OPINIONS

La marine chinoise navigue autour de l’Australie et envoie un message au monde entier

mars 18, 2025 12:21, Last Updated: mars 18, 2025 12:21
By

Pour la première fois, un groupe d’intervention navale de la marine chinoise a fait le tour d’une grande partie de l’Australie, envoyant ainsi un message clair sur sa présence stratégique.

Les Australiens l’ont baptisée Task Group 107, tandis qu’un expert naval l’a qualifiée d’« opération Dragon de Tasmanie ». Ce nom est approprié puisque la Chine a commencé à copier les conventions américaines de dénomination des opérations militaires (comme « Joint Sword » pour les exercices simulant une mise en quarantaine de Taïwan). L’ensemble de la marine de l’Armée populaire de libération (PLAN : People’s Liberation Army Navy) se composait du destroyer de type 55, du navire de la marine chinoise (CNS : Chinese Navy Ship) Zunyi, de la frégate de type 54A CNS Hengyang, et du navire de ravitaillement de grande taille, le CNS Weishanhu.

Cette formation de trois navires possédait d’importantes capacités. Le Zunyi est considéré comme plus grand que le destroyer américain de classe Arleigh Burke. Le Hengyang n’a pas eu d’équivalent dans la marine des États-Unis jusqu’à ce que le programme américain de la classe Constellation livre son premier navire. Il n’y a pas d’équivalent au Weishanhu, car l’U.S. Navy n’a plus de grand navire de ravitaillement à vitesse moyenne en service.

La formation chinoise est apparemment arrivée sans préavis le long de la côte Est de l’Australie, a effectué un exercice de tir dans les eaux internationales entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, puis a continué au sud de l’Australie avant de se diriger vers le Nord, le long de la côte ouest.

Lacunes flagrantes dans la connaissance de la situation

La flottille chinoise est arrivée comme une surprise stratégique.

Michael Shoebridge, fondateur et directeur de la Strategic Analysis Australia, un groupe de réflexion sur la défense et la sécurité basé à Canberra, a fait part à Epoch Times de son récent article sur cet épisode.

« Les tirs à balles réelles effectués sans préavis par l’armée chinoise entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande introduisent un comportement délibéré et dangereux dans notre paisible voisinage. Bien sûr, la Chine assure à tout le monde que c’est une bonne chose puisque ce n’est pas illégal, mais il est étrange d’entendre notre Premier ministre et notre ministre de la Défense répéter leurs propos », a écrit M. Shoebrige dans l’article.

M. Shoebridge a également noté que le Premier ministre australien Anthony Albanese a affirmé que l’armée australienne faisait un « travail sans précédent en surveillant ces trois navires de guerre ». Toutefois, il semble que l’exercice de tir réel ait été signalé par un pilote de ligne, et non par les armées australienne et néo-zélandaise, ni par leurs services nationaux de renseignement et de surveillance.

« Plus inquiétant encore, quelques heures après l’exercice, le chef de l’armée australienne nous a informés que rien ne permettait de déterminer si des tirs réels avaient réellement eu lieu. Que signifie ‘surveiller chaque mouvement’ si vous ne savez pas si les navires de guerre ont utilisé leurs canons ou lancé des missiles ? » a fait remarquer M. Sheobridge.

M. Shoebridge a également observé que le suivi d’un tel exercice chinois serait une routine pour des pays tels que la Corée du Sud ou le Japon.

Ce groupe naval chinois a mis en évidence une vulnérabilité en Australie et en Nouvelle-Zélande, en soulignant qu’aucun de ces pays ne disposait de capacités de renseignement et de surveillance décisives et omniprésentes pour contrôler, détecter et analyser les activités maritimes dans leurs approches et leurs littoraux.

Réminiscence du voyage de la grande flotte blanche américaine

Brent Sadler, chargé de recherche principal sur la guerre navale et les technologies avancées à la Heritage Foundation et capitaine à la retraite de la marine américaine, a été interviewé par Epoch Times au sujet de l’expédition navale chinoise autour de l’Australie.

M. Sadler avoue que son « inquiétude porte moins sur la légalité des activités de la PLAN que sur l’emplacement et les exercices qui y sont menés ».

« La PLAN déploie ses muscles et se familiarise avec les mers lointaines. Il faut donc prendre conscience que la PLAN est une marine moderne de haute mer, ce que trop de gens refusent encore d’admettre à leurs risques et périls », a-t-il ajouté.

D’une certaine manière, la marine chinoise a emprunté une page du manuel du président Teddy Roosevelt. Entre 1907 et 1909, Roosevelt a envoyé la « Grande flotte blanche » de la marine américaine à travers le monde pour démontrer l’ascension de l’Amérique au rang de puissance internationale. Cette démonstration fut importante pour la marine américaine et les États-Unis, car les 16 cuirassés et les nombreux navires de soutien de la flotte envoyèrent un message de bonne volonté et de force américaine, tout en fournissant une expérience précieuse en matière de projection de puissance.

Comme l’a mentionné M. Sadler, cette flotte de guerre chinoise a montré que la PLAN est désormais une marine de haute mer capable de se déplacer à sa guise dans le monde entier.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande à la traîne en matière de dépenses de défense

L’incursion de la PLAN est un signal d’alarme pour la région.

Selon Grant Newsham, colonel à la retraite du corps des Marines et ancien agent du service extérieur, le message chinois adressé à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande est clair : « C’est une démonstration de mépris et d’intimidation à l’égard de ces deux pays. Et un signe avant-coureur de ce qui les attend. »

Il a ajouté : « Il y en aura d’autres et plus souvent. En particulier dans le Sud-Ouest et le Pacifique Sud, aux abords de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ».

Il semble que l’arrivée de la flottille chinoise ait été une surprise pour les deux nations.

L’atrophie des dépenses de défense de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie a été clairement démontrée par cet événement.

« Cette croisière de la PLAN a vraiment mis en évidence, plus que jamais, à quel point les capacités de défense de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande se sont affaiblies », a déclaré M. Newsham. « En fait, la Nouvelle-Zélande est quasiment sans défense. L’Australie est légèrement mieux, mais cela ne veut pas dire grand-chose. »

L’Australie consacre environ 2 % de son produit intérieur brut à la défense, tandis que la Nouvelle-Zélande y consacre 1,2 %, un chiffre inférieur à celui du Canada.

« Au grand dam de l’Australie, qui n’a d’autre choix que de s’en remettre à la protection des États-Unis », a déclaré M. Newsham. « Bien que je suppose que l’Australie pourrait capituler face à la Chine […] je ne sais pas si la Nouvelle-Zélande s’en soucie vraiment. »

Cette mission navale chinoise a mis en évidence une vulnérabilité stratégique cruciale dans la région indo-pacifique. Reste à savoir si l’Australie et la Nouvelle-Zélande tiendront compte de ce signal d’alarme.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER