Elon Musk, le PDG et cofondateur de Tesla et SpaceX, joue à des jeux dangereux. Le 20 juin, il proposait au fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, un « match en cage », que ce dernier a accepté de relever. La date de ce match reste à déterminer, les deux titans de la technologie étant férus d’arts martiaux.
Le lieu du combat fait l’objet de discussions, Las Vegas ou le Colisée de Rome étant en tête de liste des pronostics. Mais les bravades qui précèdent généralement les combats, avec leur lot d’insultes classiques, en arrivent maintenant au stade où Musk menace de porter plainte contre la nouvelle application Threads de Zuckerberg, qu’il accuse de reprendre certaines fonctions de Twitter.
Pourtant le jeu le plus dangereux auquel se livre Musk se situe très à l’est de Las Vegas, à Pékin, pour être précis. Là-bas, le défi est si grand que l’homme de Tesla est apparemment contraint de soutenir publiquement l’idéologie socialiste pour maintenir à flot son projet commercial d’un milliard de dollars.
À l’heure actuelle, le Parti communiste chinois et les entreprises qu’il a sous sa coupe ont quasiment pris le contrôle de Tesla. Mais quel vrai capitaliste ne deviendrait pas socialiste s’il avait la chance de gagner quelques milliards de dollars supplémentaires et tant que dure la fête ?
En 2018, il a déclaré sur Twitter : « Au fait, je suis socialiste. Mais pas le genre qui déplace les ressources des plus productifs vers les moins productifs, en prétendant faire le bien, alors qu’il cause en réalité du tort. Le vrai socialisme recherche le plus grand bien pour tous ».
Il se décrit lui-même comme un « absolutiste de la liberté d’expression ». Pourtant, lors de sa visite en Chine cet été, notre tweeter en chef est resté totalement silencieux sur sa propre plateforme. Cette autocensure inhabituelle était peut-être une façon de rendre hommage aux lois du PCC contre Twitter ?
Twitter s’est déjà plié à plus de 800 demandes de censure de différents gouvernements dans le monde depuis qu’il est à la tête de l’entreprise, ne résistant qu’à 20 % d’entre elles, contre 50 % avant l’arrivée de Musk.
Le 6 juillet, il s’est à nouveau épanché sur les prouesses économiques et technologiques de la Chine. Il s’est retenu de faire des comparaisons gênantes avec le Japon, la Corée du Sud et Taïwan.
« La Chine sera excellente dans tout ce qu’elle entreprend », a-t-il déclaré lors d’une conférence sur l’IA organisée à Shanghai par liaison vidéo.
Musk n’a aucun problème pour insulter Zuckerberg à tout bout de champ, mais quand il s’agit de dénoncer les exactions du dirigeant chinois Xi Jinping, notamment le totalitarisme et le génocide qui sévissent dans le pays, ses propos deviennent soudain beaucoup plus circonspects. Apparemment, il a décidé qu’il ne mordrait pas la main de celui qui le nourrit en même temps qu’elle le cloue au sol. Au contraire, il abonde dans leur sens, et devient complice.
Il en a remis une couche en terme d’allégeance au socialisme il y a peu de temps, en signant un engagement, avec d’autres constructeurs automobiles également dépendant de la Chine, pour « adhérer aux règles et réglementations de l’industrie, réguler les activités de marketing, maintenir une concurrence loyale et ne pas perturber la concurrence loyale par des prix anormaux » ainsi qu’à « promouvoir les valeurs socialistes fondamentales, remplir activement les responsabilités sociales et assumer la lourde responsabilité de maintenir une croissance régulière, de renforcer la confiance et de prévenir les risques », d’après une traduction de Bloomberg.
Parmi les autres signataires de l’EV figurent BYD, Nio et SAIC.
Le Financial Times remarque que « Pékin a ordonné à l’industrie de mettre un frein à la guerre des prix qui dure depuis des mois ».
Musk, cependant, n’avait pas joué toutes ses cartes de capitaliste malgré cette signature en faveur d’un engagement socialiste de gel des prix. Deux jours après la signature, Tesla offrait aux consommateurs un rabais en espèces. Je doute que Karl Marx soutienne les rabais en espèces.
Peut-être Tesla avait-il à l’esprit de respecter les grandes lignes du socialisme uniquement? Encore une preuve, s’il en fallait une, qu’il n’y a apparemment pas d’honneur parmi les voleurs.
L’accord semblait aller dans le sens d’un respect de certains principes de marché et ainsi éviter de perturber la « concurrence loyale par le biais de prix anormaux ». Or, la guerre des prix n’a rien d’anormal dans les systèmes de marché, sauf quand un vendeur tente de vendre à un prix inférieur à celui de la production, ce qui revient à pratiquer du dumping.
Pourtant, les grandes entreprises (et les pays comme la Chine) ont recours au dumping pour mettre hors-jeu des concurrents (et des pays) relativement plus petits, et se créent ainsi des conditions de monopole. Mais le capitalisme monopolistique du XIXe siècle, que Pékin veut apparemment remettre au goût du jour, n’est pas propice à la concurrence qu’exigent les marchés modernes quand ils sont véritablement libres.
Le fait que Pékin intervienne et empêche une baisse des prix pour les consommateurs chinois soulève des questions évidentes : Musk et les autres sont-ils en train de fixer les prix sur ordre du PCC et aux dépens des citoyens chinois ? Est-ce là le « vrai socialisme » qui recherche le « plus grand bien pour tous » dont parlait Musk ?
Cette hypocrisie apparente peut en déconcerter plus d’un, mais il faut se souvenir que Musk est avant tout un capitaliste qui exploite la Chine pour tout ce qu’elle a. En échange, il laisse la Chine exploiter ses entreprises et les technologies dont le PCC a besoin pour développer son marché mondial des véhicules électriques à conduite autonome, et sans doute d’autres choses (les fusées SpaceX ?).
Musk et Pékin ont conclu un pacte avec le diable grâce auquel ils sortent tous deux gagnants. Ce sont les consommateurs chinois et occidentaux qui restent sur le carreau car ils paient les voitures électriques et la sécurité nationale plus cher qu’ils ne le devraient. Cela ne devrait être une surprise pour personne: les citoyens chinois ont accepté dans leur ensemble, depuis les années 1920, de se laisser contrôler par le PCC. Mais les citoyens des pays occidentaux et du reste du monde prennent aujourd’hui le même risque.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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