Les salaires des enseignants, à propos desquels Emmanuel Macron doit faire des annonces jeudi, ont chuté depuis les années 1980, une situation qui n’a pas été enrayée malgré des revalorisations successives.
Le salaire des enseignants évolue progressivement au cours de leur carrière, en fonction de leur grade (classe normale, hors-classe et classe exceptionnelle). S’y ajoute diverses primes, communes à tous (indemnité de suivi des élèves par exemple) ou liées à des missions particulières (prime de professeur principal…).
Le salaire net mensuel moyen des enseignants du secteur public s’élevait en 2020 à 2596 euros, selon le dernier bilan social publié par le ministère de l’Éducation (primes et indemnités comprises), avec de fortes disparités entre les enseignants, selon leur statut, leur ancienneté, etc. Il était de 2397 euros dans le premier degré et 2774 euros dans le second degré; et 2635 euros pour les enseignants titulaires, contre 1948 pour les contractuels.
Lors de sa titularisation, après son année de stage, un professeur des écoles ou un professeur certifié (Capes) touchent 1698 euros net par mois hors primes (un peu plus de 1920 euros avec les primes). Par rapport aux autres fonctionnaires, le salaire net des enseignants « se rapproche de celui des brigadiers et gardiens de la paix », moins diplômés, soulignait en juin 2022 un rapport du Sénat.
Des revalorisations bien loin de compenser la baisse du traitement.
Pour mesurer le pouvoir d’achat des enseignants, des économistes prennent le Smic comme référence : le salaire brut des jeunes enseignants de collège (hors primes) équivalait à 2,3 fois le Smic en 1980, il n’était plus que de 1,2 fois le salaire minimum en 2021, 40 ans plus tard, selon les calculs de Lucas Chancel, chercheur à l’École d’économie de Paris (PSE). « Un déclassement radical, résultat d’un sous-investissement chronique dans la fonction publique », selon lui.
Cette « nette chute » des salaires enseignants depuis les années 80 est « liée au fait que le point d’indice n’a plus été revalorisé depuis 1983 au même rythme que l’inflation » (puis gelé presque systématiquement entre 2010 et 2022), explique à l’AFP Bernard Schwengler, auteur du livre « Salaires des enseignants, la chute ». « Au départ, c’était une perte de pouvoir d’achat de 0,5% ou 1% sur l’année, ça ne se sentait pas beaucoup. Mais à la longue, sur plusieurs décennies, ça a fini » par peser, souligne-t-il. Pour certaines catégories de fonctionnaires, l’augmentation des primes « a compensé la baisse du traitement indiciaire brut par rapport à l’inflation », mais pas chez les enseignants, pour qui « les primes ont très peu augmenté ». Il a calculé que la baisse des salaires réels avait atteint près de 28% de 1982 à 2018. Les revalorisations ont été loin de compenser la baisse du traitement.
Les salaires des enseignants français sont inférieurs à la moyenne de l’OCDE à chaque étape de la carrière, à tous les niveaux d’enseignement sauf en maternelle, selon le dernier rapport « Regards sur l’éducation » de 2022. L’écart est plus important avec 10 et 15 ans d’expérience qu’en début ou fin de carrière. Les salaires annuels des enseignants certifiés avec 15 ans d’expérience atteignaient ainsi pour le collège l’équivalent de 43.133 dollars (39.321 euros) en 2021, soit 16% de moins que la moyenne de l’OCDE.
Il faut 35 ans d’expérience aux enseignants en France pour passer du salaire de départ au salaire le plus élevé, contre 26 ans en moyenne dans les pays de l’OCDE.
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