L’Amérique et l’Europe ont surpris les banquiers chinois et russes. En représailles à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ils ont gelé environ 630 milliards de dollars des réserves de change russes le 26 février.
Soudain Moscou ne pouvait plus utiliser les réserves de devises fortes qu’il pensait posséder. Il avait probablement prévu d’utiliser ces milliards pour défendre le rouble sur les marchés internationaux. Au lieu de cela, le 28 février, le rouble a chuté d’environ 30 % par rapport au dollar.
Pékin en prend acte. Confronté à la perte de valeur potentielle de ses 3 200 milliards de dollars de réserves de change, le régime se déleste discrètement de ses dollars en achetant des actifs dans le monde entier, et ce malgré l’augmentation récente de l’énergie et des matières premières.
Poussé par l’instabilité géopolitique exacerbée par l’invasion russe, les sanctions contre le génocide ouïghour, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement due à la pandémie, les perturbations du commerce dans la mer Noire, les échanges commerciaux houleux en Australie et la montée en flèche des coûts du transport maritime, Pékin acquiert des matières premières essentielles comme le pétrole, le gaz, le minerai de fer, le blé, l’orge, le maïs et l’or.
Les prix ne semblent guère préoccuper les acheteurs publics qui acquièrent des marchandises pour se préparer à la pénurie toujours plus proche des produits de base. De nombreux produits de base ont déjà vu leur prix augmenter de 3 à 8 % au cours des derniers jours en raison de la guerre. Les sanctions contre la potasse du Belarus ont poussé la Chine à payer 139 % de plus pour l’ingrédient fertilisant, qui provient maintenant d’Israël et du Canada.
D’un autre côté, la guerre favorise parfois la position concurrentielle de la Chine. La Russie devenue paria, Pékin dispose d’un pouvoir de négociation avec cette dernière qui lui permet de libeller les contrats de matières premières dans sa propre monnaie, le yuan. Les transactions en dollars et en euros avec la Russie sont de plus en plus illégales en raison des sanctions internationales liées à la guerre, les banques chinoises se conforment bien volontiers à cet état de fait en passant au yuan. La Russie a peu d’alternatives pour vendre de l’énergie, Pékin bénéficie donc de conditions de marché favorables en tant qu’acheteur.
Auparavant, la Chine achetait environ 1 % de son charbon à la Russie (près de 30 millions de tonnes), par exemple. Mais si l’invasion de l’Ukraine se poursuit, la Russie sera contrainte par les sanctions de tenter de transférer 38 % de ses exportations de charbon (environ 76 millions de tonnes) de l’Europe et de l’Ukraine vers les marchés asiatiques.
Mais deux des plus grandes banques d’État chinoises limitent désormais les prêts en devises étrangères pour l’achat de matières premières russes. L’unité offshore de la Industrial & Commercial Bank of China Ltd, par exemple, a arrêté l’émission de lettres de crédit libellées en dollars américains pour l’achat de matières premières russes. Toutefois, des crédits libellés en yuan sont encore accordés à certains clients.
La Chine achète chaque année à la Russie pour environ 60 milliards de dollars d’énergie. Les aciéries et les centrales électriques chinoises, qui importent normalement de grandes quantités de charbon de Russie, cherchent d’autres fournisseurs, car leurs banquiers leur conseillent d’arrêter leurs achats en raison du risque de sanctions secondaires contre la Chine.
L’augmentation des achats de céréales et de soja par la Chine exerce une pression à la hausse sur les prix mondiaux, qui deviennent désormais inabordables pour les pauvres de la planète. Comme le rapportait Bloomberg le 3 mars, la Chine a importé pour 34 milliards de dollars de produits agricoles en provenance des États‑Unis en 2021.
Depuis novembre, en partie à cause de ce qu’un rapport du Nikkei de décembre appelle la « thésaurisation » du régime, le prix du soja a augmenté de près de 50 %. Les exportations de céréales de la Russie et de l’Ukraine se sont arrêtées à cause de la guerre et des sanctions, ce qui a encore augmenté les prix.
La Chine, qui compte environ 18 % de la population mondiale, a stocké plus de la moitié des céréales dans le monde, augmentant les prix au point de « plonger davantage de pays dans la famine », selon le Nikkei. Alors que le reste du monde sombre dans la guerre et le chaos, la Chine dispose de stocks de blé pour un an et demi, a déclaré aux journalistes un responsable de l’administration nationale des Réserves alimentaires et stratégiques de Chine.
La Chine ne se contente pas d’acheter des denrées alimentaires, elle achète des entreprises entières, notamment un transformateur de viande européen en 2021 et une laiterie de premier plan en Nouvelle‑Zélande en 2019. Entre 2020 et 2021, l’indice des prix alimentaires des Nations unies a augmenté de 30 %.
Le régime de Pékin est également avide d’or. Il extrait une grande partie de son propre or et en achète davantage sur les marchés internationaux. Alors que Pékin détient officiellement 1 948 tonnes du précieux métal jaune, la plupart des analystes estiment que les réserves se situent entre 10 000 et 30 000 tonnes, soit bien plus que les réserves américaines de 8 133 tonnes. Avec une telle quantité d’or, la Chine pourrait à l’avenir adosser le yuan à l’or, remplaçant ainsi le dollar américain non adossé.
La Chine a besoin de denrées alimentaires et de produits de base pour son économie, comme tous les pays. Sa demande est un facteur d’attraction pour l’émergence d’une offre plus importante, ce qui signifie plus d’emplois au niveau mondial. Mais l’approche de la Chine est crapuleuse, trompeuse et autoritaire. Elle s’illustre, par exemple, par des tentatives de vol des ressources naturelles ou par sa monopolisation des produits de base les plus rares et si nous permettons à ce régime de se renforcer grâce à ses procédés qui piétinent toute déontologie, c’est à nos risques et périls.
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