Le bitcoin, la mystérieuse valeur créée par des mathématiciens sorciers sur Internet va-t-elle s’imposer comme une véritable monnaie ? Partout dans le monde, de plus en plus d’acteurs économiques semblent y croire, provoquant ainsi une flambée spéculative.
Le bitcoin, que l’on achète et que l’on vend sur des plate-formes spécialisées sur le web, a atteint jeudi un record historique, grimpant jusqu’à 7.392 dollars, selon des données compilées par l’agence d’information Bloomberg.
Il ne valait « que » 5.247 dollars deux semaines plus tôt. Et était descendu sous les 800 dollars début 2017, dans un des krachs qu’il connaît régulièrement.
Ces records attirent des particuliers rêvant de faire la culbute en quelques mois.
À Paris, la Maison du bitcoin, un petit établissement qui permet aux particuliers d’acheter la monnaie virtuelle – moyennant une commission de 10% – ne désemplissait pas jeudi après-midi, a constaté l’AFP.
« C’est comme le loto, on prend un risque », explique à l’AFP Jacques Saada, venu avec son gendre acheter du bitcoin tout en reconnaissant n’y rien comprendre.
Sans existence physique, le bitcoin ne s’appuie pas sur la signature d’un État ou d’une institution, et tire sa valeur de l’inviolabilité du protocole informatique qui l’a créé, la blockchain.
Mais sa séduction, et celle des autres « monnaies virtuelles » comme l’éther, va au-delà des particuliers en quête du bon coup : commerçants, entreprises et institutions financières multiplient les déclarations d’intérêt.
À Monaco, le loueur de yachts de luxe Royal Yacht Brokers accepte désormais les paiements en bitcoins et autres monnaies virtuelles – et, au passage, en or et en platine.
En Italie, la maison de vente aux enchères San’t Agustino a pour la première fois accepté les 23 et 24 octobre les bitcoins en paiement. Bilan : 60 objets sur 600 ont été vendus en bitcoins, pour un montant total de 84.000 euros.
Le groupe américain CME, l’un des plus importants opérateurs boursiers du monde, a annoncé mardi qu’il allait proposer des produits dérivés permettant de spéculer sur le cours du bitcoin.
Pour tous ses avocats, la monnaie virtuelle présente des attraits bien trop puissants pour être ignorée.
À Paris, Yann Robert et Gaël Ouaki acceptent les bitcoins depuis un an dans leurs deux boutiques de décoration du passage du Grand Cerf.
Certes, pour l’instant, l’usage du bitcoin est marginal : « une petite trentaine de transactions en un an », pour Yann Robert, « une seule en un an » pour Gaël Ouaki. Mais « une fois que le côté spéculatif se sera tassé », les monnaies virtuelles « deviendront d’usage courant », affirment-ils.
Yann Robert explique ainsi que le bitcoin lui a permis de faire affaire avec des touristes étrangers qui avaient épuisé leur plafond de retrait sur leur carte de crédit. Ou d’acheter à un fournisseur en Californie sans frais bancaires.
À l’inverse, les banques centrales continuent de régulièrement mettre en garde contre le bitcoin et autres monnaies virtuelles, souvent accusés de faciliter des activités illégales.
« Il s’agit d’instruments financiers spéculatifs qui créent des risques de nature financière, voire criminelle », avertissait la semaine dernière Benoit Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). Il juge toutefois que pour l’instant « les cryptomonnaies ne créent pas de risque de nature monétaire car les montants en jeu sont marginaux ».
Pour Christine Lagarde, directrice générale du FMI, les devises virtuelles actuelles sont « trop volatiles, trop risquées, trop consommatrices d’énergie », ainsi que « trop opaques pour les régulateurs ».
Mais nombre de ces points sont « des défis technologiques » qui pourront être relevés « au fil du temps » et « je pense qu’il ne serait pas sage d’ignorer les monnaies virtuelles », a-t-elle souligné dans un discours fin septembre à Londres.
À Pékin, le gouvernement chinois semble l’avoir bien compris. La banque centrale chinoise a certes sommé mi-septembre les plateformes d’échanges de monnaies virtuelles basées à Pékin et Shanghai de cesser leurs opérations de marché.
Mais elle a aussi a établi un institut de recherche dédié au blockchain et se prépare ouvertement à la création d’une monnaie virtuelle étatique.
En tout cas, même les avocats du bitcoin en conviennent, l’objet reste aujourd’hui hautement spéculatif. « N’investissez que ce que vous êtes prêts à perdre », recommande Jacques Favier, coauteur de « Bitcoin, la monnaie acéphale » aux éditions du CNRS.
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