Le bras droit historique d’Emmanuel Macron, le secrétaire général Alexis Kohler, quitte l’Élysée en avril, pour rejoindre la Société Générale. Le départ d’Alexis Kohler de l’Élysée, où il était arrivé en même temps qu’Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, a été officialisé le 27 mars.
Le départ de celui qui portait également le surnom de « vice-président » solde une série de rumeurs et spéculations sur son avenir, qui s’étaient amplifiées depuis quelques semaines, et marque un tournant majeur dans la présidence d’Emmanuel Macron.
Au même moment, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en 2014 à Nice, le ministère de l’Économie et des Finances a été perquisitionné le 27 mars, sur des soupçons de blanchiment immobilier visant le milliardaire russe Souleïman Kerimov.
Le cabinet d’un avocat fiscaliste parisien associé à Tiphaine Auzière, fille de Brigitte Macron, est impliqué dans le cadre de l’enquête sur un dispositif fiscal accordé au milliardaire russe.
Un télescopage de deux actualités différentes qui touche des proches du président de la République et laisse la place aux spéculations.
Le bras droit d’Emmanuel Macron quitte l’Élysée
« Alexis Kohler a mis toute son énergie, son talent et sa force de travail hors pair au service de notre projet politique et des Français », lui a rendu hommage Emmanuel Macron, le jour de son départ.
Énarque, diplômé de l’Essec et de Sciences Po Paris, Alexis Kohler est le seul à avoir occupé le poste de secrétaire général de l’Élysée pendant l’entièreté d’un mandat présidentiel.
Depuis l’entrée en politique d’Emmanuel Macron, Alexis Kohler a secondé le président en tant que directeur de cabinet au ministère de l’Économie (2014-2016), puis au moment de sa campagne de 2017.
Selon le Figaro, Alexis Kohler a annoncé son départ à ses équipes le 27 mars, lors d’une réunion de cabinet, en déclarant «Il n’y a pas de moment idéal pour partir, mais il était parfaitement inenvisageable pour moi de partir dans un moment trop chahuté. Nous avons aujourd’hui un budget, un gouvernement, une feuille de route que nous portons”. Il aura attendu le passage des législatives, des élections européennes, de la dissolution et du vote du Budget pour le faire.
Emmanuel Macron perd ainsi son « jumeau », titre Le Monde, ce qui marque une nouvelle ère à sa présidence, à deux ans de son terme.
Sans expliquer les raisons de son départ – si ce n’est de dire qu’il ne resterait pas dix ans au palais de l’Élysée, l’ancien secrétaire de l’Élysée va rejoindre la Société Générale en tant que président de la banque d’investissement. Il « coordonnera […] les activités de fusions et acquisitions » et « de marché des capitaux actions », selon le communiqué du groupe bancaire.
Alexis Kohler aura également pour fonction d’assister le directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, « dans la mise en œuvre des programmes de transformation de l’entreprise », engagée dans un vaste chantier de restructurations et d’économies. Il supervisera aussi le secrétariat général, la direction des ressources humaines et la direction de la communication du groupe.
Il arrive dans un établissement au climat social troublé, l’ensemble des syndicats de la Société Générale ayant appelé à une journée de grève la semaine dernière, pour la première fois depuis l’arrivée de Slawomir Krupa, après l’échec en fin d’année dernière des négociations annuelles obligatoires sur la rémunération.
Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor puis directeur de cabinet de Gabriel Attal lorsqu’il était Premier ministre, lui succédera le 14 avril, a annoncé l’Élysée.
L’épée de Damoclès de dossiers judiciaires en cours
Alexis Kohler arrive cependant dans le privé avec plusieurs dossiers judiciaires en suspens. Il a été mis en examen en 2022 pour prise illégale d’intérêts, soupçonné d’avoir participé comme haut fonctionnaire de 2009 à 2016 à plusieurs décisions relatives à l’armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.
La cour d’appel de Paris a estimé fin novembre que les faits n’étaient pas prescrits, faisant valoir qu’« un pacte de silence » avait permis au secrétaire général de l’Élysée de dissimuler ce lien familial. Lui assure n’avoir « jamais considéré être en situation de conflit d’intérêt ».
Kohler est également visé par une enquête du parquet national financier pour des soupçons de « trafic d’influence » autour de la fusion Veolia-Suez.
Il a en outre refusé de se rendre début février devant une commission d’enquête parlementaire sur le dérapage budgétaire, invoquant successivement des problèmes d’agenda, puis « le principe de séparation des pouvoirs ».
Le député Éric Coquerel (LFI) a saisi le procureur de la République début mars pour demander des poursuites contre M. Kohler, à la suite de ce refus.
Une enquête pour blanchiment vise le cabinet d’un avocat fiscaliste associé à Tiphaine Auzière
Le ministère de l’Économie et des Finances a été perquisitionné la semaine dernière dans le cadre d’une information judiciaire, ouverte « initialement » sur des soupçons de blanchiment immobilier visant un milliardaire russe, a indiqué le parquet.
Ces « perquisitions devraient permettre de comprendre le dispositif fiscal » ayant concerné des villas de luxe sur la Côte d’Azur, « pour un enjeu estimé à plus de 38 millions d’euros », a précisé le parquet. Ces villas étaient « déclarées sous des prête-noms afin de dissimuler le véritable propriétaire de nationalité russe ».
Selon Le Monde, les enquêteurs s’intéressent à un accord conclu entre le milliardaire et l’administration fiscale française en 2019. Avec un patrimoine estimé à plus de 16 milliards de dollars par le classement Forbes 2020, Souleïman Kerimov, originaire du Daguestan, est l’un des hommes les plus riches de Russie. Il figure sur la liste des personnes sous sanctions de l’Union européenne dont les avoirs doivent être gelés, depuis le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine le 24 février 2022.
La justice française enquête sur Souleïman Kerimov depuis des années. L’affaire avait démarré à Nice en 2014 sur une banale planque de la brigade des stupéfiants. Des mouvements suspects d’argent liquide étaient repérés et la piste remontait jusqu’à l’oligarque russe, concernant notamment l’achat en 2008 de la villa « Hier » à Antibes pour 35 millions d’euros, un montant sous-déclaré, comparé au prix de 127 millions réellement payé, selon les enquêteurs.
L’avocat fiscaliste, perquisitionné le 16 décembre 2024, est l’associé de Tiphaine Auzière, belle-fille d’Emmanuel macron, qui n’est pas directement impliquée, selon les premiers éléments de l’enquête. Il représente la société suisse Swiru Holding, soupçonnée d’être l’une des sociétés écran utilisées pour l’achat de villas. Un montage financier avait permis de dissimuler 92 millions d’euros et donc de se soustraire au paiement de taxes et des impôts.
La société Swiru Holding, créée en 1996, a payé 1,4 million d’euros d’amende dans le cadre d’une convention judiciaire d’intérêt public (Cjip) à Nice en mai 2020, pour que cessent les poursuites de complicité de fraude fiscale, mais les poursuites continuent en France.
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