Les pirates informatiques russes ont des liens étroits avec le gouvernement russe, au point de recevoir des ordres de Moscou sur les personnes à attaquer et à laisser tranquilles. Certaines de ces attaques sont motivées par des objectifs politiques de l’État russe, tandis que d’autres sont purement financières. Presque toutes sont apparemment approuvées tacitement par le Kremlin.
Un article du Financial Times publié le 5 août par Misha Glenny, auteur du livre à paraître « The Billion Dollar Heist » (Le casse du milliard de dollars), détaille les liens entre le gouvernement et les criminels à Moscou.
L’Estonie, par exemple, a été l’une des premières cibles des cybercriminels russes. Leurs attaques ont été lancées en représailles au déplacement, par la capitale Tallinn, d’une statue de l’ère soviétique commémorant l’Armée rouge, du centre-ville vers un cimetière. Cette décision a mis en colère le président russe Vladimir Poutine, qui a, selon toute vraisemblance, lancé ses cybercriminels contre cette démocratie européenne.
Comme la Russie craint visiblement la puissance offensive des capacités cybernétiques des États-Unis et que Washington a clairement fait savoir à M. Poutine sa volonté de riposter avec ces même capacités, Moscou s’est prononcée contre les cyberattaques criminelles russes contre les infrastructures et les entités gouvernementales américaines, y compris aux niveaux local et étatique. Le Royaume-Uni et le Canada disposent de cyber-forces similaires et, par conséquent, de cyber-protections.
Mais d’autres pays n’ont pas ce niveau de dissuasion contre les attaques russes.
Selon M. Glenny, un mois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, « une série d’attaques puissantes contre les réseaux du gouvernement, de l’armée et des médias ukrainiens a contribué à convaincre la communauté du renseignement américain que la Russie était sur le point d’envahir l’Ukraine ».
Depuis lors, les groupes de rançongiciels russes ont apparemment contribué aux efforts de guerre de M. Poutine en agissant sur les conseils et les informations de vulnérabilité fournis par le gouvernement russe concernant les cibles en Europe. Les cyber-gangs gagnent de l’argent et aident « Mère Russie », selon un expert cité par le Financial Times.
Les cyberattaques coûtent chaque année des centaines de milliards de dollars. Le Center for Strategic and International Studies, basé à Washington, estime les coûts mondiaux à près de mille milliards de dollars par an.
La cybercriminalité russe consiste notamment à verrouiller les données d’une entreprise, à menacer de publier des documents compromettants sur internet et à augmenter rapidement les fraudes à la carte de crédit. Au niveau mondial, la fraude à la carte de crédit s’est élevée à plus de 30 milliards de dollars en 2021 et devrait atteindre plus de 40 milliards de dollars en 2026.
La participation de Moscou à la protection des cybercriminels russes et biélorusses en tant que source d’affaires pour ce qui s’apparente à une cybermafia russe vient s’ajouter aux nombreuses raisons pour lesquelles le pays est largement considéré comme un État voyou.
En avril, Michael Kimmage a qualifié la Russie d' »État voyou de Poutine » dans un article du Wall Street Journal. M. Kimmage est l’auteur d’un livre à paraître, publié par Oxford University Press, intitulé « Collision : The War in Ukraine and the Origins of the New Global Instability » (Collision : La guerre en Ukraine et les origines de la nouvelle instabilité mondiale).
M. Kimmage mentionne les arrestations arbitraires par la Russie du journaliste Evan Gershkovich et d’Alexei Moskalev, dont le seul crime était d’être le père d’une fillette de 12 ans qui avait fait un dessin contre la guerre.
« Le message adressé aux États-Unis est que leurs normes et standards éthiques ne s’appliquent pas à la Russie, parce que M. Poutine a le pouvoir de faire ce qu’il veut », a écrit M. Kimmage. « Le gouvernement russe n’a pas nécessairement besoin d’arrêter une douzaine d’Evan Gershkovitch ou une douzaine d’Alexei Moskalev pour arriver à ses fins, mais il doit se montrer moralement et légalement capable de tout. »
Eurasia Group, un cabinet de conseil politique américain fondé par Ian Bremmer, a qualifié la « Russie dévoyée » de risque majeur pour 2023.
M. Bremmer et Cliff Kupchan, président d’Eurasia Group, notent qu' »une Russie dévoyée représente une crise géopolitique de premier ordre. Elle représente une menace pour la sécurité mondiale, les systèmes politiques occidentaux, la cybersphère, l’espace et la sécurité alimentaire, sans parler de tous les civils ukrainiens ».
Le deuxième risque le plus important selon les auteurs est le « Maximum Xi« , qui fait référence au soutien du dirigeant chinois Xi Jinping à la Russie. « L’affinité personnelle de Xi pour Poutine limitera la volonté de la Chine de s’aligner sur les pays développés et même, dans le pire des cas, sur les pays en développement, en réponse au comportement de plus en plus voyou de la Russie (voir le risque n° 1) qui menace la paix et la stabilité mondiales », écrivent-ils.
Les États voyous comme la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, la Birmanie (Myanmar), la Syrie, l’Afghanistan, le Venezuela et Cuba ont certaines caractéristiques en commun. Ils snobent l’ordre international fondé sur des règles, dirigé par les États-Unis, l’Union européenne, le Japon et d’autres alliés aux vues similaires, qui promeuvent les marchés libres, la démocratie et les droits de l’homme. Ils maltraitent leurs propres citoyens, parfois jusqu’au génocide, notamment contre les Ukrainiens sous contrôle russe, les chrétiens, les Ouïghours et les Falun Gong en Chine, et les Rohingyas en Birmanie.
Ces États voyous méritent une rétrogradation internationale du statut de nations souveraines à celui de terroristes, comme le groupe terroriste ISIS. Lorsque la communauté internationale leur témoigne du respect en leur accordant un statut égal à celui de leurs propres démocraties, elle légitime tacitement leurs actes criminels. Il faut mettre un terme à cette stratégie ratée qui consiste à s’engager auprès des régimes voyous les plus dangereux du monde.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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