En tant que professionnel de la santé mentale, j’entends chaque semaine des commentaires comme ceux-ci: »Lorsque mon conjoint commence à s’énerver, la situation s’aggrave rapidement et devient parfois incontrôlable. Je ne sais pas quoi faire ».
« Mon collègue s’emporte au moindre problème et cela me fait peur. Il va se faire licencier – ou peut-être blesser quelqu’un. »
« Mon colocataire est toujours en train de fulminer à propos de quelque chose, et cela me met en ébullition. Que peut-on faire avec une personne irascible ? »
Il y a de fortes chances que nous puissions dire quelque chose de similaire. En effet, nous avons tous au moins une personne colérique et explosive dans notre vie – et pour la plupart d’entre nous, il y en a plusieurs.
Si les personnes explosives ne font pas partie de notre cercle de parents, d’amis ou de collègues, nous les rencontrons certainement sur la route, à l’épicerie ou dans le voisinage. Il n’est donc pas surprenant que des recherches récentes aient révélé que :
• Selon la Harvard Medical School, près de deux tiers des adolescents américains ont connu un accès de colère impliquant des menaces de violence, la destruction de biens ou des actes de violence à l’égard d’autres personnes.
• Dans une étude réalisée en 2019 par The Zebra, 82 % des personnes ont admis avoir commis un acte de rage au volant au cours de l’année écoulée.
• Près de 65 % des employés de bureau ont déjà été victimes de rage au bureau, et 45 % des employés perdent régulièrement leur sang-froid au travail, selon l’Association britannique de gestion de la colère (British Association of Anger Management).
Quelle est donc la meilleure façon de gérer les personnes dont la colère nous alarme, voire nous effraie ? Nous allons voir quelles sont les réponses spécifiques que l’on peut apporter, mais tout d’abord, posons le contexte.
La colère est une émotion normale et naturelle. Certaines personnes comprennent mal le rôle de la colère dans leur vie, leurs relations et leurs interactions avec les autres. Elles pensent qu’il n’est pas bon de se mettre en colère et que cette émotion doit être évitée ou réprimée. Pourtant, la colère fait partie intégrante de l’être humain et constitue une réaction utile face à des situations dangereuses ou injustes. Canalisée correctement, la colère peut propulser les gens vers des objectifs nobles, en leur donnant les moyens de défendre ce qui est moralement juste et de se protéger contre les menaces qui pèsent sur leur sécurité.
La colère peut être constructive ou destructrice, selon la manière dont elle est gérée. La colère en elle-même n’est pas un problème, mais son expression peut en être un énorme. La mauvaise gestion des sentiments de colère et l’incapacité à contrôler les émotions fortes peuvent rapidement devenir destructrices plutôt que constructives.
Les psychologues parlent parfois de « colère propre » et de « colère sale ». La colère propre consiste à trouver des moyens responsables, appropriés et productifs d’exprimer des émotions fortes. Nous nous comportons de manière raisonnable, rationnelle et sûre, en ne laissant pas nos sentiments exacerbés prendre le contrôle. À l’inverse, la colère sale est toute expression négative, malsaine ou contre-productive, qui peut inclure les cris, les menaces et les dégâts matériels.
Attention aux “lance-flammes”
Je qualifie de “lance-flammes” les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas gérer leurs émotions brûlantes. Ces personnes dirigent leur fureur vers une personne spécifique ou vers personne en particulier. Elles ont l’habitude de se déchaîner de manière imprévisible, avec parfois des gestes physiques, comme lancer des objets ou frapper un mur. Des incidents anodins peuvent mettre le feu aux poudres d’un “lance-flammes” et l’amener à cracher un déluge caustique.
Alors que la plupart d’entre nous succombent à un défoulement occasionnel, la colère devient le réglage par défaut d’un “lance-flammes”, dont le filtre interne est toujours orienté vers la considération des événements de la vie comme étant quelque chose d’injuste, de déraisonnable ou inéquitable. Lorsqu’elle est en colère, cette personne se sent justifiée, puissante et en maîtrise. Sous l’effet de l’adrénaline, le “lance-flammes” peut se sentir puissant et plein d’énergie, ce qui peut créer une dépendance. Traiter les autres comme des punching-balls verbaux est un signe classique de comportement toxique.
Des façons saines de réagir en cas d’éruption
Bien que la gestion de la colère soit un défi pour de nombreuses personnes et une contrainte pour la santé mentale, il existe plusieurs stratégies pour désamorcer une situation conflictuelle.
Avant tout, veiller à sa sécurité. Si on réalise soudain que l’on tient une bombe à retardement sur le point d’exploser, le plus sage est de la lâcher et de s’enfuir ! Pourtant, lorsqu’il s’agit de faire face à une personne explosive, nous sommes nombreux à ignorer la meilleure défense dont nous disposons : la distance de sécurité. Nous restons sur le chemin du danger, selon les termes de la personne en colère, bien après qu’il soit productif ou prudent de le faire.
Il est primordial de se protéger. Dans les cas extrêmes, lorsque la violence physique est possible, il est essentiel de quitter les lieux immédiatement. Si on se sent menacé de quelque manière que ce soit, partir immédiatement.
Prendre un temps d’arrêt. Même si on n’est pas exposé à des lésions corporelles, il n’est pas non plus nécessaire de se soumettre à un passage à tabac émotionnel et colérique. Il est important de reconnaître que la rage a pris le dessus sur toute possibilité de raisonnement ou de compromis et de faire une pause afin d’éviter une nouvelle escalade. La pause peut durer quelques minutes, quelques heures, quelques jours ou plus. L’essentiel est que l’on puisse conserver un espace sain tant que l’on se sent exposé à la colère non maîtrisée du “lance-flammes”. Utiliser ce temps pour organiser ses pensées afin de pouvoir avoir une discussion constructive plus tard.
Résister à l’envie de combattre le feu par le feu. S’il y a une chose qui agit comme de l’essence sur le feu d’une colère incontrôlée, c’est bien plus de colère. Oui, on a le droit d’être en sécurité, de fixer des limites et de se défendre si nécessaire. Mais se mettre en colère soi-même est la voie la moins susceptible de mener à la paix. Se rappeler que la colère n’est en soi qu’une émotion. Elle n’a pas le pouvoir de nous « forcer » à réagir d’une manière ou d’une autre. Nous sommes conditionnés par l’expérience à traiter la colère de quelqu’un comme la cloche du ring lors d’un match de boxe, c’est-à-dire comme un signal qui nous incite à nous battre. Mais ce n’est pas forcément le cas. Nous pouvons choisir de voir que la colère n’est contagieuse que si nous la laissons faire. Rester calme signifie ne pas laisser les étincelles de la colère de quelqu’un d’autre enflammer la nôtre.
Baisser la température. Lorsqu’une personne commence à se sentir en colère, elle ne pense pas avec son cerveau supérieur ; elle opère à partir de son amygdale, la zone du cerveau responsable de la réaction de lutte ou de fuite et du traitement de la peur. C’est ce qu’on appelle parfois le « cerveau reptilien », la partie primitive et non rationnelle. Donner à la personne en colère le temps et l’espace nécessaires pour retrouver son calme. Plus on reste calme, plus la personne en colère se calmera rapidement.
Ne pas essayer de mettre en évidence un comportement irrationnel pendant que la personne se comporte de manière irrationnelle. Tenter de contrôler ou de confronter une personne qui fait une crise de colère revient à agiter un drapeau rouge devant un taureau. Cela ne fera qu’intensifier ses émotions. Les personnes en colère considèrent souvent qu’elles s’opposent à un monde injuste. Elles risquent donc de se sentir attaquées si on essaye de mettre en évidence leur comportement déraisonnable.
Fixer des limites et s’y maintenir. Établir une limite équivaut à tracer une ligne dans le sable et à dire : « interdiction de la franchir » ou à construire une clôture autour de notre propriété et à y apposer un panneau indiquant : « défense d’entrer ». Nous devons avoir la force émotionnelle et la conviction claire de savoir précisément quel type de comportement toxique on est prêt à supporter et ce que l’on est pas prêt à supporter. Par exemple, on peut décider que si quelqu’un commence à nous réprimander ou à nous insulter, c’est le moment de quitter les lieux. Si la personne en colère insulte d’autres personnes qui nous sont chères, nous pouvons choisir de ne pas participer et de le dire respectueusement.
Utiliser des mots et un ton apaisants. Il est difficile de contester la sagesse de ce proverbe de l’Ancien Testament : « Une réponse douce calme la fureur, mais une parole dure excite la colère » (Proverbes 15:1). Dans le feu de l’action, parler doucement et éviter les paroles provocantes. Lever les mains en signe de désengagement et dire quelque chose comme : « Je vois que tu es contrarié et je veux t’écouter. Prenons une grande inspiration et calmons nous ».
Aborder le conflit lorsque la colère s’est apaisée. Une fois que la personne s’est calmée, nous pouvons poursuivre une conversation rationnelle. Nous pouvons discuter dès maintenant si la personne s’est suffisamment calmée. Mais si la tension est encore forte, fixer un rendez-vous le lendemain ou même une semaine plus tard. Un peu de temps et d’espace peuvent permettre d’envisager l’événement déclencheur sous un angle différent. Exprimer nos besoins et nos souhaits tout en parlant honnêtement et respectueusement. Il est important de prendre en compte les besoins et les sentiments de l’autre personne et de montrer qu’on la respecte. Cette approche n’impose aucune condition au comportement de la personne en colère ; elle laisse simplement la porte ouverte à une résolution productive du problème, maintenant que la tension s’est dissipée.
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