Marine Le Pen condamnée : la leader du RN fustige une « décision politique » et réaffirme ses ambitions pour 2027

Par Epoch Times avec AFP
31 mars 2025 22:50 Mis à jour: 1 avril 2025 08:33

Marine Le Pen a fustigé lundi une « décision politique » et un « jour funeste pour notre démocratie », après sa condamnation à une inéligibilité immédiate pour cinq ans, et réaffirmé ses ambitions pour la présidentielle de 2027 en demandant une audience en appel rapide.

Quelques heures après le coup de tonnerre de la décision du tribunal de Paris dans l’affaire des assistants parlementaires européens, Marine Le Pen s’est exprimé sur le plateau de TF1.

« Des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires »

Selon elle, « l’État de droit a été totalement violé par la décision qui a été rendue » puisqu’elle « empêche un recours effectif » et « considère que le droit de se défendre justifie l’exécution provisoire », rapporte le Figaro. « Ce soir, il y a des millions de Français qui sont indignés, indignés à un point inimaginable, en voyant que, en France, dans le pays des droits de l’Homme, des juges ont mis en place des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires », a-t-elle dénoncé. Elle accuse par ailleurs la présidente du tribunal de l’avoir condamné « sans fondement », précise encore le quotidien national.

Marine Le Pen, qui a également écopé d’une peine d’emprisonnement de quatre ans dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique (elle n’ira pas en prison), et d’une amende de 100.000 euros, a dénoncé une « décision politique » et un « état de droit violé ».

Marine Le Pen et Catherine Griset quittent la salle d’audience du tribunal de Paris pendant la lecture du verdict de leur procès pour détournement de fonds publics européens, le 31 mars 2025. (Photo ALAIN JOCARD/AFP via Getty Images)

« Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi »

Elle a confirmé son intention de faire appel, demandant que « la justice se hâte », pour assurer une audience et une décision à temps pour la prochaine présidentielle.

« Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi », a affirmé la patronne des députés RN, écartant pour le moment l’idée de passer le témoin à Jordan Bardella. Le président du RN est « un atout formidable (…) j’espère que nous n’aurons pas à user de cet atout plus tôt qu’il n’est nécessaire », a-t-elle répondu.

« Il y a un petit chemin. Il est certes étroit, mais il existe », a-t-elle assuré.

Quant à Jordan Bardella, il a estimé que « c’est la démocratie française qui est exécutée » et appelé à une « mobilisation populaire et pacifique » et lançant une pétition sur le site du parti.

À ce stade la marche vers l’Élysée de l’une des favorites du scrutin – un sondage publié dimanche dans le JDD la créditait de 34 à 37% d’intentions de vote au 1er tour – apparaît très fortement compromise, vu les délais habituels de la justice. Le procès en appel ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard, soit pas avant la fin 2026, à quelques mois de la présidentielle.

Et sans garantie que la cour d’appel rende une décision différente de celle du tribunal.

Le Premier ministre François Bayrou (relaxé pour des faits similaires mais en attente d’un second procès) a lui été « troublé » selon son entourage, alors que le patron de LFI, Jean-Luc Mélenchon (visé par une enquête dans un dossier semblable) a estimé que « la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple ».

« La séparation des pouvoirs n’est plus à l’ordre du jour du gouvernement », a vertement répliqué le patron du PS Olivier Faure, en réponse au « trouble » du Premier ministre, et son parti a annoncé une pétition en soutien à la « justice et son indépendance ».

Une amende de deux millions d’euros infligée au RN

Le tribunal a « pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait que soit candidate à l’élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance », a justifié la présidente.

Considérant qu’il y avait bien eu un « système » entre 2004 et 2016 pour faire faire des « économies » au RN en payant avec l’argent du Parlement européen des assistants d’eurodéputés travaillant en réalité pour le parti, le tribunal a condamné 23 autres personnes, ainsi que le FN devenu RN, qui s’est vu infliger deux millions d’euros d’amende, dont un million ferme, et une confiscation d’un million d’euros saisis pendant l’instruction.

Le parti et les autres condamnés devront aussi payer quelques 3,2 millions d’euros au Parlement (le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions mais 1,1 ont déjà été remboursés).

Le prononcé d’une peine d’inéligibilité « apparaît nécessaire », a justifié la présidente du tribunal, soulignant la « gravité des faits ». Elle a mis en avant « leur nature systématique », « leur durée », le « montant des fonds détournés » mais aussi « la qualité d’élu » des personnes condamnées, et « l’atteinte portée à la confiance publique ».

Devant Marine Le Pen, 56 ans, assise en veste bleue au premier rang, le tribunal avait rapidement annoncé que les neuf eurodéputés poursuivis étaient coupables de détournement de fonds publics, et les douze assistants coupables de recel.

Marine Le Pen était « au coeur de ce système », encore plus quand elle a pris la suite de Jean-Marie Le Pen à la tête du parti à partir de 2011.

Il n’y a pas eu d’« enrichissement personnel » mais « il y a bien un enrichissement du parti », a martelé la présidente, notant que les salaires octroyés aux assistants parlementaires étaient plus « confortables » que ce que le parti aurait pu se permettre.

« Assassinat politique »

« Assassinat politique », « exécution », « magouilles » d’Emmanuel Macron : de nombreux électeurs croisés lundi à Hénin-Beaumont, fief de Marine Le Pen, s’indignent de sa condamnation à une peine d’inéligibilité immédiate.

« C’est honteux ! Ils l’ont démolie, c’est fait pour faire barrage », bouillonne Jacqueline Bossuyt. Cette frêle dame de 78 ans aux cheveux courts, habitante d’Hénin-Beaumont, dans une circonscription où Marine Le Pen est députée depuis 2017, assure que « les gens vont se révolter, ça peut pas rester comme ça ».

« Qu’elle soit condamnée, c’est normal, si elle a fait quelque chose, mais qu’elle ne puisse pas être élue je ne suis pas d’accord avec ça », ajoute Laurent, selon qui un remboursement des sommes détournées aurait suffi.

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