ÉTATS-UNIS

Des bases militaires américaines et des sites sensibles sont visés par des drones depuis des années

"Ceux qui survolent nos sites militaires sont hostiles et viennent très probablement de la République populaire de Chine", a assuré le député Michael McCaul
décembre 24, 2024 18:02, Last Updated: décembre 25, 2024 17:06
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Une augmentation soudaine des observations de drones non identifiés à proximité de sites américains gouvernementaux sensibles inquiète les habitants et les législateurs.

L’administration fédérale de l’aviation (FAA : Federal Aviation Administration) a annoncé le 17 décembre qu’elle interdisait les vols de drones au-dessus de 22 sites d’infrastructures critiques en réponse à ces incidents, bien que la Maison-Blanche maintienne l’absence de menace crédible pour la sécurité publique.

Cette inquiétude fait suite à plus d’un mois d’observations de drones signalées à l’intérieur ou à proximité des espaces aériens d’aéroports et d’installations militaires en Californie, dans le Maryland, le Massachusetts, le New Jersey, New York, l’Ohio, la Pennsylvanie, l’Utah et la Virginie, ainsi que dans des bases d’outre-mer en Allemagne et au Royaume-Uni.

Au total, le FBI a déclaré avoir reçu plus de 5000 signalements d’observations de drones au cours du mois dernier, dont une centaine ont donné lieu à une enquête plus approfondie.

Vous trouverez ci-dessous une chronologie des observations confirmées les plus notables.

16 décembre : Base aérienne de Hill, dans l’Utah

Plusieurs observations de drones ont été confirmées sur la base aérienne de Hill, dans l’Utah, le 16 décembre. Un drone a volé à proximité de l’entrepôt de carburant de la base.

Un porte-parole de la base a déclaré plus tard aux médias locaux que la base prenait des mesures pour protéger le personnel, les équipements et les infrastructures, sans que les incidents n’aient eu d’incidence sur les opérations.

Cette base abrite le complexe logistique aérien d’Ogden, qui supervise la gestion d’un large éventail d’aéronefs, de missiles et de logiciels pour l’armée. Elle abrite également plusieurs douzaines d’avions de combat F-35A.

Les observations de drones à cet endroit ont commencé en 2022 et se sont poursuivies par intermittence depuis.

Des F-35A des 388e et 419e escadrons de chasse de la base aérienne de Hill atterrissent et roulent après un exercice d’entraînement à la base aérienne de Hill, dans l’Utah, le 19 novembre 2018. (George Frey/Getty Images)

13-17 décembre : Base aérienne de Wright-Patterson, dans l’Ohio

Le porte-parole de la Maison-Blanche pour la Sécurité nationale, John Kirby, a déclaré aux journalistes que des drones étaient entrés dans l’espace aérien restreint de plusieurs complexes militaires, dont la base aérienne de Wright-Patterson dans l’Ohio, qui abrite les centres nationaux de renseignement de l’armée de l’air et de la force spatiale.

Le nombre de drones, leur type et leur formation ont fluctué du 13 au 17 décembre, a déclaré un porte-parole de la base à Stars and Stripes, une publication gérée par le ministère de la Défense.

Aucun dommage ou menace n’a été signalé, mais un incident au moins a contraint le centre à fermer ses aérodromes pendant quatre heures.

14 décembre : Aéroport international de Logan, Massachusetts

La police locale de Boston a arrêté deux hommes qui auraient utilisé un drone « dangereusement près » de l’aéroport international de Logan.

La police a utilisé la technologie de surveillance par drone pour localiser les opérateurs sur une île voisine. Là, ils ont confronté trois individus qui se sont enfuis à pied. Deux d’entre eux ont été placés en garde à vue et inculpés d’intrusion, tandis que le troisième s’est enfui en bateau et est toujours en fuite.

Vue aérienne de l’aéroport Logan à Boston le 9 septembre 2012. (David Wilson/CC)

13 décembre : Aéroport international Stewart, New York

L’aéroport international de Stewart a été contraint de fermer ses pistes pendant une heure alors qu’un drone non identifié survolait le site.

La gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, a exhorté le Congrès à adopter un projet de loi qui donnerait aux autorités de l’État le droit d’abattre des drones, estimant que le « système de détection des drones de pointe » prêté par le gouvernement fédéral ne suffisait pas.

9-15 décembre : Camp Pendleton, Californie

Des drones non identifiés ont violé l’espace aérien restreint à six reprises en l’espace de six jours à Camp Pendleton, l’une des plus grandes bases du corps des Marines des États-Unis et l’un de ses centres de formation.

Un porte-parole de la base a déclaré à Epoch Times que les opérations menées dans l’installation n’étaient pas menacées, sans donner plus de détails.

« Des considérations de protection des forces limitent notre capacité à fournir de plus amples informations afin de garantir la sécurité opérationnelle du site et la sécurité, le bien-être de la population de la base et des zones environnantes », a précisé le porte-parole.

Une vue de l’entrée principale du camp Pendleton à Oceanside, en Californie, le 26 juillet 2019. (Sandy Huffaker/Getty Images)

3 décembre : Base aérienne de Ramstein, Allemagne

Des drones non autorisés ont survolé la vaste base aérienne de Ramstein, dans l’ouest de l’Allemagne. Cette base est un centre important pour l’armée américaine et abrite le commandement central de l’OTAN pour toutes les forces aériennes et spatiales alliées.

La police locale a déclaré à Stars and Stripes que les drones avaient déjà été repérés en train de survoler le site d’une grande entreprise chimique multinationale, et des sources anonymes ont indiqué qu’ils n’étaient pas d’un type associé à une utilisation de loisir.

Base aérienne de Ramstein en Allemagne. (U.S. Army Corps of Engineers photo de Justin Ward/CC BY 2.0)

30 novembre : Base spatiale de Vandenberg, Californie

Le ressortissant chinois Yinpiao Zhou aurait fait voler un drone non enregistré au-dessus de la base spatiale de Vandenberg en Californie.

M. Zhou aurait utilisé le drone pour photographier les rampes de lancement de SpaceX le jour même où l’entreprise a lancé une charge utile sensible de reconnaissance nationale à partir de la base.

Le 6 décembre, des agents fédéraux ont arrêté M. Zhou à l’aéroport international de San Francisco alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol à destination de la Chine, selon le bureau du procureur des États-Unis de Los Angeles.

Une fusée Delta IV-Heavy de United Launch Alliance transportant une charge utile du Bureau national de reconnaissance est lancée depuis le complexe de lancement spatial 6 de la base aérienne de Vandenberg, en Californie, le 28 août 2013. (Domaine public)

22 novembre : Club de golf national Trump, New Jersey

La FAA a fermé l’espace aérien situé au-dessus du club de golf national Trump de Bedminster après avoir repéré plusieurs drones et un aéronef à voilure fixe le long de la rivière Raritan (113 km) dans les comtés de Somerset et de Middlesex du New Jersey.

Le président élu Donald Trump, propriétaire du terrain de golf et d’une maison dans la ville voisine de Bedminster, a déclaré plus tard qu’il avait annulé un voyage dans la région en raison de la présence continue des drones.

M. Trump a ajouté dans un message sur Truth Social que les drones devaient être abattus lorsque le gouvernement ne connaît pas leur provenance.

20 novembre : RAF Lakenheath, Angleterre

Des drones ont été repérés près de quatre bases militaires distinctes du Royaume-Uni : Royal Air Force Lakenheath, Mildenhall, Feltwell et Fairford.

Lakenheath sert de base à la seule escadre de chasse de la cinquième génération d’avions F-35A des forces aériennes américaines en Europe ; Mildenhall fait office de base pour la 100escadre de ravitaillement en vol ; Feltwell fonctionne comme un centre de logements, d’écoles et d’autres services essentiels ; et Fairford accueille le quartier général de la 501ème escadre de soutien au combat et le 420ème escadron de la base aérienne.

Soixante soldats britanniques auraient été mobilisés pour aider les forces américaines à mener une enquête sur cet incident et à déterminer qui est responsable du pilotage de ces drones.

Vue aérienne d’une installation militaire de la R.A.F. Lakenheath, au Royaume-Uni, le 25 août 2017. (R.A.F. Lakenheath et Thetford Forest : vue aérienne 2017 par Chris/CC BY-SA 2.0)

13 novembre : Picatinny Arsenal, New Jersey

Un commandant local a déclaré que des drones avaient violé l’espace aérien de Picatinny Arsenal au moins 11 fois en novembre. Le site est le principal centre de recherche et de développement de l’armée américaine en matière d’armes et de munitions.

Les observations confirmées montrent qu’à 11 reprises, un officier de police ou un agent de sécurité a été témoin de la présence d’un drone après avoir reçu un rapport à ce sujet, selon le commandant de la garnison du site. Les officiers locaux n’ont pas été en mesure de confirmer sept autres rapports.

« Bien que la source et la cause de ces aéronefs opérant dans notre zone restent inconnues, nous pouvons confirmer qu’ils ne sont pas le résultat d’activités liées à Picatinny Arsenal », a souligné le lieutenant-colonel Craig Bonham dans une déclaration transmise à Epoch Times.

20 août : Usine 42 de l’armée de l’air, Californie

Des responsables militaires ont confirmé au site d’information en ligne The War Zone que de nombreux drones non identifiés avaient survolé l’usine 42 près de Palmdale, en Californie.

L’usine 42 est une usine de fabrication d’avions classée secrète, qui appartient à l’armée de l’air américaine et est utilisée par la NASA.

Le nombre d’objets non identifiés repérés a fluctué et « varié en taille et en configuration », selon une déclaration faite aux médias par un attaché de presse de la base aérienne d’Edwards, dont le site sert de satellite.

Vue aérienne de l’usine 42 de l’armée de l’air américaine près de Palmdale, Californie. (Domaine public)

2023 : Base aérienne de Langley, Virginie

Un essaim de drones non identifiés aurait volé dans l’espace aérien restreint de la base aérienne de Langley pendant plusieurs nuits.

Les drones ont volé en formation et comprenaient des drones à voilure fixe et des quadcoptères. Ils ont aussi apparemment opéré autour d’autres sites militaires américains en Virginie, notamment le plus grand port naval du monde – la station navale de Norfolk – et un autre site servant de quartier général à l’équipe d’élite SEAL Team Six.

Fengyun Shi, un étudiant chinois de l’université du Minnesota, a été arrêté avant d’embarquer pour la Chine. Selon les médias locaux, il a plaidé coupable d’avoir fait voler son drone au-dessus d’une installation navale classée secrète afin de photographier des navires militaires américains.

Vue aérienne de la base aérienne de Langley à Hampton, Virginie, le 3 décembre 2011. (Domaine public)

2020 : Colorado et Nebraska

Une flottille de grands drones a été observé dans le ciel des régions rurales du Colorado et du Nebraska pendant plusieurs semaines, à proximité du site de stockage de certains des missiles nucléaires Minuteman III du pays.

Les autorités locales ont fini par affirmer qu’aucune loi n’avait été enfreinte et que les pilotes de drones n’étaient pas tenus de déposer un plan de vol, sauf s’ils se trouvaient dans un espace aérien contrôlé, par exemple à proximité d’un aéroport.

De même, le FBI, la FAA et les autorités locales n’ont jamais identifié publiquement les personnes qui utilisaient ces drones et ont laissé entendre que la plupart des observations étaient attribuables à des drones de loisir et à des personnes identifiant à tort des planètes et des étoiles comme étant des avions.

2020 : Base conjointe Andrews, Maryland

Les autorités fédérales ont ouvert une enquête suite à une information stipulant qu’un drone s’était approché de l’avion du président Donald Trump alors qu’il se rendait dans le Maryland en provenance du New Jersey.

Les autorités fédérales n’ont jamais identifié publiquement l’opérateur du drone et n’ont jamais reconnu publiquement la conclusion de l’enquête.

2019 : Groupe de la marine américaine, Californie

Des groupes de grands drones ont été signalés au large des côtes californiennes, suivant et surveillant plusieurs navires de la marine et des garde-côtes, notamment le destroyer lance-missiles de pointe USS Zumwalt.

L’incident a déclenché un signal d’alarme dans toute l’armée et une enquête conjointe menée par des éléments de la marine américaine, des garde-côtes et du FBI. Les membres de l’état-major interarmées et le commandant de la flotte du Pacifique ont été tenus au courant de l’évolution de la situation.

Le porte-avions USS Theodore Roosevelt (CVN 71) quitte son port d’attache de San Diego le 17 janvier 2020. (U.S. Navy via Getty Images)

Ni la Maison-Blanche ni le ministère de la Défense n’ont reconnu ce que les drones cherchaient à faire, ni qui les pilotait.

Des rapports d’enquête publiés par The War Zone en 2021 et 2022 ont toutefois révélé que les journaux de bord de l’un des navires de la marine impliqués avaient identifié le navire MV Bass Strait, un vraquier battant pavillon de Hong Kong, comme étant responsable de la présence de ces drones.

Ces drones mettent en évidence les faiblesses de la sécurité américaine

Bien que les autorités gouvernementales aient déclaré que les drones récemment repérés ne constituaient pas une menace imminente pour la sécurité publique, l’absence de réaction laisse craindre que les États-Unis ne soient pas prêts à dissuader l’utilisation de drones pour des activités d’espionnage ou même des attaques contre leurs bases militaires.

Le 15 décembre, le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a déclaré que le gouvernement fédéral n’avait pas l’autorité légale pour engager des drones qui ne se trouvent pas dans un espace aérien restreint et a suggéré que les forces de l’ordre locales prennent les devants « sous la supervision du gouvernement fédéral ».

De même, M. Kirby a déclaré aux journalistes qu’une grande partie des 5000 signalements d’observations de drones enregistrés la semaine dernière étaient imputables à des amateurs, à des drones commerciaux et à des personnes ayant confondu des étoiles avec des aéronefs.

Le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, s’exprime lors du briefing quotidien organisé dans la salle de briefing Brady de la Maison-Blanche, le 15 juillet 2024. (Samuel Corum/AFP via Getty Images)

« Si nous disposions d’informations, qu’il s’agisse de renseignements ou autres, nous indiquant que cette activité de drone constitue une menace pour la sécurité nationale, je le dirais », a assuré M. Kirby.

Le président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants a toutefois averti que certains drones repérés en train de voler près d’installations militaires pourraient être « hostiles » et déployés par le Parti communiste chinois.

« Nous devons identifier qui se cache derrière ces drones », a déclaré Michael McCaul (Parti républicain du Texas) à la presse le 17 décembre.

« Mon jugement, basé sur mon expérience, est que les drones qui survolent nos sites militaires sont hostiles et viennent très probablement de la République populaire de Chine. »

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