Le ministre de l’Intérieur italien, le leader d’extrême droite Matteo Salvini, a autorisé à contrecœur samedi le débarquement de 27 migrants mineurs non accompagnés recueillis à bord du navire de secours de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, ancré au large de l’île de Lampedusa.
« Ils seront évacués par les gardes-côtes de Lampedusa », petite île italienne située entre la Sicile et l’Afrique du Nord, a annoncé l’ONG sur Twitter.
Le ministre de l’Intérieur avait écrit plus tôt une lettre au chef du gouvernement italien Giuseppe Conte dans laquelle il déclarait qu’il pourrait autoriser les mineurs « présumés » à quitter l’Open Arms, bien que cela soit en « contradiction avec (son) opinion ».
« Le feu vert au débarquement de ces personnes est de la responsabilité exclusive du Premier ministre », a écrit M. Salvini, qui dispose du dernier mot sur les questions frontalières.
Vendredi, Marc Reig, le commandant du navire, avait décrit une situation « explosive » à bord, soulignant que certains migrants pourraient « se jeter à l’eau » pour rejoindre la terre ferme « à la nage ». « Tout le monde est cassé psychologiquement, cette situation est devenue insoutenable », avait-il affirmé à la chaîne de télévision espagnole TVE. Dans un tweet, l’ONG évoquait, elle, des menaces de suicide et exigeait un débarquement général pour « urgence humanitaire ».
Matteo Salvini continue néanmoins de refuser que les 105 adultes et deux mineurs accompagnés toujours à bord puissent débarquer, bien que plusieurs pays européens aient accepté de les accueillir.
« La Commission a eu des contacts intensifs au cours de la semaine écoulée et nous sommes très reconnaissants de la coopération de la France, l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal, la Roumanie et l’Espagne », a commenté vendredi une porte-parole de la Commission, Vanessa Rock.
Mais « aucun pays européen n’a fait de pas formels pour accueillir les migrants se trouvant à bord », déplorent des sources au ministère de l’Intérieur italien, qui réclament des engagements concrets.
Proactiva Open Arms a annoncé qu’elle aurait besoin de temps pour annoncer aux migrants que la plupart d’entre eux devaient rester à bord, alors que certains ont été secourus depuis plus de deux semaines, et que le bateau a jeté l’ancre au large de Lampedusa depuis jeudi.
Samedi, un procureur sicilien a mené une perquisition au siège des services des gardes-côtes italiens à Rome, dans le cadre d’une enquête contre X pour séquestration de personnes et abus de pouvoir, sur la décision d’empêcher l’Open Arms d’amarrer.
La police a notamment saisi des enregistrements de communications entre le ministère de l’Intérieur et les services de secours, a rapporté le quotidien de gauche La Repubblica.
Cette énième confrontation entre un navire de secours et le ministre de l’Intérieur italien s’est déroulée cette fois-ci dans le contexte de la crise politique qui secoue Rome.
M. Salvini a fait voler en éclats le 8 août la coalition gouvernementale formée par sa formation politique, la Ligue (extrême droite), avec le Mouvement cinq étoiles (M5S, antisystème). Il a réclamé l’organisation rapide d’élections, alors qu’il est crédité de 36 à 38% des intentions de vote dans les sondages.
Mais un front politique semble en train de se former contre lui, par le biais inattendu d’une alliance entre son ex-partenaire du M5S et le Parti démocrate (centre gauche).
La politique migratoire a pris une place centrale dans cette crise, dans l’attente d’un éventuel vote de censure contre le gouvernement au Sénat mardi.
Dans le même temps, l’Ocean Viking, bateau de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), ne dispose toujours d’aucune solution pour faire débarquer les 356 migrants qu’il a secourus en mer.
Il navigue désormais au ralenti à mi-chemin entre Malte et Lampedusa, tandis que le décret lui interdisant les eaux territoriales italiennes est toujours en vigueur et que les autorités maltaises restent sourdes à ses demandes.
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