Les Jeux olympiques de Paris ? un « beau vernis qui cache la misère », ont dénoncé vendredi des militants associatifs qui ont mené une action coup de poing devant le monument parisien du Sacré-Cœur, pour dénoncer le « nettoyage social » des plus précaires en Île-de-France.
De la peinture aux couleurs olympiques, bleue, jaune, noire, rouge, verte, qui dégouline et recouvre les mots « solidarité » ou encore « sans-abrisme » déployés sur les marches menant à la basilique de Montmartre, où la flamme olympique doit être présentée avant les JO-2024 (26 juillet-11 août).
« Les JO, c’est un beau vernis qui cache la misère. C’est ça le nettoyage social, c’est faire disparaitre la solidarité », a illustré Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du Monde et porte-parole du collectif « Le revers de la médaille », qui regroupe plusieurs associations et ONG venant en aide aux personnes précaires vivant à la rue.
Vers 8h00 vendredi, sous les regards interloqués des touristes venus admirer le lever du soleil, plusieurs dizaines de militants ont déployé des banderoles – « Ne pas laisser l’exclusion en héritage », notamment – devant le monument et ont déroulé de longues bandes de papier sur les escaliers de la butte Montmartre.
Sur chacune, un mot : « squats », « bidonvilles », « campements » : autant de lieux de vie occupés par des migrants, des sans-abri ou encore des travailleuses du sexe et qui sont progressivement vidés par les autorités en vue des Jeux, s’inquiètent depuis plusieurs mois ces organisations.
« Des centaines d’enfants dans les rues » cette nuit
« On veut alerter sur l’état du sans-abrisme aujourd’hui en Île-de-France : cette nuit, il fera 3 degrés et il y aura des centaines d’enfants dans les rues de Paris, de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), des dizaines de milliers de personnes qui survivent dans des campements de misère, des squats, des bidonvilles », a expliqué M. Alauzy.
« Qu’est-ce qui va advenir de ces gens dans les semaines à venir et surtout dans six mois, quand à cet endroit il y aura la flamme olympique et que les caméras du monde entier ne s’intéresseront qu’au sport, à la grandeur de la France ? », a-t-il encore interrogé.
Les associations, qui avaient déjà mené fin octobre une première action devant le siège du Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo), réclament une série de mesures pour atténuer les effets néfastes des JO sur ces populations : création d’un centre de premier accueil pour les personnes migrantes, – « comme ce qui a été fait en trois jours pour les Ukrainiens », souligne M. Alauzy – des salles de consommation pour les usagers de drogue ou encore un système de ticket service pour l’aide alimentaire durant la période olympique.
« L’urgence c’est avant, pendant et après les Jeux »
Pour l’instant, malgré les 120.000 places d’hébergement d’urgence proposées chaque nuit en Île-de-France par la préfecture, le compte n’y est pas pour les associations. Elles redoutent notamment que les autorités veuillent faire place nette, pour des questions d’image, en région parisienne où selon elles des dizaines de milliers de personnes vivent dans des lieux informels, dont plus de 3000 dans les rues de Paris.
Pour les seuls squats et foyers de travailleurs migrants, le collectif Schaeffer, soutien du « Revers de la médaille », estime à 4100 le nombre de ressortissants de pays africains qui ont été déplacés de la Seine-Saint-Denis après le démantèlement de leur lieu de vie.
À cela s’ajoute l’accélération des démantèlements de campements (35 opérations menées par la préfecture de la région d’Île-de-France depuis janvier), d’où 3329 personnes ont été transférées en province : en avril, le gouvernement a ouvert plusieurs « sas » dans les régions, des structures d’accueil temporaires destinées à recevoir des personnes exilées qui vivaient dans les rues de Paris. « L’urgence arrive dans six mois », observe Paul Alauzy. « Mais l’urgence c’est avant, pendant et après les Jeux. »
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