À cinq jours de la commission mixte paritaire (CMP), Élisabeth Borne a entamé des négociations sous pression en recevant à tour de rôle des cadres des Républicains, le sénateur centriste Hervé Marseille et des responsables de la majorité. Elle les poursuivra jeudi.
Le compte à rebours est lancé. Et la pression repose désormais sur Élisabeth Borne, qui a annulé un déplacement à l’étranger pour reprendre le dossier en main. La Première ministre a reçu en fin de matinée Éric Ciotti, Bruno Retailleau, Olivier Marleix ou encore Annie Genevard, repartis après plus de deux heures de rendez-vous sous tension, sans aucune déclaration à la presse.
Les ténors de LR ne veulent plus discuter exclusivement avec un Gérald Darmanin « qui les insulte en permanence », à l’inverse d’une Première ministre « un peu plus respectueuse ». Le ministre de l’Intérieur, comme celui des Relations avec le Parlement Franck Riester, étaient toutefois présents à cette réunion, qui ouvre un bal de concertations à Matignon en vue de trouver un accord en CMP.
Une deuxième réunion est prévue avec les dirigeants LR jeudi matin.
« Des textes parallèles »
Mme Borne s’est ensuite entretenue avec le président du groupe Union centriste au Sénat, Hervé Marseille. Sortant de Matignon, celui-ci a évoqué l’hypothèse d’un accord « sur une partie du texte » seulement. Citant comme thèmes pouvant être sortis du projet de loi « l’aide médicale d’État (AME), le code de la nationalité, les prestations sociales pour les étrangers » qui « pourraient donner lieu à des textes parallèles ».
Il n’a pas évoqué la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, principal sujet de discorde entre la droite et la majorité, alors que circule également l’hypothèse d’aborder ce sujet dans un texte séparé. « Une option est de réduire le texte aux éléments essentiels qui protègent les Français », c’est-à-dire le volet répressif, explique également une source au sein de la majorité parlementaire.
Mme Borne a commencé à recevoir à partir de 16h30 les responsables de la majorité.
Convoquée à la demande du gouvernement, la CMP se réunira à 17h00 lundi.
« Chacun fasse un pas vers l’autre »
Cette CMP composée de sept députés et autant de sénateurs « se met au travail dès aujourd’hui » pour « préparer » un accord, a expliqué la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, espérant que la loi soit définitivement votée « avant les vacances de Noël ». Pour cela, il faudra que « chacun fasse un pas vers l’autre » car « personne n’a la majorité » dans cette CMP, a-t-elle rappelé. Message clairement adressé aux Républicains qui affirment que leur ligne est celle du texte sorti du Sénat et qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir.
Une « posture » pas du goût de Yaël Braun-Pivet, pour qui « il ne faut pas se dire c’est à prendre ou à laisser » sinon « ce n’est pas une discussion ». Argument repris par François Patriat : « Si on met des lignes rouges, on n’avance pas », a fait valoir le patron des sénateurs macronistes. Car en cas de « désaccord » persistant, il ne « voit pas comment le texte pourrait continuer », d’autant plus que « le gouvernement ne souhaite pas de 49.3 sur ce texte ».
Lors d’un dîner mardi à l’Élysée, le chef de l’État a décidé de jouer à quitte ou double avec cette CMP : soit elle est conclusive, soit le texte sera retiré, a-t-il fait savoir aux participants. Et il a également exclu de procéder à une dissolution de l’Assemblée en cas d’échec, alors que le patron du RN Jordan Bardella se disait déjà prêt à assumer la charge de Premier ministre de cohabitation.
Si les régularisations de travailleurs sans-papiers cristallisent les blocages à droite comme à gauche de la majorité, la droite pourrait faire un geste en renonçant à la suppression de l’aide médicale d’État. « Ça pourrait faire partie du compromis », confirme un cadre du groupe LR au Sénat. Mais « sur les fondamentaux du texte, il ne peut pas y avoir de négociation », prévient un proche du président de la chambre haute Gérard Larcher.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.