Depuis 1947, l’atlantisme cimente les relations entre l’Europe et les États-Unis sur fond de valeurs et d’intérêts communs. Comme entre 2017 et 2021, certains analysent la politique étrangère de Donald Trump et sa perception de l’alliance avec le Vieux Continent comme la fin de cette doctrine, voyant en lui un président américain « aligné sur les positions de Moscou ». Et s’il s’agissait d’une redéfinition de l’atlantisme en question plutôt que d’une mise à mal de ce dernier ?
L’atlantisme, bien qu’il n’ait pas de définition officielle, peut être vu comme un courant né au début de la Guerre froide, défendant un rapprochement fort – aussi bien matériel que philosophique – entre l’Europe et l’Amérique.
À l’époque, cette alliance est une évidence : les États-Unis sont les grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, leur puissance militaire est incontestable. De l’autre côté de l’Atlantique, les démocraties européennes, face à la nouvelle menace soviétique et l’expansion du communisme, craignent pour leur sécurité. L’OTAN, créée en 1949, matérialise cette union entre l’Ancien et le Nouveau Monde.
Cette solidarité atlantique, fait géopolitique majeur des rivalités entre l’Ouest et l’Est, n’est cependant pas toujours acceptée, notamment en Europe, et surtout en France. Le très influent Parti communiste sera à la pointe de la propagande anti-américaine avec des affiches ayant pour titres : « Libérons la France du pacte atlantique ! » ou « Les Américains en Amérique ! ».
De son côté, le général de Gaulle ne sera pas toujours un partisan indéfectible de l’alliance avec les États-Unis qu’il considère comme une entrave à l’indépendance nationale. Il décide ainsi, en 1966, de retirer la France du commandement intégré de l’OTAN. Une décision sur laquelle Nicolas Sarkozy reviendra en 2009.
La chute de l’Union soviétique en 1991 marquera la victoire du bloc occidental, et a fortiori de l’atlantisme.
La critique à l’égard des alliés
De nos jours, la plupart des critiques de cette alliance semblent venir de l’Oncle Sam, notamment depuis la première campagne présidentielle de Donald Trump. Le candidat républicain avait alors qualifié l’OTAN d’« obsolète » et reprochait aux États européens de ne pas investir suffisamment dans leur défense. Une rhétorique peu sympathique répétée lors de sa dernière campagne et depuis son investiture le 20 janvier dernier.
L’actuel locataire de la Maison-Blanche a même récemment mis en doute la loyauté de la France si l’Amérique était attaquée et est même allé jusqu’à affirmer que « l’Union européenne a été conçue pour emm**der les États-Unis ».
Des déclarations qui n’ont pas été sans inquiéter le Vieux Continent. Mais c’est surtout la joute verbale entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche le 28 février qui a fait couler beaucoup d’encre. Cette dernière a été décryptée comme un « lâchage » de l’Europe par Washington et un « alignement » des États-Unis sur les souhaits du leader russe.
Une redéfinition avec le « style » Trump ?
À l’inverse de ses prédécesseurs, Donald Trump a un style qui lui est propre pour communiquer avec ses alliés européens. Il incarne sur la forme une rupture avec ces derniers. Mais il ne faudrait peut être pas aller trop vite en besogne et passer au crible l’ensemble des propos du président américain pour tenter de comprendre ce que certains appellent la « bascule » de l’ordre international.
Le président américain ne semble en réalité pas vouloir rompre les liens historiques avec l’Europe. Lors d’une conférence de presse pendant son premier mandat, en avril 2017 avec l’ex-secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, il avait qualifié l’Alliance atlantique de « rempart pour la paix internationale ».
La semaine dernière, alors qu’il recevait l’actuel chef de l’organisation, Mark Rutte, à la Maison-Blanche, il l’exhortait de « garder l’alliance forte et pertinente », selon des propos rapportés par le New York Post.
Par ailleurs, depuis le début de l’année, Donald Trump a menacé à plusieurs reprises Moscou de sanctions sur fond de Guerre en Ukraine. « ARRÊTEZ cette guerre ridicule », avait même publié le président américain sur Truth Social le 22 janvier, en s’adressant à Vladimir Poutine.
Des déclarations nuançant les prises de position actant le « désengagement » des États-Unis en Europe et montrant que le courant atlantiste, sans être mis à mal, est adapté, redéfini à la manière de Donald Trump. C’est-à-dire celle d’un « businessman » qui estime que rien n’est dû et que chaque partie doit être gagnante lorsqu’elles font des affaires ensemble.
« Il ne faut pas s’attendre à un repli américain, mais certainement à un changement de ton : un discours beaucoup plus directif et moins consensuel vis-à-vis des alliés, et un ton accommodant avec les adversaires de l’Amérique comme Poutine, uniquement dans la mesure où ils feront preuve de respect des intérêts américains », écrivait le géopolitologue et historien Philippe Fabry en 2016. « L’élection de Donald Trump ne signifiera pas un retrait américain, mais au contraire l’accentuation de l’hégémonie américaine », ajoutait-il.
Ainsi, l’atlantisme, qui avait dû trouver un nouveau sens à son existence au lendemain de la Guerre froide, une fois la menace soviétique disparue, se retrouve aujourd’hui confronté à la même situation. Donald Trump apparaît comme l’accélérateur de sa transformation. Peut-être qu’au lieu d’être voué à disparaître, ce dernier a vocation à s’adapter aux nouveaux aléas géopolitiques.
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