Depuis environ 2 ans, nombre de départements en France connaissent une explosion des démissions d’enseignants, tous âges et tous niveaux confondus.
Certains, pourtant, étaient dans le peloton des départements les plus attractifs en France. Dans le milieu enseignant, ils sont bien connus, ces départements où il était si difficile d’entrer car ceux qui y étaient, en général, n’en bougeaient plus… Bretagne, Pyrénées, Occitanie et bien sûr Paris faisaient figure de citadelles quasi imprenables, notamment dans le premier degré…
Et pourtant… selon une enquête RTL, les démissions d’enseignants ont été multipliées par 4 en 10 ans sur le territoire français, soit 1 417 enseignants ayant claqué la porte en 2018, on compte donc deux enseignants démissionnaires sur 1 000.
Pyrénées-Orientales, Ille-et-Vilaine… « Les gens sont en train de craquer »
Dans les Pyrénées-Orientales, la surprise est totale : on est passé de zéro démission il y a cinq ans à… 19 professeurs des écoles pour l’année 2020-2021.
« Du jamais vu : 950 % d’augmentation en deux ans ! » s’inquiète le SNUIPP, principal syndicat du premier degré. « Les chiffres sont sans appel : aucun professeur des écoles n’avait démissionné entre 2016 et 2018, seulement deux en 2018-2019, et quatre en 2019-2020. »
En Ille-et-Vilaine, les démissions d’enseignants, qui s’élevaient à cinq ou six ces dernières années, ont atteint le chiffre de 24 pour la rentrée 2021.
« Je n’ai jamais, jamais vu ça », commente Emmanuelle Maray, secrétaire départementale du SNUipp-FSU 35 sur France3 Bretagne. « Les gens sont en train de craquer, ils cherchent une porte de sortie. »
Elle explique ainsi que le phénomène était prévisible, car « on a de plus en plus d’enseignants qui viennent nous voir pour nous poser des questions sur les reconversions possibles. Ils nous disent : je ne pourrai pas continuer à supporter ça longtemps ».
Ces enseignants sont de tous âges, la plupart en fin de disponibilité et qui n’ont donc pas réintégré leur poste, et d’autres qui entraient juste dans le métier.
Climat social, réseaux sociaux en cause
Dans les Pyrénées-Orientales, le SNUIPP justifie ces départs par « un ras-le-bol qui les conduit à passer le cap. Lourdeur des tâches administratives, injonctions hiérarchiques et pédagogiques, manque de reconnaissance, déclassement salarial […] perte de sens du métier pour lequel ils s’étaient engagés. »
En Ille-et-Vilaine, Emmanuelle Maray évoque aussi la suppression des enseignants spécialisés des réseaux d’aides qui apportaient un soutien adapté précieux pour les élèves en difficulté. Le climat social est aussi, selon elle, un facteur de démotivation dans le milieu enseignant.
« Les services publics sont réduits à peu de choses et parfois, nous sommes les seuls interlocuteurs des parents. Émotionnellement, c’est dur pour les enseignants », confie-t-elle à France3 Bretagne.
Pour Sébastien, professeur des écoles depuis 25 ans ayant démissionné, les réseaux sociaux tiennent aussi une part non négligeable.
« Les élèves ne sont plus les mêmes. Les parents ne sont plus les mêmes », se désole l’enseignant sur RTL, il précise surtout : « On est toujours sur la brèche en se disant : il y en a un qui va sortir un truc qui est complètement faux, ça va partir et en deux heures ça va ruiner une réputation que j’ai passé 25 ans à construire. »
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