La Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la Chine, la deuxième économie mondiale étant confrontée à des problèmes multiples, notamment une crise immobilière persistante, un affaiblissement de la demande intérieure et une déflation.
Les prévisions de croissance pour 2024 des économies en développement de l’Asie de l’Est et du Pacifique, y compris la Chine, ont également été ramenées à 4,5 %, contre 4,8 % en avril.
La banque mondiale souligne les problèmes économiques qui pèsent sur la croissance chinoise : endettement croissant, affaiblissement du marché immobilier, et autres facteurs structurels de plus long terme.
Selon l’institution mondiale, la croissance de la Chine dépendait fortement de son secteur immobilier dans le passé, or cette dépendance est en train de se retourner contre elle, au regard des grandes difficultés du secteur depuis 2021.
« La croissance passée de la Chine, largement alimentée par des investissements dans les infrastructures et l’immobilier, a laissé les entreprises et les gouvernements locaux criblés de dettes, car des infrastructures saturées produisent des rendements décroissants et une offre excédentaire de logements fait baisser les prix de l’immobilier », peut-on lire dans leur rapport.
En outre, la Banque mondiale a souligné qu’alors que de nombreux pays connaissent une forte inflation, la Chine est confrontée à un phénomène de déflation, son indice des prix à la production ayant chuté de 0,4 % par mois au cours de la période janvier-juillet, réduisant encore davantage les bénéfices des entreprises.
La croissance chinoise, quant à elle, a connu un recul de 1 % associé à un recul de 0,3 % de la croissance de l’Asie du sud-est.
L’affaiblissement de la croissance mondiale a fortement impacté les exportations de la région, la Chine et le Vietnam ayant subi une baisse de plus de 10 % de leurs exportations de marchandises par rapport à l’année dernière.
Pour ne rien arranger, la Chine et d’autres pays d’Asie du Sud-Est sont impactés par l’introduction, l’année dernière, de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) de l’administration Biden et de la loi CHIPS et scientifique (CHIPS and Science Act), qui visent à renforcer l’industrie manufacturière américaine et à réduire la dépendance des États-Unis à l’égard de la Chine.
A long terme, selon la même étude, les exportations chinoises seront confrontées à des « vents contraires dus à des tensions géoéconomiques et à la fragmentation des chaînes de valeur mondiales ».
D’autres banques réduisent également leurs prévisions de croissance
Ces déclarations de la Banque mondiale s’inscrivent dans un contexte où de nombreuses institutions financières et agences de notation revoient elles-aussi leurs prévisions de croissance chinoise à la baisse, et les placent en dessous de l’objectif officiel de croissance fixé par Pékin.
Le Parti communiste chinois (PCC) s’est officiellement fixé un objectif de croissance d’environ 5 % pour 2023, après une croissance décevante de 3 % l’année dernière en raison des mesures strictes de blocage du Covid-19 prises par Pékin.
En août, UBS a ramené ses prévisions à 4,8 % pour 2023 et à 4,2 % pour 2024. Le mois dernier, Fitch Ratings a ramené la croissance chinoise à 4,6 % pour 2024, tandis que Moody’s a maintenu sa prévision de croissance pour 2023 à 5 %, mais a réduit sa projection pour 2024 à 4 %, contre 4,5 % auparavant.
La crise immobilière chinoise pourrait durer des années
La crise immobilière actuelle est un problème majeur pour l’économie chinoise. Selon la Banque mondiale, les investissements dans le secteur immobilier chinois ont diminué de 28 % depuis juillet 2021, en raison de la faible demande de logements et du surendettement des promoteurs immobiliers.
Les analystes estiment que le secteur immobilier est le principal responsable de la faible croissance de l’économie. Les géants de l’immobilier tels que Country Garden et Evergrande ont été plongés dans une crise de liquidités sans précédent lorsque les autorités sont intervenues pour limiter les emprunts excessifs en 2021.
Evergrande est le promoteur immobilier le plus endetté au monde, avec une dette de 340 milliards de dollars. Il est au cœur de la crise immobilière chinoise depuis la fin de 2021, avec une série de défauts de paiement.
Country Garden, le plus grand promoteur immobilier du pays en termes de ventes contractées, est également au bord du défaut de paiement.
Ces nombreux défauts de paiement se sont traduits par des complexes d’appartements en partie inachevés et des acheteurs mécontents, entamant gravement la confiance des acquéreurs dans le marché de l’immobilier.
Les analystes estiment que le secteur immobilier chinois représente un quart ou un tiers de l’économie du pays. Par comparaison, le marché immobilier américain ne représente jamais plus de 5 % de son économie.
La semaine dernière, l’économiste chinois Hao Hong a déclaré à CNBC que la résolution de la crise pourrait prendre de nombreuses années, voire une décennie entière, car le pays a construit de nombreux logements et son urbanisation rapide s’est ralentie.
Le mois dernier, He Keng, ancien directeur adjoint du bureau des statistiques chinoises, a reconnu que même les 1,4 milliard d’habitants de la Chine ne pourraient pas remplir les appartements vacants dans tout le pays.
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