L’armée israélienne étend lundi ses opérations dans la bande de Gaza, où le bilan des civils palestiniens s’alourdit avec en filigrane de nouveaux signes d’un conflit qui fait tache d’huile dans la région avec des incidents ce week-end en Irak et en mer Rouge.
« L’armée israélienne continue d’étendre son opération terrestre contre le Hamas dans l’ensemble de la bande de Gaza. L’armée opère partout où le Hamas a des bastions », a déclaré tard dimanche soir son porte-parole, Daniel Hagari.
Les soldats israéliens sont engagés dans une offensive terrestre depuis le 27 octobre dans le nord de Gaza, où ils ont pris le contrôle de plusieurs secteurs. Depuis la reprise des combats vendredi à l’expiration d’une trêve d’une semaine avec le Hamas, l’armée s’était principalement concentrée sur des raids aériens.
Dans la nuit, une frappe sur une entrée de l’hôpital Kamal Adwan, situé dans le nord de Gaza, a fait plusieurs morts selon l’agence palestinienne Wafa, le Hamas accusant dans un communiqué l’armée israélienne d’une « grave violation » du droit humanitaire international. Contactée par l’AFP pour savoir si elle avait bien bombardé le périmètre de cet hôpital, l’armée israélienne n’a pas répondu dans l’immédiat. Israël accuse le Hamas d’avoir installé des infrastructures dans ou sous des hôpitaux et d’utiliser les civils comme des boucliers humains.
Cinq soldats israéliens tués
L’armée a fait état lundi de cinq soldats tués, dont trois dimanche, depuis la reprise des combats vendredi. Depuis le début de la guerre, l’armée israélienne a mené « environ 10.000 frappes aériennes », a-t-elle indiqué dimanche.
Dans le sud de la bande de Gaza, les frappes ont visé massivement depuis vendredi la grande ville de Khan Younès et ses environs, où chaque jour désormais l’armée avertit dans des tracts largués sur certains quartiers qu’une « terrible attaque est imminente », et ordonne aux habitants d’en partir. Dimanche, des habitants ont fui la ville, à pied, entassés dans des charrettes ou en voiture, leurs affaires empilées sur le toit, selon des images de l’AFP.
Les hôpitaux du sud de la bande de Gaza sont débordés par l’afflux de blessés alors que les réserves de carburant pour faire tourner les générateurs sont presque à sec. À l’hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de Gaza, de nouveaux blessés et de nouveaux corps, parfois sans personne pour les identifier, affluent à chaque explosion.
Un « bombardement hors norme » dans le sud de Gaza
Sur place, Ehab al-Najjar, un habitant des alentours, laissait éclater sa colère. « Je suis rentré chez moi et j’ai vu la bombe tomber sur notre maison », a-t-il raconté à l’AFP en décrivant des corps dans la rue. « La moitié étaient de jeunes enfants. Quelle était leur faute? (…) N’ont-ils pas pitié ? »
« Les mots me manquent pour décrire les horreurs qui frappent les enfants ici », a déclaré dimanche dans une vidéo James Elder, un porte-parole de l’Unicef présent à l’hôpital Nasser. « Je vois arriver en masse des enfants parmi les victimes », avait-il déclaré plus tôt sur X.
Dans la ville voisine de Rafah, des habitants piétinant dans les décombres se rassemblaient autour d’un immense cratère. « C’est un bombardement hors norme. Nous ne savons pas pourquoi. Nous ne savons pas dans quel but », s’exclamait l’un d’eux, Mohammad Fahjan.
Rendant visite à des réservistes, le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, a déclaré que l’armée poursuivait ses opérations dans le sud de la bande de Gaza « avec autant de force et autant de résultats » qu’elle l’avait fait dans le nord, dans une vidéo diffusée dimanche par l’armée. Tôt lundi, l’armée israélienne a par ailleurs lancé des opérations dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée, notamment à Jénine, où une trentaine de véhicules militaires sont déployés, selon l’agence palestinienne Wafa.
Les États-Unis appelle Israël à « faire plus pour protéger les civils innocents »
Sans remettre en cause le droit de leur allié « à se défendre » face au Hamas, les États-Unis ont mis en garde Israël contre la multiplication des victimes civiles. « Trop de Palestiniens innocents ont été tués », a insisté ce week-end la vice-présidente Kamala Harris, s’alarmant d’images « dévastatrices » de Gaza et appelant Israël à « faire plus pour protéger les civils innocents ».
La guerre Israël-Hamas porte aussi à conséquence pour les États-Unis qui ont noté une hausse des attaques contre leurs soldats, bases ou alliés au Moyen-Orient hormis pendant la trêve d’une semaine, du 24 novembre au 1er novembre.
Un destroyer américain a abattu trois drones en portant assistance dimanche à des navires commerciaux en mer Rouge visés par des attaques depuis le Yémen, a fait savoir Washington, qui a dénoncé « une menace directe » pour la sécurité maritime.
Plus tôt, les rebelles Houthis avaient annoncé avoir mené une « opération » contre des « navires israéliens dans le détroit de Bab el-Mandeb » – une voie navigable stratégique reliant la mer Rouge au golfe d’Aden – en représailles aux bombardements israéliens dans la bande de Gaza.
Dimanche, les États-Unis ont par ailleurs dit avoir mené une « frappe d’auto-défense contre une menace imminente » dans le nord de l’Irak. Cinq combattants d’un groupe armé pro-Iran, pays soutien du Hamas, ont été tués dimanche soir à dans la province de Kirkouk (nord) par un bombardement, selon une source sécuritaire.
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