NEW YORK— S’agitant dans le Nord-Est des États-Unis au milieu du mois dernier, la tempête Stella était un cas d’école classique. Cinq jours plus tôt, les météorologistes prévoyaient la collision entre une perturbation du Midwest américain, et une autre du Sud-Est.
Dans les faits, les intempéries ne se sont pas vraiment croisées. La tempête du Midwest a simplement renforcé celle du Sud-Est, la rendant « prééminente en l’espace de quelques heures, » explique Keith Seitter, directeur exécutif de l’American Meteorological Society. « C’est la façon typique dont se constituent les perturbations majeures du Nord-Est. »
Cependant, quand Stella a finalement atteint le Nord-Est des États-Unis, au lieu de déverser 30 cm de neige à New York, elle n’a laissé derrière elle que 18 cm sur la ville, mais 60 cm en certains endroits de la Pennsylvanie.
Être à même de prédire le comportement des tempêtes hivernales est l’une des tâches les plus ardues pour les météorologistes, surtout lorsqu’elles sont près des côtes. « Des variations infimes [de mouvement] peuvent induire des comportements très différents, » explique Seitter.
Comme la température de l’océan reste toujours au dessus de 0°, même en hiver, l’air se réchauffe. Cette augmentation de température provoque de la pluie dans les zones proches de la mer, et de la neige à l’intérieur du territoire.
Et il y une grosse différence en terme de volume entre la pluie et la neige: selon la température un centimètre de pluie peut ou non se cristalliser en 10 centimètres de neige.
Qui plus est, quelques kilomètres à peine peuvent séparer quelques flocons épars d’un épais manteau blanc.
Si Stella s’était déplacée de 15 à 30 kilomètres plus loin dans les terres, peut-être y aurait-il vraiment eu 30 cm de neige à New-York. À défaut, comme l’impact d’une tempête est proportionnel à son calibre, il est usuellement préférable d’envisager le pire.
La prédiction des phénomènes météorologiques n’est pas une science aussi « exacte » que les mathématiques. Et c’est peut-être encore plus vrai dans le cas des tempêtes.
Jeff Freedman travaille au centre de recherche des science atmosphériques de l’université d’État de New-York, Albanie. Au cours d’une précédente interview, il a expliqué que l’on ne disposait pas d’un, mais de multiples modèles informatiques visant à simuler et prévoir le comportement des intempéries.
Certains modèles sont plutôt adaptés pour prédire le déplacement des perturbations. D’autres sont davantage orientés sur la prédiction du volume de pluie hypothétiquement engendré. Les météorologistes mettent constamment à jour leurs modèles: ils en développent de nouveaux, et observent la justesse des anciens. Enfin, tels des peintres s’étant constitué une palette, ils combinent ces modèles comme des couleurs, de façon à reconstituer au mieux l’allure du phénomène.
« Ça ressemble un peu à de l’art, » ajoute Freedman.
Version anglaise: The Art of Perfect Storm Prediction
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