Je suis tombé sur un tableau du peintre académique français du XIXe siècle, Léon Bonnat, intitulé Le Martyre de saint Denis. À première vue, cette peinture était une représentation macabre d’une décapitation. Mais en regardant plus longuement, j’ai été inspiré par la morale.
Qui était saint Denis ?
Saint patron de Paris, il fut l’un des saints les plus importants de la royauté française. Selon la légende, Saint Denis (Dionysius) a été converti au christianisme sous l’apôtre Paul. Après la mort de Paul, le pape Clément Ier a envoyé Dionysius avec plusieurs autres évêques en Gaule pour convertir les païens au christianisme. Cependant, les évêques ont été arrêtés en France par l’empereur romain, qui voulait persécuter les chrétiens.
Les soldats ont reçu l’ordre d’emmener les évêques capturés et de les décapiter sur les pentes de Montmartre. Les soldats ont suivi les ordres et ont décapité les prisonniers sous leur garde.
Ô miracle ! lorsqu’ils sont arrivés à Dionysius, sa foi était si grande et si profonde qu’il est resté en vie après avoir été décapité. Dionysius ramassa sa tête coupée, qui continuait à réciter des psaumes, et marcha pendant plus de 3 km jusqu’à sa dernière demeure.
Le martyre de saint Denis
L’œil souvent égaré par la profusion d’éléments, analysons la toile de plus près… Saint Denis est représenté au milieu de la moitié inférieure de la composition. Il vient d’être décapité. Mais au lieu de rester étendu sur le sol sans vie, il se penche pour ramasser sa tête sur le sol. Une auréole entoure sa tête, et la lumière brille à l’endroit où se trouvait sa tête.
Le bourreau est représenté à la droite de saint Denis. Il a laissé tomber sa hache ensanglantée et se penche en arrière, sous le choc. Un autre personnage derrière saint Denis lève les mains en l’air en signe d’incrédulité.
Le bourreau a eu une journée bien remplie : sur les marches ensanglantées gisent deux corps décapités, aux bords droit et gauche de la composition. Une deuxième tête décapitée, en bas à droite du dessin, est entourée d’une auréole, ce qui suggère qu’elle appartenait très probablement à l’un des évêques.
Un ange descendant sur un nuage est visible en haut à droite. L’ange porte une branche de palmier et une couronne de laurier, qui représentent la victoire de saint Denis sur la mort.
Le vrai accomplissement de la dévotion spirituelle
Tout d’abord, je me suis posé la question : « Que représente la tête ? » La tête peut représenter la conscience, la sagesse, l’ego, l’intelligence, la rationalité, etc. Le fait que la tête du saint soit séparée de son corps suggère que les choses que sa tête représente sont également séparées de son corps.
Que représente donc le corps ? Le corps est souvent associé aux désirs et aux plaisirs charnels. L’esprit essaie de contrôler le corps, mais souvent le corps distrait l’esprit.
Est-ce que cette représentation de saint Denis peut nous fournir la leçon morale que l’esprit doit se séparer des distractions charnelles du corps ? Est-ce là ce qui est nécessaire pour mener une vie sainte ?
Regardons de plus près la tête elle-même. Il y a deux têtes décapitées : celle de saint Denis et celle d’une autre en bas à droite. La tête en bas à droite est de couleur plus grise, ce qui lui donne l’air plus morte, et elle a une fine auréole. En revanche, la tête de saint Denis est plus colorée et ressemble même à son corps, et le halo autour de sa tête est entièrement rempli de lumière dorée.
La plénitude de l’auréole représente probablement un plus grand dévouement à la vie sainte ; sinon, pourquoi peindre les deux auréoles et les deux têtes différemment ? Si c’est le cas, alors un plus grand engagement dans la vie sainte donne la vie là où il y aurait autrement la mort.
Comme le dit la légende, même après la décapitation, la tête de saint Denis récitait des paroles divines. Sa dévotion a complètement influencé sa conscience, sa sagesse, son ego, son intelligence, sa rationalité, etc. Il était tellement dévoué à la sainteté de son vivant que son dévouement a continué après que sa tête a été séparée de son corps.
Il est intéressant de noter que son dévouement à la vie sainte semble également influencer son corps. Le peintre Bonnat dépeint le moment où le corps de saint Denis se baisse pour ramasser sa tête. Une lumière brille à l’endroit où se trouvait sa tête. Comment son corps sait-il où se trouve sa tête ?
Est-ce sa dévotion au divin qui harmonise et relie en quelque sorte son corps et son esprit, ces deux choses que nous suggérons plus haut comme étant séparées ? Et la lumière qui brille à l’endroit où se trouvait sa tête représente-t-elle sa dévotion ? Cette lumière guide-t-elle son esprit, son âme ?
Est-ce ce type de dévotion qui apporte la vraie victoire, représentée par l’ange ? Saint Denis aurait pu se défendre, argumenter, plaider pour sa vie. Rien de tout cela ne lui aurait garanti le succès.
En récitant les psaumes, il est véritablement concentré sur Dieu, et la mort ne le concerne pas. Il n’a pas peur de la mort, et ce courage qu’il puise au sein de Dieu est ce qui lui apporte la vraie victoire.
Le résultat de la sainte dévotion de saint Denis étonne son bourreau. Comment pouvons-nous utiliser notre foi, notre croyance pour étonner ceux qui nous veulent du mal ?
Les arts traditionnels contiennent souvent des représentations et des symboles spirituels dont la signification peut être perdue pour nos esprits modernes. Dans notre série « Atteindre l’intérieur : ce que l’art traditionnel offre au cœur », nous interprétons les arts visuels d’une manière qui peut être moralement perspicace pour nous aujourd’hui. Nous ne prétendons pas fournir des réponses absolues aux questions auxquelles les générations ont été confrontées, mais nous espérons que nos questions inspireront un voyage de réflexion dans le but de devenir des êtres humains plus authentiques, plus compatissants et plus courageux.
Eric Bess est artiste figuratif en exercice et candidat au doctorat à l’Institut d’études doctorales en arts visuels (IDSVA).
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