Le 18 février 2015, Mme Guo Jun, présidente du bureau d’Epoch Times à Hong Kong, a prononcé un discours concernant l’actualité de la Chine au Shinjuku Keio Plaza Hotel à Tokyo. Elle y a présenté une analyse détaillée des problèmes clé découlant des changements majeurs que subit actuellement la Chine et de leur impact sur les sociétés japonaise et hongkongaise.
[1re partie et 2e partie]
Avant de poursuivre, nous devons aborder les caractéristiques de la structure du pouvoir politique en Chine.
Comme dans d’autres pays, avant d’entrer dans la société moderne, la Chine était une autocratie impériale. La structure du pouvoir de l’autocratie impériale est en forme de pyramide, avec l’empereur assis au sommet.
À la mort de l’Empereur, le successeur était habituellement son fils, souvent le fils aîné de l’Impératrice. Comme le pouvoir était transmis par les liens du sang, par le statut social du côté de la mère et par ordre de naissance, le nouvel Empereur bénéficiait d’une légitimité naturelle sur le pouvoir.
La société démocratique moderne adopte un système de vote démocratique. Par conséquent, la puissance du chef de l’exécutif national jouit d’une légitimité naturelle.
Cependant, dans les pays communistes autoritaires, en particulier la Chine, le transfert du pouvoir a tendance à créer des problèmes. Le successeur du pouvoir ne présente aucun lien du sang et n’est pas issu d’une élection démocratique, mais est plutôt le résultat de négociations et d’équilibre entre les intérêts d’une coterie d’initiés.
Ainsi, le nouveau détenteur du pouvoir suprême n’a aucune légitimité naturelle sur le pouvoir. Son sens de la crise est beaucoup plus fort que ne l’était celui d’un nouvel Empereur dans la société antique ou du président dans une société démocratique moderne.
Un autre problème est que toute personne présentant des ambitions politiques sera probablement tentée d’utiliser diverses techniques pour obtenir la plus haute autorité au sommet de la pyramide.
Luttes de pouvoir
Ce régime autoritaire est destiné à engendrer des luttes de pouvoir féroces. Cela découle de la structure politique de l’autocratie.
L’ancien dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Deng Xiaoping, avait désigné Jiang Zemin comme successeur. Mais après que Jiang Zemin a pris sa retraite, son successeur Hu Jintao n’a pas eu le plein contrôle du pouvoir. La faction de Jiang Zemin a placé ses alliés à un certain nombre de postes clés pour prolonger le pouvoir de Jiang Zemin. Dans un régime autoritaire, ce contrôle depuis les coulisses relève de la norme plus que de l’exception.
Xi Jinping, l’actuel chef suprême de la Chine, a été nommé en regard d’un compromis au cœur des cercles du pouvoir en Chine.
Xi Zhongxun, le père de Xi Jinping, a été l’un des premiers dirigeants du PCC. Lorsque Mao Zedong a conduit l’Armée rouge dans la province du Shanxi, Xi Zhongxun a été nommé chef de cette armée dans le nord du Shanxi.
En acceptant le commandement de l’Armée rouge, Xi Zhongxun a été en quelque sorte hautement considéré par Mao Zedong. Mais après que Mao Zedong est arrivé au pouvoir, sa relation avec Xi Zhongxun s’est détériorée.
Une des raisons pour cela était que Xi Zhongxun ne voulait pas suivre servilement certaines des politiques folles de Mao Zedong. Xi Zhongxun a probablement été une des rares personnes à ne pas suivre les tactiques de lutte politique consistant à écarter les autres. Par conséquent, il a gagné une bonne réputation au sein du PCC.
Xi Zhongxun a été démis de ses fonctions au début des années 1960. À cette époque, la Révolution culturelle en Chine n’avait pas encore commencé. Xi Jinping a alors chuté de la noblesse rouge à la classe inférieure.
Lorsque Xi Jinping avait 15 ans, il a été exilé dans le nord du Shanxi pour travailler aux champs, comme le voulait la politique d’envoyer les jeunes intellectuels à la campagne. Dix ans plus tard, il a pu rentrer à Pékin pour étudier à l’université.
Après avoir été diplômé, Xi Jinping a servi deux ans dans l’armée. Ayant débuté dans le district de Zhengding, province du Hebei, en moins de 20 ans, il a progressé étape par étape de gouverneur de district à maire, puis gouverneur de province.
Vers 2007, alors qu’il était encore gouverneur de la province du Zhejiang, il a été désigné pour succéder au Secrétaire général Hu Jintao. La décision a été prise dans les plus hauts cercles du pouvoir.
Une fois Xi Jinping installé au pouvoir, il est devenu le point central des luttes interne du PCC.
Jiang Zemin avait pris sa retraite depuis plus de 10 ans, mais il intervenait encore souvent dans la politique au plus haut niveau. Grâce à ses alliés du bureau central, Jiang Zemin espérait garder une influence dominante lorsque le PCC prendrait des décisions sur la structure du pouvoir suprême au cours du 18e Congrès national du Parti communiste de Chine (CNPCC) en 2012.
Toutefois, Xi Jinping a insisté pour prendre lui-même toutes les décisions importantes et ne permettait à personne d’intervenir. Cela a conduit à l’incident durant lequel Xi Jinping a subitement disparu de la sphère publique pendant deux semaines en septembre 2012.
LIRE AUSSI :
Lech Walesa : plus rien ne pourra empêcher l’effondrement du communisme en Chine
Gao Zhisheng commente le verdict du procès de Zhou Yongkang
Après les cris et les larmes, quel est l’avenir du plan électoral de Hong Kong ?
Selon nos informations confidentielles, Jiang Zemin a insisté pour placer sa sélection de candidats au sein du Politburo central et du Comité permanent du Politburo. Xi Jinping a répondu avec résignation.
Après deux semaines d’« équilibrage », Jiang Zemin a dû céder à la demande de Xi Jinping et promettre de ne pas se mêler des affaires de haut niveau. Après que Xi Jinping est officiellement devenu secrétaire général lors du 18e CNPCC, il a commencé par diffuser un document officiel pour empêcher les anciens dirigeants d’intervenir dans les affaires politiques et gouvernementales de publier des déclarations de consécration en calligraphie et les obliger à obtenir une approbation avant de publier un mémoire.
Au cours de ce processus, Zhou Yongkang, un proche allié de Jiang Zemin, s’est imposé comme le plus grand obstacle à la nouvelle politique de Xi Jinping. Ainsi, Zhou Yongkang était opposé au traitement infligé à Bo Xilai.
La relation entre Zhou Yongkang et Bo Xilai est bien connue en Chine. Ils ont coopéré étroitement pendant des années ; l’un était chargé des affaires intérieures et l’autre des affaires extérieures. Avec l’aide d’autres alliés de Jiang Zemin du Politburo central et du Comité permanent du Politburo, ils ont empêché Hu Jintao et son Premier ministre Wen Jiabao de rien entreprendre pendant leurs 10 années d’administration.
Le coup d’État mené par Bo Xilai et Zhou Yongkang
L’édition du 13 janvier de l’hebdomadaire Phénix basé à Hong Kong, a révélé l’histoire des alliances politiques entre Zhou Yongkang et Bo Xilai et les détails de la préparation de leur coup. Selon l’article, Bo Xilai et Zhou Yongkang ont eu une discussion à huis clos à Chongqing durant laquelle ils ont remis en question la théorie de la réforme de Deng Xiaoping. Ils ont cherché à rétablir la Révolution culturelle et ont formulé le vœu de « vraiment s’engager dans cette voie ».
Lorsque Zhou Yongkang est retourné à Pékin, il a dit à ses proches partisans : « Si nous voulons faire quelque chose de grand, nous devons avoir recours à des gens comme Bo Xilai. Il peut nous aider à aller de l’avant. »
Cela signifiait que Bo Xilai pouvait précipiter les choses pour porter l’aile gauche du PCC au plus haut niveau du pouvoir politique. L’article indiquait également que même avant le 18e CNPCC, Zhou Yongkang n’était plus satisfait des personnes nommées aux niveaux locaux et nationaux.
Selon la règlementation des départs en retraite, un membre du Comité permanent du Politburo ne devait pas servir plus de deux mandats et devait suivre la règle « rester à 7, se retirer à 8 »: si un membre du Comité permanent du Politburo est âgé de 68 ans, il doit partir à la retraite mais si un membre du Politburo central est âgé de 67 ans, il peut être promu au Comité permanent.
À cette époque, Zhou Yongkang était déjà âgé de 69 ans et devait se retirer, mais il essayé de former des factions dans le but de rester au pouvoir. Il a même tenté d’obtenir le poste de président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale.
En réalité, le véritable patron politique derrière Bo Xilai et Zhou Yongkang est Jiang Zemin et son principal assistant, l’ancien membre du Comité permanent du Politburo Zeng Qinghong. Pourquoi Jiang Zemin tenait-il à soutenir Zhou Yongkang et Bo Xilai ? La raison principale est qu’il souhaitait maintenir la politique de persécution du Falun Gong.
La campagne de purification de Xi Jinping
Après être arrivé au pouvoir, Xi Jinping a débuté une campagne de purification politique en utilisant la technique de la lutte contre la corruption. En Chine, on appelle cela « frapper les mouches et les tigres en même temps », ce qui signifie frapper vigoureusement les responsables corrompus à tous les niveaux.
Jusqu’à présent, l’estimation préliminaire indique que des dizaines de milliers de responsables ont été démis de leurs fonctions et poursuivis, parmi lesquels une cinquantaines de responsables des niveaux provincial et ministériel. Trois étaient en poste au Politburo central, dans l’ancien Politburo central et au niveau du Comité permanent du Politburo : Zhou Yongkang, Bo Xilai, et Xu Caihou.
Plus de 30 généraux de l’armée ont été écartés et poursuivis. Le plus haut responsable est Xu Caihou, vice-président de la Commission militaire centrale. Environ trois cents commandants de différents niveaux de l’armée ont été remplacés.
En fait, les cibles de la campagne de Xi Jinping sont les alliés de Jiang Zemin. Environ 90 % des responsables licenciés et placés sous enquête ont des liens évidents avec la faction de Jiang Zemin.
Voilà pourquoi nous avons toujours soutenu que l’agitation politique actuelle en Chine est en réalité une lutte de pouvoir entre Xi Jinping et Jiang Zemin. L’issue finale de cette lutte est susceptible de provoquer la chute de Jiang Zemin, Zeng Qinghong et de leurs principaux alliés.
Le 11 janvier de cette année, Xinhua Net, le portail d’informations officiel du Parti, a publié un article sur sa page d’accueil intitulé « Xi Jinping : la lutte contre la corruption n’a ni plafond ni limite », citant les commentaires de Xi Jinping contre la corruption depuis le 18e CNPCC. Le rapport précisait qu’une grande partie de ces citations étaient publiées pour la première fois.
Le commentaire « pas de plafond » fait partie du discours de Xi Jinping à l’occasion de la deuxième réunion de la quatrième session plénière du PCC le 23 octobre 2014. Ces 20 à 30 dernières années, le commentaire le plus utilisé dans la lutte contre la corruption a été : « Aussi élevé soit son poste, l’enquête ira jusqu’au bout ».
Le mot « plafond » est de toute évidence une allusion au fait que Zhou Yongkang n’est pas le plafond de l’enquête.
Le 13 janvier, lors de la cinquième session plénière de la Commission centrale de l’inspection de la discipline, Xi Jinping a déclaré que Zhou Yongkang, Xu Caihou, Ling Jihua et Su Rong avaient « outrepassé la discipline et la loi ». Il a déclaré que la lutte contre la corruption serait totale et ne se limiterait pas à un domaine restreint.
En janvier 2015, Jiang Mianheng, le fils aîné de Jiang Zemin, a été démis de son poste de président du bureau de Shanghai de l’Académie chinoise des sciences.
Les médias officiels chinois ont publié des articles critiquant le monopole et la corruption dans l’industrie des télécommunications en Chine. Jiang Mianheng est considéré comme le magnat des télécommunications en Chine ; il contrôle l’industrie des télécommunications du pays.
Cela peut être considéré comme un avertissement de Xi Jinping donné à Jiang Zemin que les actions de purge des tigres s’approche de Jiang Mianheng et de la famille de Jiang Zemin, ce qui reflète fidèlement la situation actuelle de la bataille entre Xi Jinping et Jiang Zemin.
L’orientation future des tendances politiques de la Chine continuera de concerner la lutte de pouvoir entre Xi Jinping et Jiang Zemin.
(À suivre)
Version originale : Major Changes in China Will Impact Hong Kong and Japan
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.