Une réaction « ferme » pour éviter « un scénario de guerre civile » : Gérald Darmanin a annoncé mardi qu’il demanderait la dissolution de trois groupuscules d’ultradroite, dont la Division Martel, après l’expédition punitive de militants à Romans-sur-Isère (Drôme) le week-end dernier.
« Je vais proposer la fin de divers groupuscules », a déclaré le ministre de l’Intérieur sur France Inter, évoquant parmi les organisations ciblées « un groupe qui s’appelle la Division Martel, rien que le nom nous fait peur, et deux autres dont je ne peux pas évoquer les noms » pour le moment.
Le week-end dernier, une centaine de militants d’ultradroite venus de différentes villes ont défilé cagoulés dans les rues de Romans-sur-Isère dans le but d’en « découdre » avec les jeunes du quartier de La Monnaie, d’où sont issus plusieurs des mis en cause dans la mort du jeune Thomas, poignardé lors d’une fête de village dans la Drôme. Ils ont été bloqués par les forces de l’ordre, avec lesquelles ils se sont longuement affrontés.
Lundi, six personnes ont été condamnées en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Valence à des peines de six à dix mois de prison ferme pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences » ou « dégradations ». Gérald Darmanin a salué ces condamnations, estimant que la réaction des autorités et des forces de l’ordre avait permis « d’éviter un scénario à l’irlandaise », référence aux émeutes ayant touché Dublin la semaine dernière après une attaque au couteau qui a fait quatre blessés.
Mobilisation de l’État : 12 projets d’action violente ultradroite entravés
« Parce qu’elle a été ferme, la France a évité un scénario de petite guerre civile », a assuré le ministre de l’Intérieur, estimant que la mort de Thomas, un « drame ignoble », ne devait pas « permettre que quelqu’un d’autre s’érige au nom de l’État pour faire justice ». « Il y a dans l’ultradroite une mobilisation qui veut nous faire basculer dans la guerre civile », a-t-il encore asséné, rappelant que 12 projets d’action violente par l’ultradroite ont été recensés par le Parquet national antiterroriste (Pnat) depuis 2017.
Selon le ministère de l’Intérieur, au moins un membre de la Division Martel est soupçonné d’être impliqué dans les violences de Romans-sur-Isère. Composé notamment d’ex-membres des Zouaves Paris ou du Bastion social, des groupuscules déjà dissous, la Division Martel s’est constituée au second semestre 2022. Elle s’est fait remarquer en décembre lors d’une tentative de ratonnade visant des supporters maghrébins en marge de la demi-finale de Coupe du monde de football France-Maroc.
Plusieurs militants du groupe étaient également présents fin avril à Saint-Brévin (Loire-Atlantique), où une manifestation contre un centre d’accueil pour demandeurs d’asile avait provoqué des heurts. « Cela faisait plusieurs mois que les services travaillent sur ce groupement de fait qui vise à promouvoir le recours à la violence pour favoriser l’avènement d’une suprématie nationaliste et xénophobe », a indiqué le ministère de l’Intérieur à l’AFP. Depuis la mort de Thomas, la mouvance identitaire française, qui regrouperait près de 3300 personnes dont 1300 fichés S selon un récent rapport parlementaire, tente de mobiliser dans la rue.
Gérald Darmanin a appelé lundi préfets et responsables des forces de l’ordre à la mobilisation pour prévenir tout rassemblement pouvant conduire à des actions violentes. Outre l’épisode de Romans-sur-Isère, huit personnes ont été interpellées lundi soir, soupçonnées d’avoir participé à un cortège non déclaré dans le centre-ville de Lyon. Treize personnes ont également été interpellées samedi dans le XVIIe arrondissement de Paris, soupçonnées d’avoir tagué des croix gammées au sol. Certaines doivent être présentées mardi matin à un juge d’instruction parisien.
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