Les hauts dirigeants chinois se réunissent lundi pour une rencontre au sommet afin de trouver des solutions pour relancer la croissance, freinée par une consommation atone, la crise dans l’immobilier et les risques de déflation.
La Chine a plongé durant quatre mois en déflation, avec en janvier la plus forte contraction des prix à la consommation depuis 14 ans. Ils sont depuis repassés dans le vert mais n’augmentent que faiblement (+0,2% sur un an en juin). Une stagnation ou un repli des prix ne sont pas signe de bonne santé pour l’économie, car cela contraint les entreprises à faire des ristournes pour écouler leurs stocks ou à réduire leur production faute de demande, ce qui pèse sur leur rentabilité et leur propension à embaucher. Un taux de chômage élevé chez les jeunes (14,2% en mai) et les incertitudes liées à la conjoncture fragilisent la consommation, un des moteurs de l’économie chinoise.
Le problème rencontré avec les chiffres diffusés par le régime communiste chinois porte sur leur véracité.
À titre d’exemple, le 15 août 2023, alors que les chiffres du chômage des jeunes atteignaient des niveaux record mois après mois – montrant désormais qu’un jeune sur cinq âgé de 16 à 24 ans est sans emploi – les autorités ont déclaré qu’elles feraient une pause dans la publication de ces mises à jour, invoquant la nécessité de réévaluer leur méthodologie. « La Chine ne publie pas de données honnêtes auxquelles on puisse se fier », a expliqué Lucia Dunn, professeur émérite d’économie à l’université d’État de l’Ohio, à Epoch Times. « Dès qu’une donnée défavorable à l’agenda du PCC est publiée, elle est immédiatement supprimée. »
« La plupart les statistiques officielles chinoises sont fausses. Ça part d’un principe simple : rien n’est plus politique qu’un chiffre ou un indice, pas question d’en subir la loi. C’est la statistique qui doit se plier à l’État, pas l’inverse », écrivaient également les journalistes de Radio France. Un principe donc à garder à l’esprit.
Un secteur immobilier surendetté
L’immobilier qui a connu deux décennies de croissance fulgurante avec la hausse du niveau de vie parmi certaines strates de la population, a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine. Car officiellement, le niveau de vie a augmenté et la grande pauvreté a disparue depuis 2020. Mais dans la réalité, une part de la population connaît toujours des conditions de vie très précaires, notamment dans les campagnes.
Le secteur de l’immobilier est néanmoins sous pression depuis que le pouvoir a durci en 2020 les conditions d’accès au crédit des groupes immobiliers, afin de réduire leur endettement. Nombre d’entre eux sont désormais au bord de la faillite.
Cela n’incite guère les Chinois à investir dans la pierre, d’autant qu’un bien en Chine est souvent payé avant même sa construction. La chute des prix du mètre carré est également un coup dur pour le portefeuille des propriétaires, qui ont longtemps perçu l’immobilier comme un investissement sûr.
Des collectivités locales en grande difficulté
Les finances d’une partie des collectivités locales sont exsangues, après trois ans de dépenses faramineuses pour lutter contre le Covid19 et surtout d’une crise immobilière qui les prive d’une importante source de revenus fonciers.
Le contexte économique exacerbe leurs difficultés, notent les analystes de SinoInsider, un cabinet américain spécialisé sur la Chine. Et de relever que des entreprises se sont récemment émues de recevoir des arriérés d’impôts… remontant aux années 90.
Les gouvernements locaux « tentent par tous les moyens » d’augmenter leurs recettes, et ce au risque de fragiliser des entreprises déjà éprouvées par la conjoncture, souligne SinoInsider.
Des exportations dans le rouge
Les exportations de la Chine sont également un sujet de préoccupation pour les dirigeants chinois. Elles sont historiquement un important levier de croissance pour le pays et ont un impact direct sur l’emploi pour des milliers d’entreprises.
Mais le secteur est sous pression du fait des tensions géopolitiques entre Pékin et Washington mais aussi de celles avec l’Union européenne (UE), un partenaire commercial incontournable pour le géant asiatique. Début juillet, l’UE a ainsi imposé jusqu’à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures électriques chinoises, une décision qui pourrait devenir définitive en novembre. Bruxelles accuse Pékin d’avoir illégalement favorisé ses constructeurs à coups de subventions. L’électrique est un secteur-clé sur lequel la Chine souhaite capitaliser pour revigorer son économie.
Coup de frein des investissements étrangers
La conjoncture économique en Chine, les tensions géopolitiques avec Washington et le risque qu’elles font peser sur les chaînes d’approvisionnement sont un frein aux investissements étrangers. L’économie chinoise a du potentiel, « les portes de la Chine sont grandes ouvertes » et les investissements privés sont les bienvenus, martèlent les dirigeants chinois, qui multiplient ces derniers mois les marques d’attention à l’égard des grands patrons étrangers. Sur la période janvier-mai, les investissements étrangers ont néanmoins chuté de 28% sur un an, selon les chiffres du ministère du Commerce.
Dépréciation du yuan et risque de fuite des capitaux
Compte tenu de la conjoncture, le secteur financier est réticent à investir dans les secteurs traditionnels de croissance, ce qui alimente une « pénurie d’actifs », note SinoInsider. Il achète en revanche de plus en plus d’obligations d’État à long terme « sans risque », ce qui fait baisser les rendements. Ce contexte contribue à déprécier la monnaie chinoise, avec le risque d’accélérer la fuite de capitaux, prévient SinoInsider
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