Des artisans boulangers de Lons-le-Saunier (Jura) se sont mobilisés contre l’installation de deux nouvelles franchises de boulangerie industrielles en périphérie de la ville. Le ministère de l’Économie a réagi en leur envoyant une lettre recommandée comportant des menaces de fortes amendes pouvant aller jusqu’à 750.000 euros en cas d’appel au boycott.
Lons-Le-Saunier, 27.000 habitants dans l’agglomération et 14 artisans boulangers. Depuis deux ans, deux franchises de boulangerie se sont ajoutées en périphérie et deux autres devraient ouvrir prochainement. Avec « des prix auxquels on ne peut pas rivaliser », les chaînes raflent facilement une part du marché alors qu’il n’est pas facile pour les artisans de vivre de leur métier, explique l’un d’eux, Nicolas Amaté, à nos confrères de France 3.
« Mon commerce est déjà en danger, avec toutes les charges qu’on subit, les augmentations du prix des matières premières et de l’énergie », s’inquiète l’artisan boulanger de la rue Lecourbe.
Avec d’autres boulangers du chef-lieu du Jura, Nicolas Amaté a décidé de faire ce qu’il pouvait pour lutter contre l’installation de ces franchises qui proposent « des croissants surgelés qui proviennent de Pétaouchnok » alors que de leur côté, ils font tout eux-mêmes et privilégient le local.
Ils ont alerté les médias et la mairie, organisé des manifestations… En retour, ils ont reçu fin janvier une lettre recommandée qui ressemble à « une menace », selon les termes utilisés par l’artisan boulanger, interrogé par La Voix du Jura.
Une amende allant de 10% de leur chiffre d’affaires à 750.000 euros
Dans ce courrier, la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) du Grand Est les prévient : « À ce stade, il ne semble pas que les actions que vous avez menées excèdent une forme de lobbying actif ; en revanche, elles pourraient être contraires au droit de la concurrence si elles devaient prendre à l’avenir la forme d’une action concertée, notamment de boycott. »
En d’autres termes, si les actions menées par les artisans sont considérées comme du boycott, ils encourent une amende allant de 10% de leur chiffre d’affaires à 750.000 euros.
« On défend seulement notre métier »
Nicolas Amaté assure que les boulangers n’ont jamais appelé au boycott et qu’ils ne le feront jamais. « On ne veut pas interdire aux gens d’y aller. Non, nous, ce que l’on veut, c’est simplement qu’ils ne viennent pas s’installer ici », soutient l’artisan qui a pris cette lettre comme une menace contre leur liberté d’expression. « On n’a rien fait de mal. On défend seulement notre métier ».
La députée du Jura, Danielle Brulebois, parle des « injonctions contradictoires de l’État » : d’un côté, plusieurs millions d’euros ont été investis pour redynamiser le centre-ville de Lons-le-Saunier, d’un autre l’État laisse des commerces supplémentaires se développer en périphérie de l’agglomération.
Quant aux boulangers inquiets pour leur gagne-pain, elle les a « rassurés en leur confirmant qu’ils n’avaient rien fait d’illégal et en leur confirmant qu’ils avaient tout à fait le droit de s’exprimer. »
« Si l’on se tait, les chaînes vont gagner »
Peu importe les menaces, les artisans de Lons-le-Saunier comptent bien continuer leurs actions pour empêcher les deux franchises de s’ajouter à la concurrence déjà sur place. « On le fait au nom de tous les artisans de France. Si l’on se tait, les chaînes vont gagner », assure Nicolas Amaté.
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