La question de savoir si la présence d’animaux de compagnie dans les Ehpad est bénéfique aux résidents n’est plus à débattre. Mais pour le moment toutefois, rares sont ceux qui acceptent ces boules de poils. Cependant, cette restriction pourrait bien être abolie prochainement.
Dans le cadre de la loi « bien vieillir », un amendement a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale fin novembre dernier. Celui-ci prévoit pour les Ehpad l’obligation de garantir « le droit de leurs résidents d’accueillir leur animal ».
« On n’ajoute pas de la rupture à la rupture »
S’il existe déjà, dans le cadre de programmes au sein des maisons de retraites, l’intégration d’animaux, les résidents n’ont toutefois pas le droit de vivre avec leur propre animal de compagnie.
L’amendement proposé en décembre dernier par Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine et également médecin, permettrait enfin aux résidents d’accueillir leur animal de compagnie. L’objectif de cet amendement – qui a été voté par tous les groupes au sein de l’Assemblée nationale – est de « permettre à l’Ehpad de devenir un lieu de vie répondant aux attentes et aux besoins de chaque personne vieillissante, et favoriser le sentiment d’être chez soi », indique Nice-Matin.
« L’entrée en Ehpad est une rupture en soi. On n’ajoute pas de la rupture à la rupture. N’oublions pas que les animaux sont pourvoyeurs de bonheur pour les gens qui les aiment », a expliqué le député dans les colonnes du Parisien.
Pour améliorer la qualité de vie des résidents d’Ehpad
Lorsque les personnes âgées sont placées dans des maisons de retraite, se séparer de leurs animaux de compagnie est un véritable déchirement pour elles, mais aussi parfois pour l’animal. « C’est un traumatisme très profond d’un point de vue affectif, pour le moral et pour l’humeur chez des personnes déjà fragilisées par le fait d’intégrer un Ehpad », a souligné auprès du quotidien francilien le professeur Krolak-Salmon, neurologue, gériatre et directeur médical depuis un an du groupe Orpea.
En revanche, leur permettre de garder leur animal avec eux leur procurerait d’immenses bienfaits, aussi bien physiques que psychologiques. Rompre la solitude, favoriser la mobilité et les interactions sociales, ralentir le déclin cognitif sont autant de points positifs d’une telle initiative.
« Si on commence à mettre des conditions d’autonomie, c’est la fermeture du système »
Toutefois, accepter un animal de compagnie dans un Ehpad soulève des questionnements. Hormis le fait que l’animal dans l’enceinte d’un Ehpad doit montrer patte blanche au niveau de son carnet de vaccination, il faudra aussi vérifier que l’animal s’y sente bien.
Il est primordial également de s’assurer du confort des autres résidents, notamment au niveau des allergies, ou par rapport à d’éventuelles nuisances sonores. Cette initiative soulève une autre problématique, à savoir si le résident détenant un animal de compagnie est capable de s’occuper de lui ou non. Car si un résident n’ayant plus suffisamment d’autonomie souhaite que son animal reste dans sa chambre, des problèmes d’hygiène peuvent rapidement se poser.
Sur cette question, Philippe Juvin a une position très tranchée : « Si on commence à mettre des conditions d’autonomie, c’est la fermeture du système. Parce que l’autonomie est compliquée à mesurer, parce que la dépendance n’est pas linéaire dans la vie des personnes âgées. Et parce que vu l’argent qu’on donne aux Ehpad, c’est aux Ehpad de s’adapter aux personnes âgées et non le contraire. Donc, on met des moyens pour les aider à s’occuper de leur animal et les garder auprès d’eux. »
Des « pratiques hétéroclites qui existent déjà sur le territoire et sont parsemées »
En outre, la question de l’interaction entre les animaux sur place se posera également. Tous ces facteurs devront donc être analysés en amont et une période d’essai pourra aussi être envisagée, afin que la cohabitation entre tous soit harmonieuse.
Le professeur Krolak-Salmon, lui, voit tout cela d’un bon œil et se réjouit d’avance de voir se généraliser ces « pratiques hétéroclites qui existent déjà sur le territoire et sont parsemées ». « Et les bénéfices sont tellement importants que ça justifie la mise en place de nouvelles pratiques organisationnelles pour accueillir les résidents avec leurs animaux. D’autre part, le retour d’expérience montre qu’on ne part pas sur des quantités d’animaux insurmontables ! » a-t-il assuré.
Pour l’heure, nos confrères du Parisien précisent que lors de la commission, l’amendement a été retiré par le Sénat et Philippe Juvin se bat « pour qu’il soit réintégré pour la plénière qui portera sur ce sujet dans les quinze jours à venir ».
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