Treize buts en une seule phase finale de Coupe du monde : Just Fontaine, décédé mardi à 89 ans, restera à jamais associé à ce record mythique et quasiment imbattable, point d’orgue d’une carrière essentiellement marquée par son passage à Reims.
Le Mondial-1958 en Suède constitue le chef-d’œuvre de « Justo » et sera pendant longtemps la référence absolue du football français avant l’avènement des générations Platini, Zidane et Mbappé.
Dernier représentant du trident d’attaque qu’il formait avec Raymond Kopa et Roger Piantoni, disparus en 2017 et 2018, Fontaine, aux côtés des deux autres stars de Reims, avait emmené les Bleus jusqu’en demi-finale où un certain Pelé, âgé de 17 ans, avait brisé leur rêve avec un triplé.
Le Brésil, futur vainqueur du tournoi, l’emporte 5-2 et la légende du « Roi » est en marche mais la France se consolera avec une troisième place, portée par un Fontaine en état de grâce et auteur d’un fabuleux quadruplé face à l’Allemagne (6-3). Les Bleus tiennent leur premier fait d’armes sur la scène internationale et le natif de Marrakech, le 18 août 1933, entre dans l’histoire.
Le record du nombre de buts inscrits lors d’un seul Mondial
Si les Tricolores ont depuis réussi à faire beaucoup mieux en s’installant sur le toit du monde en 1998 puis 2018, l’exploit de Fontaine paraît aujourd’hui totalement irréel et inaccessible.
Lui-même, jamais avare de bons mots avec son accent du sud-ouest, s’amusait de la longévité de son record en 2014 auprès du Télégramme de Brest : « C’est une petite histoire que m’a soufflée Mario Zatelli (ancien joueur et entraîneur de l’OM, ndlr). Elle se passe en 3015. Des égyptologues découvrent une momie dans un triste état. En la nettoyant un peu, la momie s’agite. Elle n’est en fait pas morte, se réveille et pose alors cette question : Et le record de buts en une seule Coupe du monde, c’est toujours Just Fontaine qui l’a ? »
Et pourtant, cet attaquant plutôt trapu (1,74 m), à la fois renard des surfaces avant l’heure et canonnier, n’était pas destiné à disputer l’épreuve, devancé dans la hiérarchie en bleu par Thadée Cisowski. Mais ce dernier se blesse au dernier moment. « Ce n’est qu’à l’aéroport avant de partir en Suède que Paul Nicolas (responsable de l’équipe de France, ndlr) et Albert Batteux (l’un des entraîneurs, ndlr), qui ne voulait pas vraiment de moi, m’ont dit que je jouerais avant-centre », avait raconté Fontaine à l’AFP en 2013.
Quatre titres de champion de France
Outre ses 13 buts et la première médaille internationale de l’équipe de France glanée en Suède, Fontaine s’est également bâti un palmarès de choix en clubs avec quatre titres de champion de France (un avec Nice, trois avec Reims), deux Coupes de France et une finale de Coupe d’Europe des clubs champions perdue avec Reims en 1959 (2-0) contre le grand Real Madrid de Di Stefano, Puskas et l’ami Kopa.
Un “frère aîné” confiait “Justo” à l’AFP au moment de la disparition de l’illustre meneur de jeu des Bleus en 2017. “Raymond avait du caractère, moi aussi et ça a fait un duo magique.”
Une carrière stoppée brutalement
Le parcours de joueur de Fontaine prend cependant brutalement fin en 1962 à seulement 28 ans après deux doubles fractures d’une jambe. « On parle beaucoup de mon record mais je l’aurais bien échangé contre cinq ou six ans de plus, car le foot était ma passion. J’étais au sommet, je gagnais beaucoup d’argent pour l’époque. Ce n’était pas les sommes actuelles, je gagnais cinq fois le SMIC, maintenant ce serait plutôt cent fois », avait-il expliqué en 2013.
Retiré des terrains, Fontaine devient entraîneur, mais son passage sur le banc sera assez mitigé.
Paisible retraité, l’ex-attaquant avait gardé un œil avisé sur l’actualité du football, affirmant regarder tous les matches à la télévision, même s’il était diminué par la maladie lors des dernières années de sa vie. En 2011, il avait été convié par le sélectionneur de l’époque Laurent Blanc à Clairefontaine, en tant que glorieux ancien, pour prêcher la bonne parole aux Bleus, un an après le fiasco de Knysna.
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