GOSHEN, État de New York — Sous le soleil brûlant de la fin de matinée, une femme de petite taille monte sur la scène. Elle prend le micro et commence à parler. Sa voix est claire, parfois agitée jusqu’à crier, puis calme à nouveau. Les images évoquées sont si horribles que l’auditeur du parc lumineux plonge soudain dans un univers sombre, à quelque 10.000 km de là.
« Je m’appelle Yuhua Zhang. Je pratique le Falun Gong », commence‑t‑elle.
« J’étais professeure et directrice du département des langues russes à l’université normale de Nanjing, en Chine. En raison de ma foi dans le Falun Gong, j’ai été licenciée par mon université. D’octobre 2000 à novembre 2012, j’ai été incarcérée dans plusieurs endroits, notamment le camp de travail pour femmes de la province de Jiangsu, le centre de détention de Nanjing et la prison pour femmes de Nanjing. J’ai subi de nombreuses formes de torture pendant plusieurs années. J’aimerais vous raconter une partie de ce que j’ai vécu. »
Campagne de misère
Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une discipline fondée sur les principes de la vérité, de bienveillance et de patience. Pékin persécute les pratiquants de Falun Gong depuis 23 ans. En 1999, la pratique était très populaire et comptait jusqu’à 100 millions d’adhérents.
Le 20 juillet 1999, le Parti communiste chinois (PCC) a lancé une campagne de propagande nationale contre le Falun Gong. Le programme visait l’éradication en trois mois de la discipline spirituelle trop populaire à son goût. Ce délai correspondait à celui nécessaire pour le chef du Parti de l’époque, Jiang Zemin, de revendiquer la victoire au Congrès du Parti à l’automne suivant.
L’État a déployé sa vaste machine de répression : tous les médias ont reçu l’ordre d’imprimer et de diffuser un flot ininterrompu d’informations visant à diaboliser les pratiquants de Falun gong, à les accuser de tous les maux touchant la société. Du jour au lendemain, la pratique a été déclarée illégale. L’enseigner, partager ses écrits ou même en parler positivement est devenu passible de prison, ou de traitements plus terribles encore.
Depuis vingt ans donc, affluent les cas rapportés de personnes torturées à mort dans les prisons chinoises, dont le « crime » est de pratiquer le Falun Gong.
Yuhua Zhang, 62 ans, a partagé sa dernière arrestation, en novembre 2011.
« La police (…) m’a emmenée dans un hôpital, où ils m’ont injecté de force, à deux reprises, un médicament inconnu. Ils m’ont également attaché les mains et les jambes à un lit, m’ont fermement serré la joue pour forcer ma bouche à s’ouvrir et m’ont fait avaler des médicaments. Ces drogues m’ont engourdi la langue, raidit les membres, donné des convulsions et une douleur extrême. J’ai perdu connaissance. »
« Le lendemain matin, ils ont enfoncé un tube dans mon nez, [l’on descendu] jusqu’à mon estomac, et y ont versé quelques flacons de médicaments inconnus. J’ai commencé à me sentir étourdie, à avoir des palpitations cardiaques, de la nausée, des spasmes et des douleurs musculaires. Les spasmes étaient aussi à la gorge et les muscles de mon visage se sont contractés. Je ne pouvais pas ouvrir la bouche et j’avais du mal à respirer. Mon cœur battait la chamade comme si j’étais sur le point de mourir. Mes doigts s’étiraient de façon incontrôlable. J’ai ressenti une douleur atroce et j’ai perdu connaissance. »
Les méthodes de torture
Il y a des milliers d’histoires semblables à celle de Yuhua Zhang. Xia Haizhen, 46 ans, originaire de Shanghai, a passé sept ans au total (en plusieurs fois) dans la prison pour femmes de Shanghai. Sa première arrestation remonte à 2003. Elle a été arrêtée pour avoir rendu visite à un pratiquant de Falun Gong, explique‑t‑elle lors du rassemblement de Goshen le 17 juillet.
« Plus de 20 policiers se relayaient pour m’interroger jour et nuit. Ils m’ont menotté les mains, m’ont attachée sur une chaise en fer pendant six jours et six nuits, et ont allumé une ampoule très lumineuse [devant] mes yeux, m’empêchant de dormir. »
« J’ai entamé une grève de la faim pour protester. Un policier m’a obligée à marcher pieds nus sur le sol en béton, en me tirant par les menottes aux poignets. Lorsque je ne coopérais pas, il me donnait des coups de pied à la tête avec ses chaussures en cuir. »
Après six jours, Mme Xia a été emmenée à l’hôpital de la prison.
« J’ai été maintenue de force par quatre policiers et menottée à une chaise en fer. Un policier a attrapé mes cheveux et m’a empêchée de bouger. Un autre policier a inséré brutalement un tube en plastique dur et épais dans mon nez et dans mon estomac. J’ai immédiatement saigné du nez. »
« Ensuite, ils m’ont mise sur le ‘lit de mort’, m’ont tendu les bras et les jambes et m’ont attachée avec des cordes pour que mon corps ne puisse pas bouger. Les cordes étaient si serrées qu’elles s’enfonçaient dans ma chair. La douleur était insupportable. Pour augmenter ma douleur, un policier tirait sur le tube en plastique d’avant en arrière toutes les quelques minutes, faisant couler beaucoup de sang de ma cavité nasale. J’ai poursuivi ma grève de la faim pendant treize jours. Je ne vomissais que du liquide noir. »
Mme Xia a finalement été libérée au bout de trois ans, mais a été de nouveau arrêtée en 2012.
Elle a alors été maintenue dans une petite cellule, de moins de 3 mètres par 4 mètres, avec six autres détenues qui la « surveillaient ».
« Les gardiens de prison m’ont électrocutée avec des matraques électriques, m’ont mis une camisole de force et m’ont menotté les mains dans le dos pendant 15 jours. Ils ont utilisé des haut‑parleurs pour me forcer à écouter des chansons faisant l’éloge du PCC en boucle. Dans le même temps, les gardiens et les détenus qui me surveillaient venaient toutes les heures me retirer les menottes et me torturer. »
Certaines des méthodes de torture étaient simples. En hiver, les gardiens l’attachaient à une chaise près d’une fenêtre ouverte pendant deux jours, jusqu’à ce que ses mains et ses pieds deviennent engourdis par les gelures.
Une fois, elle a été forcée de s’asseoir sur un petit banc dur à la surface irrégulière. « Après avoir été forcée de s’asseoir sur le banc pendant un long moment, mes fesses saignaient et collaient à mon pantalon (…) chaque moment était douloureux », déclare‑t‑elle.
Une fois, Mme Xia a été obligée de tenir un verre d’eau brûlante entre ses cuisses. D’autres fois, les gardiens envoyaient d’autres détenus la battre et la maltraiter. Un prisonnier lui a arraché les cheveux, « une poignée après l’autre », dit‑elle. Un autre prisonnier lui a griffé le dos avec ses ongles jusqu’à le couvrir de sang.
La torture la plus intense, selon ses mots, était le lavage de cerveau.
« Ils m’ont forcée à regarder des vidéos gorgées de mensonges, où le noir et le blanc sont inversés. Lorsque je fermais les yeux et refusais de regarder, la prisonnière me pinçait les paupières et m’interdisait de fermer les yeux. Elle m’a également mis des écouteurs, mis le volume au maximum et m’a forcée à écouter des calomnies éhontées sur le Falun Gong. »
« J’avais l’impression que l’on poignardait mon esprit, un coup après l’autre, sans fin. »
Le terme le plus juste serait l’enfer, dit‑elle.
« Je ne pouvais pas survivre, je ne pouvais pas mourir, ma détermination était presque anéantie. Seuls les trois mots [principes du Falun Gong] ‘Vrai, Bon, Patient’, demeuraient dans mon esprit et me soutenaient dans cette expérience très sombre. Lorsque je suis sortie de prison, mon corps était entièrement bleu et violet, marqué de cicatrices et amaigri. »
Après avoir été libérée en 2016, Mme Xia a réussi à s’échapper en Amérique.
« Aujourd’hui, je peux vivre sur la terre libre des États‑Unis et avoir la liberté de croire en l’Authenticité, la Bienveillance et la Tolérance. Je me sens extrêmement chanceuse. »
« Cependant, en Chine, actuellement, des milliers de pratiquants de Falun Dafa continuent de subir les persécutions brutales que j’ai autrefois subies. »
Elle a appelé « les personnes au grand cœur à prêter main forte pour mettre fin à cette persécution inhumaine le plus tôt possible ».
Réponse mondiale
La persécution du Falun Gong a été dénoncée par les gouvernements du monde entier, notamment via un certain nombre de résolutions du Congrès américain et de rapports des Nations unies. En 2020, un tribunal indépendant au Royaume‑Uni a déterminé que le PCC avait tué des pratiquants de Falun Gong et d’autres dissidents emprisonnés pour leurs organes, afin d’alimenter une industrie de la transplantation, avec le concours de patients étrangers qui déboursent de fortes sommes.
Pourtant, selon plusieurs participants du rassemblement, le sujet attire peu l’attention des gouvernements et des médias. C’est aux pratiquants de Falun Gong de devoir en informer le public.
« C’est important [de tenir cet événement] parce que quelqu’un doit le faire, personne ne le fait », déclare Julia Baniasadi, 44 ans, qui participe au rassemblement avec sa famille.
En Chine, le PCC contrôle les informations relatives à la persécution, en particulier sur la torture et les abus dans les prisons.
« Beaucoup de Chinois en Chine ne sont même pas au courant de la persécution », soutient‑elle.
Même aux États‑Unis, les médias abordent rarement le sujet.
« Il y a beaucoup de choses sur ce sujet que les médias ne rapportent pas », déclare Nikou, 18 ans, fille de Mme Baniasadi.
« Prenons les médias grand public. Ils n’en parlent pas, ils ne le rapportent pas. Rien. Pour une raison quelconque, c’est toujours étouffé. Alors je suppose que nous devons prendre nous‑mêmes l’initiative de sortir et d’informer les gens. »
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