EUROPE

Des experts mettent en garde contre les tactiques de guerre en « zone grise » de Pékin à la suite d’incidents avec les câbles sous la mer Baltique

Selon les experts, les capacités et les actions précédentes du régime chinois en font un suspect de premier ordre dans la détérioration des infrastructures de communication européennes
novembre 27, 2024 2:56, Last Updated: novembre 27, 2024 2:56
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Deux experts sur les forces armées chinoises ont averti que Pékin pourrait déployer davantage de tactiques de guerre en « zone grise » après qu’un navire chinois a été soupçonné d’avoir récemment endommagé deux câbles de télécommunication sous-marins dans la mer Baltique.

Les 17 et 18 novembre, respectivement, un câble entre la Lituanie et la Suède et un autre entre la Finlande et l’Allemagne ont été sectionnés.

Un cargo chinois, le Yi Peng 3, est devenu le centre de l’enquête des autorités. Son déplacement a coïncidé avec la date et le lieu des dommages, bien qu’aucun lien direct entre le navire et les incidents n’ait été établi.

À la suite de ces incidents, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré qu’il pensait que les câbles avaient été délibérément sabotés. Selon lui, il s’agirait d’une « action hybride », en référence à la guerre hybride ou à la guerre en zone grise – termes qui décrivent des agressions qui n’entrent pas dans le cadre d’un conflit militaire ouvert.

La Chine et la Russie ont toutes deux rejeté toute implication.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé lors d’un point de presse qu’il était « tout à fait absurde de continuer à blâmer la Russie pour tout sans aucune raison ». Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, quant à lui, a déclaré que le ministère n’était tout simplement pas au courant de cette situation.

Les capacités de guerre en zone grise de Pékin

Selon les experts en défense de l’Institute for National Defense and Security Research (INDSR) de Taïwan, les capacités de Pékin et ses actions antérieures en matière d’utilisation de tactiques de guerre en zone grise font du régime un suspect de premier ordre.

« Il est raisonnable de soupçonner la Russie et le Parti communiste chinois (PCC) d’être derrière tout cela », a indiqué Su Tzu-yun, directeur de la division de la Stratégie et des Ressources de défense de l’institut, en faisant référence aux capacités robotiques sous-marines de la Chine et de la Russie et aux dommages causés par le passé aux câbles autour de l’Europe.

Les incidents en mer Baltique surviennent un peu plus d’un an après que le porte-conteneurs Newnew Polar Bear, immatriculé à Hong Kong, a été soupçonné d’avoir endommagé le gazoduc Estonie-Finlande et deux câbles sous-marins entre l’Estonie, la Finlande et la Suède.

Il a été rapporté en août dernier que Pékin avait mené une enquête et a conclu que ce navire avait endommagé le gazoduc par accident. Pourtant, l’Estonie a indiqué à l’époque que Pékin n’avait pas répondue à une demande d’aide juridique, tandis que la police finlandaise a laissé entendre que son enquête était toujours en cours, selon le South China Morning Post.

Epoch Times a demandé au Bureau national d’enquête finlandais et au Bureau du procureur d’Estonie de lui faire parvenir des informations actualisées.

Shen Ming-shih, directeur de la division de la Recherche sur la sécurité nationale de l’INDSR, a évoqué la possibilité que des navires chinois aient saboté les câbles sous-marins reliant l’île principale de Taïwan et son archipel, les îles Matsu, en février 2023.

« Il est donc possible que le PCC ait procédé à des sabotages en mer Baltique », a-t-il soutenu, ajoutant qu’une explication plus plausible serait une collusion entre Pékin et Moscou.

« C’est de la même manière que le PCC arme la Russie, indirectement et discrètement, afin d’éviter les questions des États-Unis et d’autres pays occidentaux », a noté M. Shen.

« Si le PCC l’a fait, il devrait bien sûr cacher ses intentions et ses actions ou confier cette tâche à un navire civil afin d’éviter de déclencher un conflit ; c’est là tout l’intérêt des actions en zone grise. »

Selon Vladyslav Vlasiuk, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, environ 60 % des pièces étrangères trouvées dans les armes russes en Ukraine provenaient de Chine.

Les États-Unis ont déjà sanctionné des entités chinoises pour avoir vendu à la Russie des composants susceptibles d’être utilisés à des fins militaires. En octobre, ils ont pour la première fois imposé des sanctions contre des entités chinoises pour avoir « développé et produit directement des systèmes d’armes complets en partenariat avec des entreprises russes ».

La Chine a nié à plusieurs reprises le fait que des entités chinoises aient fourni à la Russie des armes destinées à être utilisées dans la guerre en Ukraine, affirmant qu’elle restait neutre.

Selon l’analyse de M. Shen, le sabotage des câbles sous-marins autour de l’Europe pourrait avoir pour objectif de perturber les communications, en particulier dans les pays de l’OTAN qui soutiennent l’Ukraine, de tester les réactions des pays européens face aux tactiques en zone grise et de saboter la coopération entre les pays européens en matière de communications et de défense.

Il a averti que l’État-parti chinois « pourrait également mettre en œuvre d’autres tactiques de guerre en zone grise autour de Taïwan ou dans d’autres régions avant l’investiture du président américain Donald Trump – et ce, afin de faire pencher la balance en faveur de la Chine et de la Russie et d’aider indirectement la Russie de mener la guerre » contre l’Ukraine.

Su Tzu-yun s’est fait l’écho de cette analyse, affirmant qu’il ne s’agit peut-être que de la « première étape » des hostilités du régime chinois à l’égard de l’Europe.

Toutefois, s’il est prouvé que ce régime est à l’origine du sabotage, « l’Union européenne pourrait infliger des sanctions commerciales » à Pékin, a-t-il ajouté.

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