TORONTO – Le chef-d’œuvre lyrique de Richard Wagner Die Walküre (La Valkyrie) est une aventure épique qui transporte l’auditoire au cœur d’une réflexion profonde et le laisse songeur.
Durant plus de quatre heures, le deuxième opéra du cycle de Wagner L’anneau du Nibelung, basé sur la mythologie Norse, offre aux spectateurs une expérience intense – à la fois par la musique et par les thématiques abordées – ce qui peut en fait avoir un impact sur leur perception du monde.
«Pour moi, l’œuvre de Wagner est à la fois très physique et très spirituelle», révèle la soprano Heidi Melton, qui interprétera le rôle de la demi-déesse Sieglinde du 27 au 30 mai avec l’Orchestre symphonique de Montréal.
La jeune soprano américaine a été acclamée pour ses interprétations puissantes des œuvres de Wagner – combinant le travail acharné, la passion et des liens sincères avec la musique du compositeur.
Heidi Melton se souvient de son premier contact avec la musique de Wagner à l’université, lorsqu’une amie lui a fait entendre Liebestod une aria de son opéra Tristan et Isolde.
«Elle l’a fait jouer pour moi et ça a été une des expériences les plus incroyables de ma vie. Mon corps tout entier vibrait avec la musique – ce n’était pas à l’extérieur de moi, c’était quelque chose de l’intérieur qui, d’une façon étrange, amplifiait tout en rendant tout plus grand, plus lumineux, les couleurs étaient soudainement plus intenses», se rappelle-t-elle.
Plus tard, son professeur de musique lui a suggéré d’essayer de chanter la musique de Wagner, un répertoire qu’on ne nous avait pas encouragés à étudier à l’université
«Nous avons commencé vraiment doucement et ça me correspondait parfaitement. C’était comme tomber amoureux de la bonne personne, quand naturellement on devient à l’aise avec l’être aimé et que c’est réciproque.»
«Pour la première fois, j’ai senti que j’étais faite pour chanter cette musique», affirme-t-elle.
Heidi Melton explique qu’elle sent que la musique de Wagner connecte l’orchestre, les chanteurs et le public d’une manière très puissante.
«[La musique] est tellement vraie et vivante que le public y répond», s’exclame-t-elle.
«Lorsque j’assiste à une œuvre de Wagner en tant que spectatrice, je fais aussi partie de la représentation parce que tous ensemble nous formons un tout. C’est une aventure incroyable qui ne se termine pas avant que Wagner n’y ait mis la note finale», explique-t-elle.
«Et puis, on ressent un soupir collectif dans la salle. On sent finalement que tout le monde respire à nouveau pour la première fois depuis six heures. C’est vraiment unique.»
Inspiration divine
Heidi Melton raconte une expérience inoubliable au cours de laquelle, après une représentation, un spectateur qui était sévèrement malade est venu vers elle et lui a dit qu’il avait oublié ses souffrances pour la première fois depuis très longtemps.
«La musique peut accomplir cela et je suis vraiment privilégiée d’être une intermédiaire pour ça. Ce n’est pas moi qui ai écrit cette musique… cette musique est vraiment spéciale. Elle est au-delà», dit-elle.
La soprano croit que les œuvres telles que celle de Wagner sont d’inspiration divine et qu’elles transcendent l’ordinaire.
«Quand nous trouvons une façon de toucher cette [transcendance]… d’avoir cette connexion avec la musique, je pense que c’est une expérience qui bouleverse notre vie et qui peut être salvatrice de plusieurs façons», explique la soprano qui croit qu’on peut vivre cette expérience simplement en faisant jouer la musique dans ses écouteurs en allant au travail.
«C’est vraiment en étant tranquille, dans le moment présent, en ne se préoccupant de rien ou en ne pensant pas à la douleur ni à changer quelque chose. C’est un peu comme méditer», remarque-t-elle.
Elle exprime aussi de l’admiration pour le personnage de Sieglinde, la fille d’un dieu et d’une mortelle qui vit beaucoup de souffrances sur terre, mais qui maintient une grande force de caractère.
«Elle est une femme incroyable», explique Heidi Melton qui s’identifie à Sieglinde dans sa force et sa détermination.
«Je pense que pour chanter, pour suivre une telle carrière, il faut se battre, être entêté, ne pas accepter “non” comme réponse.»
«Sieglinde est vraiment comme ça; elle a été enlevée, violentée et, malgré tout, elle ne renonce pas à l’espoir – jamais.»
L’OSM produira Die Walküre (La Valkyrie) du 27 au 30 mai, à la Maison symphonique de la Place des Arts. Pour de plus amples informations, consultez le
www.osm.ca/fr/concert/la-valkyrie
Version originale : Die Walküre: An Epic Journey at the Opera
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