La Conciergerie de Paris, emblématique palais de la capitale, dévoile jeudi une installation du célèbre artiste ghanéen El Anatsui, montée pendant des mois dans le stress de la crise sanitaire.
Cette exposition phare devait lancer en décembre la saison Africa2020, ambitieux projet d’événements culturels et éducatifs dans toute la France, qui se sont finalement déroulés en ligne, crise sanitaire oblige.
Actuellement à Accra, l’artiste de 77 ans, mondialement connu pour ses immenses tapisseries métalliques en capsules d’aluminium, n’est pas venu à Paris et n’a pas vu l’installation finale. Seulement des photos et des vidéos.
Invitation à la méditation et au silence
Son installation « En quête de Liberté », désormais accessible, se veut une invitation à la méditation et au silence, « un endroit où le visiteur peut déambuler, s’asseoir, réfléchir », explique N’Goné Fall, la commissaire générale de Saison Africa2020.
Six de ses tapisseries sont installées dans la magnifique salle gothique « des Gens d’armes », qui était au XIVe siècle le réfectoire des officiers du roi Philippe Le Bel. La Conciergerie deviendra au 18e siècle un haut lieu de détention pendant la Révolution française.
Deux « rivières » en toile de parachute ondulant sous l’effet de ventilateurs, sur lesquelles sont projetées des images de la Seine, traversent la salle. Et cinquante roches en résine, sur lesquelles le visiteur est invité à s’asseoir, sont installées sous les voûtes.
Six tapisseries du Nigeria
« Ca a été un défi technique, ça a été stressant de monter cette installation, et frustrant pour l’artiste de ne pas être là », souligne N’Goné Fall, qui se remémore les difficultés pour faire venir les six tapisseries du Nigeria. « En pleine crise sanitaire, avec les aéroports fermés, il fallait convaincre que c’étaient aussi des « biens essentiels »…
Diplômé d’art de l’Université de Kumasi au Ghana en 1969, El Anatsui est parti en 1975 enseigner la sculpture à l’Université du Nigeria à Nsukka, et n’en est jamais reparti, séduit par le dynamisme du mouvement artistique et expérimental dans ce pays.
Notoriété internationale
Avec son travail sur les matériaux recyclés, il a conquis une notoriété internationale et est devenu un des artistes africains les plus chers au monde. Il a reçu le Lion d’Or pour l’ensemble de son œuvre à la Biennale de Venise en 2015.
Mais, souligne N’Goné Fall, pour ses étudiants, il reste le « Prof », figure respectée en Afrique, engagée dans de nombreux projets d’éducation et mécène de jeunes artistes.
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