ÉCONOMIE

Coup d’arrêt pour la croissance en Allemagne

août 14, 2019 12:15, Last Updated: août 14, 2019 12:21
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L’Allemagne a vu son activité économique reculer au deuxième trimestre, ravivant les craintes de récession et confortant les partisans d’un plan de relance avec arrêt de la politique de « zéro endettement ».

Le Produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne s’est contracté de 0,1% par rapport au trimestre précédent, a indiqué mercredi l’Office national des statistiques.

Une évolution qui s’explique par les moindres performances des exportateurs allemands qui souffrent de l’environnement international dégradé par les tensions commerciales.

Cette piètre performance fait suite à un rebond de 0,4% affiché au premier trimestre. Si le pays affiche lors du trimestre en cours une nouvelle contraction de son activité, il entrera dans ce qui est techniquement défini comme une récession.

L’Allemagne y avait échappé d’un cheveu durant la seconde moitié de 2018.

Avec le recul de son PIB au printemps, le pays rejoint la Grande-Bretagne, dont l’économie s’est également contractée d’avril à juin (-0,2%). En zone euro, l’élève modèle de la dernière décennie fait désormais figure de boulet, faisant moins bien que l’Italie (0%) et la France (+0,2%) lors du trimestre écoulé.

Les plans de licenciement se multiplient, le rythme des créations d’emploi ralentit et tous les signaux économiques sont au rouge: les commandes de machines-outils, le fer de lance de l’économie, ont ainsi reculé de 22% sur un an entre avril et juin, a indiqué mardi la fédération du secteur.

« Les conflits commerciaux, l’incertitude mondiale et le secteur automobile en difficulté ont finalement mis l’économie allemande à genoux », résume Carsten Brzeski, économiste chez ING Bank. Et la situation pourrait empirer au troisième trimestre. « La porte est grande ouverte vers une récession technique, soit deux trimestres négatifs de suite », selon Klaus Borger, économiste de l’institut KfW.

Le gouvernement allemand mise pour l’heure sur 0,5% de croissance cette année, un chiffre déjà historiquement faible, et le Fonds monétaire international sur 0,8%: un net coup de frein par rapport aux 2,2% de 2017 et 1,4% l’an dernier.

Ce contexte morose a relancé en Allemagne le débat budgétaire sur un arrêt de la rigueur et la nécessité d’un recours à l’endettement pour stimuler la conjoncture. D’autant que les caisses publiques sont pleines avec des excédents budgétaires depuis des années.

Plusieurs cadres du parti social-démocrate, partenaire de la coalition gouvernementale avec les conservateurs d’Angela Merkel, viennent de relancer le débat en prônant un recours à l’endettement pour financer notamment un plan de lutte contre le réchauffement climatique.

Mais les conservateurs s’y opposent et entendent maintenir la politique en cours qui consiste à garantir un budget fédéral au minimum équilibré.

La chancelière Angela Merkel a reconnu mardi que l’économie allemande traversait « une phase difficile » mais a rejeté l’idée de déficits budgétaires pour financer un quelconque plan de relance.  Elle a dit ne pas voir « pour le moment (…) la nécessité d’un paquet conjoncturel ».

Le pays a aussi ancré dans sa constitution la rigueur budgétaire. Elle est guidée par le mécanisme dit de frein à l’endettement (Schuldenbremse), qui limite fortement toute marge de manoeuvre dans ce domaine.

Plusieurs partenaires européens de l’Allemagne, comme la France, mais aussi le FMI ou la Commission européenne demandent depuis longtemps au pays de délier les cordons de la bourse pour dépenser plus et soutenir la croissance atone.

Les Etats-Unis de Donald Trump se plaignent eux du manque de dépenses militaires de l’Allemagne et l’appellent à utiliser pour cela ses excédents. Le parti démocrate-chrétien de Merkel n’y est pas opposé mais les sociaux-démocrates, eux, ne veulent pas en entendre parler.

Pour l’un des experts économiques qui conseille le gouvernement allemand, Christoph Schmidt, cité par l’hebdomadaire Der Spiegel, l’objectif consistant à conserver un budget annuel à l’équilibre pourrait néanmoins être remis en cause « en cas de repli marqué de l’économie ».

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