit au drame : « S’il était parti plus tard et qu’il faisait jour, si l’OQTF avait été appliquée, s’il n’y avait pas eu ce mouvement social… »
« Là, ce n’est pas possible, ça va trop loin »
Les propos de l’avocate, qui espérait une condamnation moins lourde pour son client, ont immédiatement suscité des protestations parmi les personnes présentes au tribunal. Nombre d’entre elles ont d’ailleurs quitté les lieux, comme le rapporte Le Parisien.
« Là, ce n’est pas possible, ça va trop loin », a crié l’une d’entre elles avant de marteler : « Il a brisé la vie des victimes et l’espoir de sa propre famille. Son avenir n’est plus en France. »
Au cours de l’audience, Carole Giovannetti, la sœur jumelle d’Alexandra Sonac, est également intervenue, lisant une lettre écrite la veille. Expliquant que ce jour-là, « tout a basculé », elle a confié : « Une partie de moi est partie avec elle. Ma sœur jumelle, ma nièce et filleule… J’étais fière de ma sœur, qui avait un grand cœur, une grande gueule. »
Réagissant au verdict du tribunal, la sœur de l’éleveuse décédée a qualifié la peine du prévenu d’« inadmissible ». « Cinq ans, c’est rien. Il a enlevé la vie de ma sœur et de ma nièce », a-t-elle déploré. « Tout ce qu’il ose dire a beaucoup de répercussions sur la famille et moi. Et il aura la mort de ma sœur et de ma nièce sur sa conscience toute sa vie. »
« Il y a un an, ses décisions ont tué, aujourd’hui ses mots continuent de blesser »
« Les victimes sont là avec leur souffrance et leur dignité, face à un prévenu qui a menti pendant toute cette instruction et adopte une posture indécente. Il y a un an, ses décisions ont tué, aujourd’hui ses mots continuent de blesser », a dénoncé l’avocate de Jean-Michel Sonac, comme le relate encore le quotidien francilien.
« Je regrette énormément, je suis un père je comprends, je regrette énormément. Je ne l’ai pas fait intentionnellement », a déclaré de son côté Vasili Aghayan lors de l’audience. L’homme sera renvoyé en Arménie à la fin de sa peine, sa femme et ses trois enfants ayant quant à eux été expulsés il y a moins d’un an, rapporte Actu.fr.
Le média précise que le prévenu « a dix jours pour faire appel du jugement », celui-ci étant assorti « d’une amende de 200 euros et d’une interdiction de séjourner en Ariège pendant trois ans ».
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