DÉCRYPTAGE – Deux ans après son arrivée au pouvoir, la cheffe du gouvernement italien semble être sur le point de réussir son pari en matière de contrôle des flux migratoires. Selon des données du ministère de l’Intérieur transalpin, l’immigration clandestine a diminué en 2024 de 65 %, par rapport à l’année précédente. Une forte baisse notamment liée à une politique de partenariat avec des pays méditerranéens efficace. Cependant, si l’arrivée en Italie de clandestins a été ralentie, il en n’est pas de même de l’immigration légale. Bien au contraire.
Une baisse inédite de l’immigration illégale en 2024
Giorgia Meloni avait fait de la baisse des arrivées de migrants clandestins sur les côtes italiennes une promesse phare de sa campagne à l’occasion des élections législatives de 2022. Et il semblerait qu’elles aient largement diminué entre 2023 et 2024. C’est en tout cas ce que l’on constate en consultant un graphique sur le site du ministère de l’Intérieur italien.
En effet, ce dernier indique qu’entre le 1er janvier et le 3 septembre 2024, 42.544 migrants clandestins ont débarqué en Italie contre 114.867 à la même période en 2023, soit une baisse de 65 % en un an. Les données notent également une diminution par rapport à l’année 2022. Il y a deux ans, plus de 60.000 étrangers en situation irrégulière étaient arrivés à la Péninsule.
Selon des propos rapportés au mois d’août par le quotidien italien La Nuova Sardegna, le ministre de l’Intérieur italien Matteo Pantedosi a déclaré à l’occasion d’une séance de questions à la chambre des députés que « ces résultats importants sont le fruit de stratégies visant à lutter contre le trafic honteux de migrants, le respect le plus strict des règles migratoires et la mise en œuvre d’une coopération plus efficace avec les pays d’origine et de transit des flux ».
Des partenariats avec des pays méditerranéens
Effectivement, Giorgia Meloni a fait des accords et de la coopération avec certains pays méditerranéens comme la Tunisie, la Libye et l’Albanie – la pierre angulaire de sa lutte contre l’immigration illégale. En juillet 2023, notamment sous l’impulsion de Rome, l’UE avait signé un « partenariat stratégique complet » avec Tunis incluant entre autres, le volet migratoire. Les autorités tunisiennes devant contrôler les flux et l’UE aidant la Tunisie à hauteur de 105 millions d’euros pour le faire. Plus récemment en juin, la cheffe du gouvernement italien s’est rendue en Albanie pour la construction de centres « chargés d’accueillir des migrants envoyés par l’Italie », selon Euronews.
Avec ces accords, la présidente du Conseil des ministres entend s’affirmer sur la scène européenne et internationale, mais aussi répondre aux attentes de son électorat. Une stratégie qui semble pour le moment fonctionner. Son parti, Fratelli d’Italia, est arrivé en tête des élections européennes de juin dernier en récoltant 28,7 % des suffrages contre 24,1 % pour l’opposition de centre gauche représentée par le Parti démocrate. Le parti rival à droite La Lega de Matteo Salvini est, quant à lui, arrivé loin derrière avec 8,9 % des suffrages.
Cette baisse drastique de l’arrivée de clandestins est également une bonne nouvelle pour la leader conservatrice italienne qui a été, ces deux dernières années, critiquée de toute part pour sa politique de gestion des flux migratoires, aussi bien au niveau national qu’européen. En 2023, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait d’ailleurs jugé la cheffe du gouvernement italien « incapable de régler les problèmes migratoires » provoquant une crise diplomatique entre Rome et Paris.
Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani avait annulé sa visite en France. « Je mettrais en garde contre l’utilisation d’autres pays pour régler des problèmes de politique intérieure, car c’est quelque chose qu’on ne fait habituellement pas », avait de son côté répondu celle qui a succédé à Mario Draghi.
La hausse de l’immigration légale en parallèle
Mais la politique migratoire menée par Giorgia Meloni s’avère plus ambivalente que prévue. Si fermeté et contrôles renforcés sont de rigueur quand il s’agit de lutter contre l’arrivée de migrants clandestins, cela semble être l’inverse pour les arrivées légales.
En effet, pour venir en aide à des secteurs de l’économie italienne en crise comme le tourisme, la restauration ou l’agriculture qui peinent à embaucher, le gouvernement conservateur de Giorgia Meloni a décidé l’an dernier d’augmenter les quotas de travailleurs étrangers admis sur le territoire. L’idée pour les dirigeants italiens est de faire entrer environ 450.000 immigrés légaux d’ici à 2025. Une pénurie de main-d’œuvre qui s’explique notamment par le vieillissement de la population italienne.
Selon des données d’Eurostat, l’Italie est en 2022 le pays le plus « vieux » de l’Union européenne. En effet, 23,8 % de la population italienne est âgée de 65 ans et plus. Et selon le « Panorama de la santé » de l’OCDE de 2021, plus d’une personne sur huit en Italie sera âgée de 80 ans et plus en 2050.
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