« On vous soutient », « courage à toute l’équipe », « on est avec vous » : de nombreux clients sont au rendez-vous lundi à la réouverture de la boulangerie du Tarn-et-Garonne appartenant à un couple disparu sur l’île de Madère il y a près d’un mois.
Sous le ciel grisâtre de la commune de Beaumont-de-Lomagne, les clients qui franchissent les portes coulissantes de la boulangerie, au centre du village, ont souvent la mine fermée. Venus pour la réouverture du commerce, ils sont nombreux à être encore sous le choc de la disparition du couple.
« Ne pas voir mes parents est très difficile »
En vacances sur l’île portugaise, les deux touristes de 58 et 56 ans n’ont plus donné signe de vie, après être partis le 16 mars pour une randonnée à Sao Vicente, dans le nord de l’île. Après la découverte de deux corps, dont tout semble indiquer qu’ils appartiennent aux deux Français, la police de Madère privilégie la piste de l’accident.
Leur fille de 27 ans, Johanna, qui avait alerté les autorités en ne les voyant pas revenir, a décidé avec sa soeur, près d’un mois après leur disparition, de rouvrir la boulangerie qu’ils tenaient depuis des années. « C’était important pour les employés et pour que les clients puissent retrouver le confort d’avoir un commerce de proximité », explique-t-elle. Mais « passer les portes et ne pas voir mes parents est très difficile », témoigne la jeune femme.
La décision de réouverture a été prise par Johanna, la fille cadette du couple. « C’était leur commerce, leur bébé à eux. On a décidé de faire appel à un mandataire judiciaire pour qu’il puisse prendre en compte la gestion des fournisseurs, les salariés et les comptes bancaires. Il va nous délester de beaucoup de choses », a-t-elle confié au quotidien La Dépêche.
La clientèle très émue
L’émotion est palpable également du côté de la clientèle. Le regard humide, certains ne parviennent pas à exprimer leur chagrin : « C’est trop dur », souffle une cliente, la voix brisée, en sortant du commerce.
Derrière le comptoir, Véronique, employée de l’établissement depuis des années, partage la même peine : « C’est difficile » confie-t-elle, la lèvre tremblante. Malgré son chagrin, cette employée se satisfait de la réouverture : « C’est pour leur rendre hommage. »
Un sentiment partagé par Nicolas Frédéric, 45 ans, boulanger du commerce depuis quatre ans qui considère la boutique « comme l’âme du village ». « On est très content, pour les employés mais aussi pour les villageois », dit-il. « C’est une très bonne nouvelle. Avec la réouverture de cette boulangerie, c’est un peu la vie qui va reprendre son cours à Beaumont » a déclaré Jean-Luc Deprince, le maire de Beaumont-de-Lomagne à nos confrères de La Dépêche.
Côté villageois, Geneviève Bajwa, Beaumontoise depuis 20 ans se dit « très émue ». Les yeux embués, cette retraitée de 70 ans se remémore sa relation avec la patronne de l’établissement : « C’était une personne qui avait toujours un mot gentil », selon elle.
Elle n’est pas la seule à être marquée par la disparition du couple de commerçants.
Loïc Ducasse, 26 ans, agriculteur des environs, qui fournissait le blé à l’établissement, ne croyait pas à leur disparition. « On discutait à chaque fois que je passais. Ils étaient très gentils », témoigne-t-il. Pour lui, revenir ce lundi matin, « pour la première fois » depuis leur disparition, « est compliqué ».
Baguette sous le bras fraîchement achetée, Michel Brotons, 86 ans, habite à quelques mètres de la boulangerie. S’il est ravi de pouvoir revenir dans son commerce habituel, il n’en est pas moins bouleversé : « J’aurais préféré les voir vivants et aller chercher mon pain ailleurs », lâche-t-il.
Johanna et sa sœur Pauline n’ont pas eu d’information quant aux suites de l’enquête toujours en cours. « On ne sait pas quand on pourra récupérer et faire rapatrier les corps de nos parents. Quelque part, même si on aurait voulu que ce soit dans d’autres circonstances, on est contentes de savoir qu’on va les retrouver et pouvoir entamer notre deuil », a confié Johanna à la Dépêche.
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