Les merveilleux échos des cloches sur la place de la ville à midi donnent à l’escalope la saveur qu’elle mérite, comme le dirait l’opérateur du Glockenspiel de Munich.
Quelques cloches cassées ou manquantes, ou dont le son est déformé par le froid de l’hiver ou la chaleur de l’été bavarois, ne dérangent peut-être pas les habitants, et encore moins les nombreux touristes, mais les opérateurs de cette horloge à coucou de 10 étages sont profondément à l’écoute de son fonctionnement interne. Pour eux, il est troublant de l’entendre se tromper légèrement dans l’un de ses deux rendez-vous quotidiens.
Depuis plus de 100 ans, des opérateurs dans les coulisses appuient sur des boutons, actionnent des leviers et s’occupent des six rouleaux qui font vibrer la mélodie pour s’assurer que la procession de figurines semi-automatisées grandeur nature du Glockenspiel démarre à l’heure. Les personnages en cuivre aux couleurs vives respirent Munich : les courtisans et les trompettistes en rouge et vert, la joute des chevaliers en armure étincelante, les tonneliers qui tournent et, bien sûr, le duc Guillaume V et Renata de Lorraine, dont l’œuvre honore le mariage en 1568.
C’est une charmante procession qui attire chaque année des millions de touristes sur le marché, ou Marienplatz (place Sainte-Marie), qui est la place principale de Munich depuis 1158. Le nouvel hôtel de ville, ou Neues Rathaus, construit en 1908, a fait de la tour de l’horloge Glockenspiel, véritablement, son attraction principale. En l’honneur du duc Guillaume V et de Renata de Lorraine, deux défilés colorés tournent sur les mécanismes concentriques du carrousel, l’une au-dessus de l’autre, perchés sur deux balcons, deux fois par jour : à 11 heures et à midi.
Le premier commence par une procession de courtisans entrant par la gauche et la droite, passant les uns devant les autres puis sortant, suivis par une joute des chevaliers à cheval passant les uns devant les autres et sortant ensuite. Le chevalier en rouge et blanc est de Lothringen, et l’autre, en bleu et blanc, est de Bavière. Tous font un deuxième passage, et c’est le chevalier en bleu et blanc qui l’emporte. Celui en rouge bascule en arrière avant de quitter la scène. Le duc et la mariée, à l’arrière, observent la scène. Entretemps, dans les coulisses, un opérateur remet le chevalier sur son cheval.
Une vidéo de la procession automatisée des figurines de cuivre du Glockenspiel (H.Helmlechner/CC BY 4.0)
Le second défilé commence en contrebas, alors que des tonneliers vêtus d’un doublet rouge et portant de hautes chaussettes blanches tournoient dans une danse animée au son d’airs mécaniques. La danse des tonneliers représente la fin de la peste en 1517, qui a contraint les Munichois à rester cloîtrés chez eux ; la guilde des tonneliers, fidèle au duc, est allée danser dans les rues pour encourager les gens et les faire sortir. Aujourd’hui, cette danse se perpétue sous le nom de danse des tonneliers, ou Schäfflerstanz, et est exécutée (par des personnes en chair et en os) tous les sept ans.
Chaque soir, à 21 heures, un ange gardien met l’enfant de Munich au lit au son de la Berceuse de Johannes Brahms.
La Marienplatz elle-même a toujours été au cœur de Munich. Elle a été le théâtre d’un véritable tournoi de joutes qui a marqué les deux semaines de célébration du mariage du duc au printemps, alors même que la neige persistait. Aujourd’hui, les touristes s’y pressent pour admirer le Neues Rathaus néogothique et le Glockenspiel, et pour se régaler d’escalopes.
Pendant toutes ces années, dans les coulisses, des personnes ont veillé à ce que, deux fois par jour, le spectacle commence à l’heure, sans retard. Il suffit de deux minutes de retard pour que les touristes s’insurgent. À la main, ils actionnent les figurines et les cloches avec une synchronisation parfaite. Les techniques permettant de faire fonctionner l’ensemble de manière impeccable ne sont pas intuitives, mais ont été transmises et apprises par cœur. Certains de ses rouages sont même mystérieux et s’apprennent à la fois par l’expérience et par des pannes trop faciles à enseigner.
Pendant 364 jours de l’année, les six rouleaux sont actionnés par un carillon historique (un clavier d’église automatisé) qui fonctionne automatiquement avec les clapets utilisés pour frapper les 43 cloches. La machine est commandée depuis une pièce située au 10e étage. Le seul jour de l’année où le silence est respecté est le Vendredi saint. Un spectacle supplémentaire à 17 heures chaque jour s’ajoute à l’horaire régulier de mars à octobre.
De temps en temps, le mécanisme doit être entretenu. La tradition du Glockenspiel semble également évoluer avec le temps.
« En 2007, les cloches du carillon ont été enlevées et restaurées par des spécialistes néerlandais afin de rétablir la hauteur de ton correcte », a confié à Epoch Times, Christian Valentini, de la ville de Munich, en parlant des défis posés par l’entretien du Glockenspiel. En 2017, les figurines ont été repeintes et restaurées. « Le carillon est en ce moment en cours d’automatisation », a-t-il dit. « Les impulsions électriques sont désormais envoyées directement du système de contrôle aux marteaux magnétiques des 43 cloches. »
Auparavant, les changements de température au cours de l’année affectaient la qualité du son, mais désormais, un son constant sera assuré tout au long de l’année. Historiquement, le carillon était entretenu une fois toutes les quatre semaines. Il était nettoyé, huilé, testé et réglé. Désormais, le nouveau système ne nécessitera qu’un entretien annuel, qui ne prendra que deux jours.
Lorsqu’on lui a posé la question, M. Valentini n’a pas dit s’il ressentait une quelconque perte à passer le Glockenspiel du manuel à l’automatisation. Mais avec les nouvelles mises à jour, certains diront que le goût de l’escalope (schnitzel) servie sur la Marienplatz devrait rester aussi constant que tout Munichois peut espérer.
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