Le manque de couverture médiatique, le silence institutionnel, l’autocensure et la peur des représailles de la part de Pékin, voilà autant de raisons pour expliquer pourquoi tant de personnes, y compris dans le secteur médical, ignorent que la Chine continue de tuer des innocents pour leurs organes.
Ces raisons ont été présentées lors d’une table ronde organisée le 9 juin, dans le cadre d’un événement en ligne intitulé « Prélèvement forcé d’organes sur des personnes vivantes – passé, présent, futur ». Diffusée par EpochTV et NTD, la table ronde a été organisée par le groupe de défense américain Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH).
« D’après mon expérience, moins de 10% de l’ensemble de la communauté médicale sait en réalité ce que sont les prélèvements forcés d’organes. Et ceux qui sont au courant d’un tribunal ou de l’énorme quantités d’informations qui existent sont encore moins nombreux, à peine une fraction de ce pourcentage », a déclaré G. Weldon Gilcrease, professeur associé de médecine à l’Université de l’Utah et directeur adjoint de DAFOH, lors de la table ronde.
Le régime chinois tue des prisonniers de conscience pour leurs organes afin d’alimenter le marché des transplantations depuis plus de dix ans. En 2019, un jury indépendant, baptisé le China Tribunal (Tribunal de la Chine), a constaté que cette pratique se produisait « à une échelle importante » en Chine. Le jury a statué que de tels actes constituaient des crimes contre l’humanité, les pratiquants de Falun Gong étant la principale source d’organes.
Martin Elliott, membre du China Tribunal et professeur de chirurgie cardiothoracique à l’University College London, a déclaré avoir ressenti de « l’horreur » en passant en revue les preuves de prélèvement d’organes.
« Nous ne voulions presque pas y croire et nous avons adopté une approche très prudente face à ces preuves, qui étaient extrêmement lourdes, recueillies par des personnes très courageuses pendant une longue période. Mais en fin de compte, la disparité entre le nombre de donneurs non officiels et le nombre de greffes, la brièveté des délais d’attente, les transactions financières mises à jour grâce aux appels téléphoniques, nous ont obligé à conclure que tout cela était réel. »
Glynn Weldon Gilcrease a rappelé que son université a rejeté sa proposition d’organiser un débat sur les prélèvements forcés d’organes en Chine avec la communauté locale de la transplantation et le milieu du droit, fin 2019, après la publication des conclusions du China Tribunal.
« Ainsi, lorsque je suis allé voir un de nos hauts responsables et que je lui ai dit : ‘Écoutez, nous devons au moins nous asseoir et en parler, et évoquer notre complicité potentielle […] dans la formation de Chinois qui viennent ici, apprennent les techniques de transplantation et retournent en Chine pour participer à ces crimes contre l’humanité [qui] sont probablement des actes génocidaires consistant à tuer des innocents pour leurs organes’
« En substance, on m’a répondu qu’il n’y avait aucun doute sur le fait que les prélèvements d’organes forcés avaient lieu. Mais il y avait un dilemme : si le centre médical dénonçait la situation, la Chine allait envoyer tous ses étudiants au Texas [et non dans l’Utah]. C’est la réponse que j’ai reçue. »
« Je pense donc qu’il existe une réelle crainte de représailles financières. Je pense [aussi] que la peur de représailles professionnelles [pour les médecins] est réelle », a conclu le Pr Gilcrease.
Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique spirituelle alliant des exercices de méditation à un ensemble d’enseignements moraux centrés sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance. Cette pratique a gagné en popularité en Chine dans les années 1990, il y avait alors entre 70 à 100 millions de pratiquants. C’est alors que le Falun Gong a été perçu comme une menace pour le régime communiste.
En 1999, les pratiquants sont devenus la cible d’une persécution nationale lancée par l’ancien dirigeant de l’époque, Jiang Zemin. Pour mener à bien sa campagne d’élimination, il a créé un organisme semblable à la Gestapo, le « Bureau 610 ».
Depuis lors, des millions de pratiquants de Falun Gong détenus constituent une grande banque d’organes pour l’industrie de transplantation du régime chinois. L’offre d’organes a fait de la Chine une destination de choix pour le tourisme de transplantation, car les hôpitaux chinois offrent souvent des délais d’attente très courts pour trouver des organes compatibles avec les patients, bien plus rapides que dans les pays développés disposant de systèmes de don d’organes bien établis.
« J’ai constaté qu’au sein de notre communauté, les individus s’auto‑censuraient pour ne pas participer à un débat [sur le prélèvement forcé d’organes] », a déclaré David Beyda, président et professeur de bioéthique et d’humanisme médical à l’université d’Arizona, lors de la table ronde.
« Parfois, la censure est institutionnelle », a ajouté le Pr Beyda.
Selon le Pr Beyda, si le régime chinois est l’auteur de ces crimes, se pose également la question de la complicité.
« Plus vous vous montrez impliqué dans la censure, plus vous devenez complice », a‑t‑il expliqué.
« D’un côté, il y a donc le receveur d’organes, qui est tout aussi fautif et complice du meurtre commis ; de l’autre, il y a les chirurgiens qui procèdent à l’opération. »
Une étude récente publiée dans l’American Journal of Transplantation conclut que des chirurgiens et d’autres professionnels de la santé chinois ont joué le rôle de « bourreaux » pour le régime communiste. L’étude a répertorié 71 publications scientifiques en langue chinoise où les prélèvements d’organes avaient eu lieu avant que les victimes ne soient déclarées en état de mort cérébrale.
Selon Jacob Lavee, fondateur de l’unité de transplantation cardiaque du centre de cardiologie Leviev en Israël et professeur émérite de chirurgie à l’Université de Tel Aviv, certains professionnels de la santé ne peuvent tout simplement pas croire que leurs homologues chinois soient impliqués dans des prélèvements forcés d’organes.
« Après toutes les preuves recueillies par le China Tribunal, et après les centaines d’articles publiés à ce sujet, nos collègues ont toujours du mal à croire que nos collègues chinois participent à ces atrocités », a déclaré le Pr Lavee.
Alejandro Centurion, neurologue et membre de DAFOH, a exhorté l’American Medical Association (AMA) à prendre une position plus ferme sur la question.
L’AMA, selon le Dr Centurion, n’a pas fait de « déclaration officielle » sur les prélèvements forcés d’organes en Chine, si ce n’est une « brève déclaration » l’année dernière, très superficielle, qui ne mentionnait pas le China Tribunal.
« L’AMA doit donc faire preuve de responsabilité. Je les invite vraiment à le faire », a déclaré M. Centurion, ajoutant qu’il était encourageant de voir les associations médicales britannique et canadienne prendre position en condamnant les prélèvements d’organes forcés pratiqués par le régime chinois.
Torsten Trey, directeur exécutif de DAFOH, a appelé à ce que davantage de personnes s’élèvent contre cette atrocité.
« Le prélèvement d’organes sur des prisonniers de conscience vivants ne peut en aucun cas être accepté par la communauté mondiale aujourd’hui. Chaque médecin et chaque individu doit prendre une décision », a déclaré le Dr Trey.
« Est‑ce que je veux vivre dans un monde où un gouvernement peut arbitrairement tuer des innocents pour récupérer leurs organes ou est‑ce que je m’exprime dès maintenant ? »
« Je pense qu’il est temps de rompre le silence. »
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