Ils réclament des actes: du Pacifique à l’Amérique, de l’Arctique à l’Afrique, en passant par Berlin, Paris ou Londres, des foules immenses de jeunes manifestaient vendredi pour la « grève du climat », inspirée par la jeune Suédoise Greta Thunberg, qui a émis l’espoir que la société soit arrivée à « un tournant ».
S’il n’y a encore aucun chiffre officiel sur le nombre des participants à ces manifestations, Greta Thunberg, 16 ans, qui a initié ce mouvement de grèves du vendredi à l’été 2018, en manifestant seule devant le Parlement suédois, s’est réjouie depuis New York qu’ils soient « des millions ».
« J’espère que cela marquera un tournant pour la société, en montrant combien de personnes s’investissent là-dedans, combien de personnes mettent la pression sur les dirigeants, surtout avant le sommet de l’ONU sur le climat » lundi prochain à New York, a-t-elle déclaré dans un entretien à l’AFP, avant de rejoindre le défilé new-yorkais.
Dans plus de 130 pays, les jeunes boycottaient les salles de classe armés de pancartes avec la même intention: faire pression sur leurs aînés, afin qu’ils prennent des mesures drastiques pour enrayer l’envol des températures provoqué par les activités humaines.
Après l’Asie et l’Europe, c’était au tour des jeunes Américains, New-Yorkais en tête, d’afficher leur soutien à la cause climatique, avec des milliers de manifestants rassemblés près de la mairie de Manhattan dès la mi-journée.
« Il y a presque 400 personnes de notre lycée qui sont venues manifester », a indiqué Bernie Waldman, 14 ans, arrivé tôt à la manifestation. « Nous sommes juste ici pour que les politiques s’engagent sur ce problème. On ne peut plus continuer comme ça. Nous sommes arrivés au bout de notre planète ».
Ces slogans new-yorkais faisaient écho à ceux entendus des heures plus tôt à l’autre bout du monde. Depuis l’Australie, où ils étaient plus de 300.000, à Séoul, Manille, Bali, Jakarta, Tokyo, Bombay ou Bangkok, toute l’Asie-Pacifique s’était mobilisée ce « Friday for Future » planétaire.
« Nous sommes l’avenir et nous méritons mieux », a déclaré à Bangkok Lilly Satidtanasarn, 12 ans, surnommée la Greta Thunberg de Thaïlande pour son combat contre le plastique. Les adultes « ne font que parler, mais ils ne font rien. Nous ne voulons pas d’excuses ».
L’Afrique, souvent restée à l’écart du mouvement, était aussi au rendez-vous.
A Kampala, la capitale de l’Ouganda qui borde le lac Victoria, le plus grand d’Afrique, durement touché par les effets du changement climatique, plusieurs centaines de jeunes ont défilé, comme Cissy Mukasa, 12 ans, dont la pancarte accuse : « Combien de personnes doivent mourir avant que vous n’agissiez ? »
L’Europe a ensuite embrayé derrière l’Asie, avec d’autres manifestations géantes, notamment en Allemagne, où les partis de la fragile coalition d’Angela Merkel ont accouché difficilement d’une stratégie pour le climat représentant 100 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2030.
A Bruxelles, 15.000 personnes ont défilé, comme Tom Baguette, un étudiant pour qui les politiques « font semblant d’entendre ».
A Paris, Jeannette, 12 ans, est allée, comme près de 10.000 personnes, manifester accompagnée de son père Fabrice. « C’est mon anniversaire et j’ai demandé à venir, la situation me rend triste, on est dans le caca et on fait n’importe quoi », a lancé la collégienne.
Le mouvement s’est propagé jusqu’en Arctique, une région qui se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète.
A Longyearbyen, chef-lieu de l’archipel norvégien du Svalbard, à un gros millier de kilomètres du pôle Nord, environ 80 personnes chaudement emmitouflées ont sillonné les rues derrière des pancartes proclamant « Ca chauffe ici » ou « Pas cool sans glace ».
De nombreuses entreprises se mobilisaient aussi, laissant leurs employés aller manifester, comme le géant du commerce en ligne Amazon. Son patron Jeff Bezos avait annoncé jeudi un vaste plan pour que son entreprise arrive à la neutralité carbone d’ici 2040.
Cette journée de mobilisation marque le coup d’envoi de deux semaines d’actions pour le climat à New York, avec notamment samedi le premier sommet de la jeunesse sur le climat organisé par l’ONU.
Suivra ensuite lundi un sommet de l’ONU réunissant des dirigeants du monde entier sur le climat, dont Emmanuel Macron et Angela Merkel.
Pour avoir une chance de stopper le réchauffement du globe à +1,5°C (par rapport au XIXe siècle), il faudrait que le monde soit neutre en carbone en 2050, selon le dernier consensus de scientifiques mandatés par l’ONU.
Une autre journée de mobilisation est prévue le vendredi 27 septembre, pendant l’Assemblée générale de l’ONU.
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