Le parti Russie Unie de Vladimir Poutine s’orientait dimanche soir vers une majorité claire au Parlement, à l’issue de législatives qui se sont déroulées après la répression et l’exclusion de presque toute opposition anti-Kremlin.
La formation au pouvoir récoltait 43,39% des voix, selon des résultats préliminaires portant sur 21% des bureaux de vote.
« Je vous félicite tous pour cette victoire propre et honnête », a lancé face à des partisans l’un des dirigeants du parti, Andreï Tourtchak.
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, s’est réjoui du résultat de ces élections « déterminantes pour le destin du pays ».
Le parti du Kremlin devance les communistes du KPRF (22,82%) et semble assuré de conserver une large majorité à la Douma, la chambre basse du Parlement, même si ces résultats préliminaires témoignent d’une baisse par rapport à 2016. Russie Unie avait alors obtenu 54,2% des voix et les communistes 13,3%.
La moitié des 450 sièges de députés sont attribués à la proportionnelle. Les autres le sont au scrutin majoritaire et Russie unie était en tête dans au moins 143 de ces circonscriptions, selon la Commission électorale.
La stratégie du « vote intelligent »
Compte-tenu du bon résultat préliminaire des communistes, les partisans de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, exclus du scrutin, revendiquaient eux le succès de leur stratégie du « vote intelligent », consistant à appeler à voter pour les candidats les mieux placés pour gêner ceux de Russie Unie.
La participation était aux alentours de 45% des 108 millions d’électeurs vers 18H00 heure de Moscou, soit trois heures avant la fin de ce vote qui s’est déroulé sur trois jours, de vendredi à dimanche.
Outre Russie Unie et les communistes, trois autres partis sont en position de passer la barre des 5% pour être représentés: les nationalistes de LDPR (8,68%), les centristes de Russie juste (7,18%), et un nouveau venu sur la scène politique, le parti des « Nouvelles personnes » (6,78%).
Toutes ces formations sont considérées comme étant largement dans la ligne du Kremlin. Tout comme les communistes d’ailleurs.
Les partisans de M. Navalny, emprisonné depuis son retour en janvier en Russie après un empoisonnement qu’il attribue au Kremlin, étaient bannis du scrutin après que leur organisation a été classée « extrémiste » par la justice.
Ce mouvement s’est félicité du résultat de son appel au « vote intelligent » contre Russie Unie, au regard des gains des communistes.
« L’objectif du vote intelligent était de casser le monopole de Russie Unie, et c’est ce qui se passe », a déclaré Lioubov Sobol sur la chaîne YouTube Navalny Live.
Mise à l’écart de la quasi-totalité des opposants anti-Poutine
Un autre proche de M. Navalny, Léonid Volkov a lui espéré « des centaines de victoires » de concurrents de Russie Unie lors de nombreux scrutins locaux et régionaux qui avaient lieu en même temps.
Ces élections avaient été précédées par des mois de répression qui ont conduit à la mise à l’écart de la quasi-totalité des opposants anti-Poutine.
Les autorités ont également obtenu qu’Apple et Google suppriment de leurs boutiques l’application du mouvement de M. Navalny donnant des consignes de vote.
Selon des sources interrogées par l’AFP, Apple et Google ont cédé de craintes que leurs employés en Russie puissent être arrêtés.
Observateurs indépendants et opposants ont aussi fait état de fraudes importantes lors du scrutin, organisé en partie en ligne.
D’après l’ONG spécialisée Golos, plus de 4.600 possibles irrégularités ont été rapportées, dont des bourrages d’urnes: « la baisse du niveau de transparence, de clarté du système électoral est une évidence ».
La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova a balayé ces affirmations, louant « la transparence » des élections.
Vladimir Poutine reste populaire
Russie Unie, même victorieux, est cependant loin d’avoir gagné le cœur des Russes, comme en témoigne sa cote de confiance à moins de 30%, selon le centre de sondage étatique VTsIOM.
Le parti est miné par les affaires de corruption, souvent révélées d’ailleurs par le mouvement de M. Navalny.
En outre, les Russes ont vu leur niveau de vie s’effriter ces dernières années, une réalité qui s’est accélérée avec la pandémie.
Cette image très écornée ne menace cependant pas Vladimir Poutine qui reste populaire.
« Nous croyons tout simplement en lui », résume Anna Kartachova, une moscovite de 50 ans.
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