Attaque de train au Pakistan : 190 otages ont été libérés et 30 assaillants tués

Par Epoch Times avec AFP
12 mars 2025 11:32 Mis à jour: 12 mars 2025 11:33

Au moins 190 passagers ont été libérés sur les plus de 450 passagers d’un train attaqué mardi par des séparatistes baloutches au Pakistan, tandis que 30 assaillants ont été tués, rapportent mercredi des sources de sécurité.

Les troupes pakistanaises tentent depuis plus de 24 heures de reprendre le contrôle du train et de la zone où l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), le principal groupe séparatiste de cette province au riche sous-sol et pourtant la plus pauvre du Pakistan, a fait sauter des rails pour bloquer le Jaffar Express.

Un premier bilan encore très provisoire donné mardi rapportait qu’« un policier, un soldat et le conducteur du train ont été tués », selon Mohammed Aslam, un responsable des chemins de fer de Mach, une ville voisine dont la gare a été transformée en hôpital de campagne.

Tout a commencé aux alentours de 13h00 (8h00 GMT) mardi. Le Jaffar Express parti de Quetta, la capitale du Baloutchistan, aux confins du Pakistan, de l’Iran et de l’Afghanistan, et censé rallier Peshawar, la capitale de la province voisine plus au nord, a été surpris à l’entrée d’un tunnel près de la ville de Sibi.

Le BLA, principal groupe séparatiste

Là, l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), le principal groupe séparatiste de cette province riche en hydrocarbures et en minerais et pourtant la plus pauvre du Pakistan, avait déposé une bombe.

Quand elle a détoné, elle a endommagé les rails, provoqué la panique parmi les centaines de passagers du Jaffar Express et donné le coup d’envoi d’une attaque qui marque un nouveau palier dans le violent bras de fer entre la BLA et les forces de sécurité pakistanaises.

Depuis, les échanges de tirs se poursuivent, la confusion règne sur le sort de centaines de passagers et la nuit n’a fait que compliquer la situation, indiquent des responsables policiers locaux sous le couvert de l’anonymat.

« Nous disposons d’informations qui laissent penser que des assaillants se sont enfuis, emportant avec eux un nombre indéterminé d’otages vers les zones montagneuses des environs », se borne ainsi à dire à l’AFP un responsable des services de sécurité locaux.

La BLA, elle, dit vouloir échanger des otages contre des prisonniers baloutches.

« Des kamikazes au milieu des otages »

« Une opération à large échelle a été lancée dans la matinée pour sauver les otages à bord du train et ceux emmenés ailleurs dans la région », a indiqué un second responsable. Des sources de sécurité ont de leur côté affirmé que la progression des troupes était ralentie par le fait que « des kamikazes se sont positionnés avec leurs ceintures d’explosifs au milieu des otages ».

Des passagers ont raconté à l’AFP avoir été relâchés par les combattants baloutches et avoir ensuite marché durant des heures dans la région montagneuse pour atteindre la prochaine gare d’où un train de fret les a conduit vers Mach. De là, selon des responsables locaux, ils ont été convoyés par bus vers Quetta « sous haute sécurité ».

L’un d’eux, Youssef Bachir, a dit à l’AFPTV avoir vu « des gens crier et pleurer » à l’arrivée des assaillants dans le train. « Il y avait des tirs et des explosions et les assaillants nous ont dit de sortir (…) avec les enfants, nous sommes descendus » du train, a-t-il ajouté.

L’armée n’a pas fait de commentaire jusqu’ici et aucun bilan de victimes dans les rangs des forces de l’ordre n’a été communiqué.

Des investisseurs privilégiés au détriment de la population locale 

Alors que les autorités verrouillent les accès à cette province qui abrite de nombreux chantiers –principalement chinois– dans l’énergie et les transports, la BLA revendique régulièrement des attaques meurtrières –souvent menées par des kamikazes– contre les forces de l’ordre et les Pakistanais originaires d’autres provinces.

Elle les accuse, au même titre que les investisseurs étrangers, principalement chinois au Balouchistan, de piller la province et de marginaliser sa population baloutche.

De nouveau mardi soir, un otage libéré a raconté à l’AFP que les assaillants avaient « vérifié les papiers d’identité » des passagers et « mis à l’écart ceux qui étaient originaires du Pendjab », perçus comme dominant les rangs de l’armée, engagée dans la bataille contre les séparatistes. « Ils ont abattu deux soldats devant moi, avant d’en embarquer quatre autres vers je ne sais où », a-t-il encore dit, en refusant de donner son nom.

Une recrudescence d’attaques 

En février, le groupe séparatiste avait déjà revendiqué avoir tué sept Pendjabis. En août, il avait tué 39 personnes en usant du même procédé, notamment en vérifiant les cartes d’identité des passagers sur différentes routes avant de les abattre s’ils étaient Pendjabis.

Début novembre, la BLA avait posé une bombe sur un quai de la gare de Quetta et tué 26 personnes, dont 14 soldats.

Dans ses communiqués, la BLA accuse « les généraux pakistanais et leur élite pendjabie » de « piller les ressources » des Baloutches, tandis que la société civile baloutche, qui mène régulièrement des sit-in appelant à la non-violence, accuse les autorités de rafler les militants de la cause de leur peuple.

Le Pakistan connaît une recrudescence d’attaques, en particulier d’islamistes et de séparatistes, principalement au Baloutchistan et dans le Khyber-Pakhtunkhwa, qui borde également l’Afghanistan.

Le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d’Islamabad estime que l’année 2024 a été la plus meurtrière en près d’une décennie avec plus de 1600 personnes ayant péri dans des attaques, dont 685 membres des forces de sécurité.

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